L’armée de l’ombre d’Erdogan ou mercenariat : l’influence de SADAT, le groupe de défense privée  de la TURQUIE, à vocation frériste

Le groupe de défense turc SADAT est fortement impliqué dans la formation des rebelles sunnites syriens employés par Ankara pour la lutte contre Assad, mais surtout contre les Kurdes.

 

L'armée de l'ombre d'Erdogan: l'influence de SADAT, le groupe de défense privée de la Turquie

 Des soldats turcs ont été déployés le mois dernier dans le centre d’Afrin, une ville syrienne à la frontière de la Turquie. (Crédit photo: KHALIL ASHAWI / REUTERS)

Dans l’espace, qui s’est effondré et fragmenté, constituant la majeure partie du Moyen-Orient d’aujourd’hui, la clé du succès réside, de plus en plus, dans la capacité de combiner stratégie politique et muscle militaire, sous une seule et même bannière et dans une structure uniques.

Les exemples abondent.

Le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) est aujourd’hui le principal pratiquant de la guerre politique et révolutionnaire dans la région. Ses compétences à cet égard sont la principale raison de la situation, par laquelle l’Iran contrôle aujourd’hui le Liban et a une main dominante en Irak, en Syrie et au Yémen.

La Turquie est le dernier pays à entrer dans ce domaine crucial, si ombragé.

Le SADAT Defense Consultancy, fondé en 2012 par l’ancien général de brigade Adnan Tanriverdi, est l’instrument d’Ankara dans ce domaine. Ses activités témoignent à la fois de la nature changeante de l’Etat turc et du processus par lequel le pouvoir et l’influence sont actuellement construits et détenus au Moyen-Orient.

Pour comprendre le rôle que SADAT est appelé à jouer, examinons d’abord les avantages que des structures similaires offrent aux états qui les utilisent.

Le CGR (Gradiens de la Révolution Islamique), contrairement aux forces armées conventionnelles iraniennes, ou «Artesh», est commandé par des gens absolument loyaux non pas envers l’État, mais envers le régime en place et ses objectifs.

Ce sont des «soldats politiques», notamment disponibles pour la mobilisation à la fois pour la défense du régime à domicile, ainsi que dans la poursuite de ses objectifs à l’étranger.

Les structures comme les partis et milices supplétives que l’IRGC excelle à créer et à contrôler, présentent à leur tour, l’avantage de l’informalité et de la déniabilité, par rapport aux forces conventionnelles. Ils permettent à Téhéran de soutenir et de mener des activités paramilitaires et terroristes à l’échelon mondial – attaques contre des civils juifs à Burgas et à Buenos Aires, assassinat de politiciens kurdes à Vienne et à Berlin, etc. – tout en continuant à prendre place dans les coulisses de la diplomatie et du commerce. comme un membre soi-disant conventionnel de la communauté internationale.

Le CGRI reste l’exemple de ce type de guerre. D’autres pays ont été plus lents à développer des structures capables d’effectuer une fonction similaire. Mais les lacunes se comblent petit à petit.

Les Russes, de manière prévisible, sont entrés dans le jeu au cours de la dernière demi-décennie. Les «volontaires» irréguliers ont été l’outil privilégié par le Kremlin pour déclencher l’effervescence dans les provinces de Donetsk et Lugansk en Ukraine orientale , qui a débouché sur la conquête russe de ces zones, en 2014. Les entrepreneurs militaires liés à la société Wagner d’Yevgeny Prigozhin ont joué un rôle crucial en tant que chair à canon d’auxiliaires dont on puisse facilement nié jusqu’à l’existence, pour les Russes en Syrie.

Beaucoup de personnes engagées dans cette entreprise sont elles-mêmes des vétérans des combats en Ukraine.

Ainsi se présente le rôle de SADAT : Selon son site internet, la mission de l’entreprise est « d’établir une collaboration défensive, militaire et industrielle, entre pays islamiques pour aider le monde islamique à prendre la place qui lui revient parmi les superpuissances, en fournissant des services de conseil et de formation ».

La version turque du site Web ressemble un peu moins à une entreprise militaire privée à la pointe de la technologie. Les états occidentaux sont décrits comme des pays « impérialistes », des « croisés », dans une terminologie identique à celle des Frères Musulmans.

Tanriverdi est un officier d’artillerie qui s’est ensuite spécialisé dans la guerre asymétrique. Ancien chef du Commandement Intérieur au nord de Chypre, il a été expulsé de l’armée, à cause de ses convictions islamistes en 1997. Ses liens avec le président Recep Tayyip Erdogan et les cercles de l’AKP au pouvoir existent depuis longtemps.

Une analyse récente, produite par l’observateur de la Turquie Michael Rubin, pour l’American Enterprise Institute, a relevé des témoignages de membres armés de la SADAT impliqués dans la répression de la tentative de coup d’État de juillet 2016. Le coup d’Etat manqué a marqué le début d’une tentative globale du président turc de reconstruire les forces armées turques selon des modalités qui lui soient nettement plus favorables.

Dans le cadre de ce processus, des centaines d’officiers licenciés pour leurs tendances islamistes sont réintégrés, et Tanriverdi a lui-même été nommé conseiller militaire en chef du président, fin 2016.

La SADAT a été fortement impliquée dans la formation des rebelles syriens sunnites pour la lutte des forces turques contre Assad. La compagnie a établi un certain nombre d’installations dans la région de Marmara à cette fin, au début de la guerre syrienne. Selon un article paru en 2012, dans le journal de l’opposition Aydinlik, au moins un de ces centres de formation était situé dans une base militaire turque dans le district de Golcuk à Kocaeli, ancien centre de formation de la marine turque.

La rébellion syrienne dans le nord de la Syrie ne peut aujourd’hui survivre que grâce au soutien de la Turquie. La SADAT a joué un rôle clé dans le développement et la facilitation de cette relation.

Tanriverdi ne nie pas les contacts de la SADAT avec l’Armée syrienne libre, mais dans un article paru en juillet 2016 à Cumhurriyet, il a indiqué que l’Etat turc et les Etats-Unis soutenaient l’opposition syrienne et que les contacts de la SADAT se faisaient en connaissance de cause, pour les autorités turques.

Bien sûr, le terme «Armée syrienne libre» est large et de nombreuses preuves suggèrent que des éléments de l’Etat turc offraient directement une assistance au Jabhat al-Nusra lié à Al-Qaïda à certaines étapes de la guerre en Syrie. .

Avec des élections cruciales approchant en 2019, il y a des craintes, répandues dans les cercles d’opposition, que le gouvernement forme des milices pour intimider les opposants au gouvernement.

Un homme politique de l’opposition, Meral Aksener, fondateur et dirigeant du Parti nationaliste, a déclaré à un journal de gauche que la SADAT était à l’origine de ces camps d’entraînement. L’entreprise a nié ses allégations.

Sans surprise, il y a un angle d’attaque contre Israël dans toutes les activités de la SADAT.

Dans un article cité par MEMRI, Tanriverdi décrit Israël comme «l’avant-poste de la nouvelle croisade et un poignard au cœur de l’Islam». Dans cet article, Tanriverdi envisage l’équipement et l’entraînement d’une armée conventionnelle palestinienne qui, en partenariat avec un armée unifiée de l’Islam, pourrait vaincre et détruire Israël.

L’universitaire turc Cemil Tekeli a été arrêté en janvier par les autorités israéliennes et déporté de Judée-Samarie, à cause de soupçons qu’il aidait le Hamas dans le blanchiment d’argent.

Tekeli est un proche associé de Tanriverdi, selon un rapport de Makor Rishon, qui a publié une photo des deux côte-à-côte.

Donc – il y a un engagement fort à aider les supplétifs (Hamas, Jabhat al Nusra) à l’étranger, à donner du muscle à une stratégie politique répressive à l’intérieur et à planifier la guerre contre Israël. Erdogan est engagé, selon plusieurs observateurs, dans un projet historique de démantèlement de la république créée par Mustafa Kemal Ataturk il y a près de 100 ans et son remplacement par une nouvelle entité islamique. Cette nouvelle entité nécessitera de nouvelles institutions.

Les guerriers de l’ombre de SADAT semblent être en train d’établir l’un des plus remarquables d’entre eux.

PAR JONATHAN SPYER
 16 AVRIL 2018 14:22

L’auteur est chercheur à l’Institut d’études stratégiques de Jérusalem.

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Adaptation : Marc Bzustowski

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Tamara

Les lâches !!!!! Prêts à attaquer par le nombre un Israel faible en hommes mais oh combien intelligents . Les lâches comme d habitude en 48 en 56 en 67 en 73 etc….. l Internationale tout aussi lâche cause Haine Mensonges Petrole… LES LACHES!!!!! Aujourd’hui hui 70 ans de renaissance d Israël Ambassades à Jérusalem capitale d Israël ça excite les lâches!!!!!!! Vérité vaincra