Capture d'écran vidéo de propagande
Capture d’écran vidéo de propagande — Capture d’écran

Daech diffuse une vidéo de son «chef» al-Baghdadi, une aubaine pour les services de renseignement

La vidéo diffusée lundi et montrant Abou Bakr al-Baghdadi n’a pas encore été authentifiée mais, selon nos informations, elle serait en cours d’analyse par les services de renseignement français.

L’image est lourde de sens. Pour la première fois depuis cinq ans, le groupe djihadiste État islamique (EI) a diffusé une vidéo présumée de «son chef», Abou Bakr al-Baghdadi, lundi 29 avril, un peu plus d’un mois après la chute du «califat» autoproclamé. Cette vidéo est d’autant plus surprenante que ses apparitions et ses prises de parole sont extrêmement rares. Il avait été vu pour la dernière fois en 2014, filmé en plein prêche dans une mosquée de Mossoul en Irak pour proclamer la naissance du «califat», et le dernier message audio qui lui était attribué remonte à septembre 2018. Dans ce contexte, ces images soulèvent de nombreuses questions.

• Que montre cette vidéo?

On y voit un homme ressemblant fortement à Baghdadi, avec une longue barbe grise dont les extrêmités semblent teintées au henné. Pendant 18 minutes, il apparaît assis les jambes croisées, adossé à un mur, à côté d’une Kalachnikov à canon court, signature des vidéos du défunt chef historique d’al-Qaida, Oussama ben Laden. Son débit est lent et posé. Donné mort ou blessé à plusieurs reprises, il semble finalement en bonne santé. À ses côtés, trois hommes l’écoutent, le visage flouté.

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• Que dit-il?

L’homme fait directement référence à la défaite récente de Daech en Irak et en Syrie. Le 23 mars, le «califat» a été déclaré éradiqué au terme d’une offensive de combattants arabes et kurdes, soutenus par la coalition internationale. En réaction, l’homme de la vidéo affirme que l’EI «se vengera» au nom de ses membres tués et que le combat contre l’Occident est «une longue bataille». Par ailleurs, il salue l’«endurance» et la «détermination» des combattants assiégés à Baghouz, en référence à ce village de l’est de la Syrie qui fut le dernier réduit territorial du «califat». Le djihadiste de 47 ans mentionne aussi Fabien et Jean-Michel Clain, deux combattants français connus pour avoir revendiqué les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, ayant fait 130 morts et des centaines de blessés. Les deux frères seraient morts à Baghouz. À en croire Baghdadi, les attentats ayant tué 253 personnes au Sri Lanka seraient une «vengeance pour les frères à Baghouz». Selon Wassim Nasr, journaliste et fin connaisseur de Daech, il y menace aussi les intérêts de la France et ses alliés.

• Peut-on craindre une recrudescence des tentatives d’attentats sur le sol français?

«Malheureusement, à chaque fois qu’un chef lance un appel de cette nature, on peut craindre que des illuminés soient tentés de passer à l’acte», répond au FigaroMathieu Guidère, spécialiste des groupes islamistes armés. En général, ils se manifestent rapidement. «L’impact d’une telle vidéo se mesure entre 10 et 15 jours, ajoute le spécialiste. Dans un contexte social tendu, avec les manifestations à venir du mois de mai, on peut imaginer que le travail des services de renseignement va être conséquent».

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• De quand date cette vidéo?

Difficile de répondre précisément à cette question puisque la vidéo n’est, sans surprise, pas datée. Toutefois, celui qui est présenté comme étant Abou Bakr al-Baghdadi donne des éléments qui permettent de dire que ces images ont été tournées au mois d’avril. En effet, l’homme évoque des événements très récents: il parle de la fin de la bataille de Baghouz, de la destitution de Bouteflika en Algériede la perte de pouvoir d’Omar el-Bachir au Soudan et conclut sur les attentats au Sri Lanka , le 21 avril dernier, avec une séquence audio intégrée au montage. «Ce qui signifie que la vidéo a été enregistrée avant ces attaques», commente sur Twitter le journaliste Wassim Nasr. Pour lui, elle a été tournée entre le 10 et 19 avril.

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• Cette vidéo a-t-elle été authentifiée?

Pas encore mais, selon nos informations, la vidéo serait en cours d’analyse par les services de renseignement français. De son côté, la coalition internationale antidjihadistes dirigée par Washington a indiqué qu’elle essayait de «corroborer de façon indépendante la validité de la vidéo». En attendant, pour plusieurs spécialistes, dont le centre américain de surveillance des mouvements extrémistes baptisé SITE, l’homme dans l’enregistrement est bien le chef de l’EI. Selon Mathieu Guidère, plusieurs éléments vont dans ce sens. «L’analyse de son visage par biométrie faciale, sa biométrie vocale et son discours laissent peu de place au doute», déclare l’universitaire. Tout comme le mode de diffusion – les réseaux sociaux – et le canal emprunté – l’outil de propagande al-Furqan.

Une vidéo «à prendre avec précaution à ce stade», selon la ministre des Armées, Florence Parly, qui a assuré que les services français étaient en train de l’analyser. «Notre détermination contre ce groupe terroriste est intacte. Hormis nos canons Caesar que nous ramenons d’Irak à la suite de la chute de Baghouz, le reste du dispositif – marins, aviateurs, formateurs – de l’opération Chammal demeure inchangé», a-t-elle ajouté.

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• Sait-on où ces images ont été filmées?

Non, mais, selon des spécialistes de l’EI, «l’homme le plus recherché au monde» serait en Irak ou en Syrie. Certains le disent terré dans un désert. Le premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, a évoqué «une zone reculée», sans donner plus de précisions. D’autres, comme Mathieu Guidère, le voient davantage dans une grande ville «pour se fondre dans la masse». À l’image de Ben Laden, que l’on croyait dans une zone tribale, à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, alors qu’il se trouvait dans une maison à Abbottabad, au Pakistan, tout près de la principale académie militaire du pays.

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• Peut-il être retrouvé sur la base de cette vidéo?

Cette vidéo est une véritable aubaine pour les services de renseignement puisque chaque intermédiaire ayant contribué à sa réalisation et sa diffusion peut aider à remonter jusqu’au chef de Daech. «Ils vont pouvoir utiliser la “technique du messager”», rapporte Mathieu Guidère. «On va chercher celui qui a filmé, celui qui a transmis la vidéo, celui qui l’a diffusée. Que le canal soit physique ou numérique, ça ouvre des précieuses pistes de recherches et de profilages pour les spécialistes du renseignement», commente encore l’expert. Wassim Nasr rappelle toutefois que l’homme, à la tête de l’EI depuis 2010, est «rompu à la clandestinité». «Il a réussi à survivre pendant toute cette période, donc neuf ans, à l’inverse de tous les autres», remarque-t-il ce mardi matin sur France Info. Les États-Unis offrent 25 millions de dollars pour sa capture, soit 22 millions d’euros.

• Il prend donc beaucoup de risques à s’afficher. Pourquoi s’expose-t-il ainsi?

Deux éléments peuvent l’expliquer, selon Mathieu Guidère. D’abord, Baghdadi cherche à répondre aux récentes «rumeurs» véhiculées par les Russes et les Américains, qui ont affirmé que le chef djihadiste était mort. Dans un contexte où l’État islamique a perdu tous ses territoires et où le nombre de combattants a drastiquement baissé, «il s’est senti obligé de donner un signe de vie pour envoyer un message à ses soutiens et à ses ennemis de l’Occident», affirme le spécialiste des groupes islamistes armés. «C’est ce qu’on appelle une technique d’enfumage et elle a bien marché», ajoute-t-il. Ensuite, il fallait répondre à «la concurrence» incarnée par al-Qaida, «qui a lancé une grande entreprise de séduction» et qui pourrait récupérer les derniers combattants de Daech, conclut Mathieu Guidère.

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Sri-Lanka : les terroristes ont voulu «venger leurs frères de Baghouz», selon le leader de Daech – Regarder sur Figaro Live

(Avec AFP)

lefigaro.fr

TERRORISME

Daesh : Le chef de l’EI apparaît pour la première fois en 5 ans dans une vidéo de propagande

 

Abou Bakr al-Baghdadi n’était pas apparu depuis cinq ans

Le chef du groupe Etat islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi est apparu pour la première fois en cinq ans dans une vidéo de propagande diffusée lundi par l’organisation djihadiste.

La date à laquelle cette vidéo a été tournée n’est pas connue mais Abou Bakr al-Baghdadi, chef du « califat » jihadiste autoproclamé en 2014, y déclare « la bataille pour Baghouz est maintenant terminée », en référence au dernier réduit du groupe ultraradical dans l’est de la Syrie, tombé le 23 mars 2019.

Une évocation des attentats au Sri Lanka

Il se terrerait aujourd’hui dans le désert syrien alors que son « califat » autoproclamé en 2014 a été défait territorialement au terme de la bataille de Baghouz en Syrie, dernier réduit de l’EI tombé en mars dernier.

L’Irakien ne dirigerait plus à présent que des troupes disloquées, même si dans la vidéo de propagande, l’homme  évoque les attentats meurtriers au Sri Lankarevendiqués par son organisation.

25 millions de dollars pour sa capture

Il apparaît dans cette vidéo avec une barbe en partie poivre et sel et en partie rousse, assis sur un coussin à même le sol, en train de parler. Les Etats-Unis offrent 25 millions de dollars pour la capture de ce chef jihadiste de 47 ans qui apparaît, par sa discrétion, comme l’antithèse d’un de ses prédécesseurs, Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda traqué sans relâche durant des années et tué en 2011 par les forces spéciales américaines au Pakistan.

La coalition anti-EI elle-même affirmait récemment avoir pour objectif premier la fin du «califat» et non la capture ou la mort de son chef. Diabétique et blessé au moins une fois, l’Irakien, dont la mort a été évoquée à plusieurs reprises, a parfois été surnommé le «fantôme».

Une garde réduite

Après avoir survécu à plusieurs attaques aériennes, « il n’est plus entouré que de trois personnes », affirmait récemment à l’AFP Hicham al-Hachémi, spécialiste des mouvements jihadistes. « Son frère Joumouaa, plus âgé que lui, son chauffeur et garde du corps Abdellatif al-Joubouri, qu’il connaît depuis l’enfance, et son estafette, Seoud al-Kourdi ».

Depuis, il ne s’était plus exprimé que dans des enregistrements sonores, bien loin des cassettes vidéos que Ben Laden diffusait régulièrement, avec mise en scène au combat ou à la mosquée.

Dans son dernier enregistrement audio, Ibrahim Awad al-Badri, de son vrai nom, était sorti en août 2018 d’un an de silence. Huit mois après que l’Irak eut déclaré la «victoire» sur l’EI, il y exhortait ses partisans à poursuivre le «jihad».

m.20minutes.fr/

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Élie de Paris

Diabétique, en chaussettes…
Les morsures qu’il mérite vont commencer d’ici peu.