Etats-Unis: le républicain George Santos, qui avait trop menti, exclu de la Chambre des représentants

Ses frasques ont cessé d’amuser le Congrès américain. L’élu républicain George Santos, qui s’est illustré par ses mensonges répétés et est accusé de délits financiers, a été destitué par ses pairs vendredi 1er décembre.

Élu de l’État de New York, George Santos, 35 ans, il avait menti sur à peu près tout pour se faire élire député républicain aux législatives de 2022. Ses grands-parents juifs survivants du nazisme, c’était faux … Santos est en fait catholique et né de parents brésiliens. Sa mère rescapée des attentats du 11 septembre, encore un mensonge ; tout comme ses diplômes prestigieux et son passé de banquier de Wall Street…, rapporte notre correspondant à Miami, David Thomson. Après son élection en novembre 2022, et à la suite de révélations du New York Times, George Santos avait dû admettre avoir menti sur des pans entiers de sa vie pour embellir son CV. Il avait concédé n’avoir jamais travaillé pour les grandes banques américaines Goldman Sachs ou Citigroup, ni détenir de diplôme de la New York University (NYU).

Mais le trentenaire ne faisait plus rire ses collègues députés. Le 17 novembre, le président de la commission d’éthique de la Chambre des représentants, à majorité républicaine, Michael Guest, a déposé une motion visant à exclure George Santos, le jugeant « indigne de servir comme membre » de cette institution. Plus de 300 élus (une centaine de républicains et plus de 200 démocrates) ont voté vendredi son exclusion de la Chambre des représentants. Une procédure rarissime. Redevenu citoyen ordinaire, George Santos va maintenant devoir répondre de ses inculpations devant la justice pour escroquerie, blanchiment et fraude. Il plaide déjà non coupable.

il a entre autres utilisé 50 000 dollars de fonds de campagne pour s’acheter du Botox, payer ses hôtels-spa, ses achats de vêtements de luxe et ses vidéos pornographiques sur Only Fans, c’était bien vrai. C’est ce qui a été révélé par une enquête du Comité d’éthique de la Chambre des représentants. Depuis des mois, médias et réseaux sociaux se gargarisaient des frasques irréelles de cet élu fantasque et mythomane, à tel point que Santos a fini par devenir un personnage familier dans la culture populaire américaine.

Dans un mouvement bipartisan inhabituel, 206 démocrates et 105 républicains ont finalement décidé d’exclure de la Chambre des représentants l’élu de New York, qui s’est révélé être à la fois un mythomane et un escroc.

Le palais de mensonges que George Santos avait édifié au fil des ans s’est effondré sur lui, vendredi 1er décembre. L’élu républicain de New York est entré dans l’histoire politique des Etats-Unis de façon peu glorieuse, en devenant le sixième membre du Congrès à être expulsé par ses pairs. Il fallait deux tiers des voix à la Chambre des représentants pour valider une sanction aussi rare que dramatique. Dans un mouvement bipartisan inhabituel, 206 démocrates et 105 républicains ont décidé de préserver une sorte de niveau élémentaire de décence requis pour représenter le peuple américain. L’extrême droite trumpiste, elle, volait au secours de George Santos.

Deux tentatives précédentes, en mai et en octobre, avaient échoué, alors que les révélations sur les malversations et les mensonges de l’élu de New York s’étaient multipliées dans la presse depuis le début de la mandature. George Santos a menti sur ses origines juives supposées, ses diplômes, ses expériences professionnelles imaginaires chez Goldman Sachs et Citigroup. Il a dissimulé ses antécédents judiciaires au Brésil. Mais le mythomane était aussi un escroc.

Tel est le principal enseignement d’un rapport déterminant de la commission d’éthique de la Chambre, publié il y a deux semaines. Ce texte de 56 pages, basé notamment sur des documents bancaires, des textos et des courriels, est un complément instructif des investigations parallèles de la justice, qui a déjà inculpé l’élu pour ces faits. Il révèle « une toile complexe d’activités illégales », liées aux comptes de campagne de George Santos.

Santos a exploité « chaque aspect de sa candidature »

Soins en spa, injections de Botox, magasins de luxe, restaurants, voyages privés : l’élu de New York a passé son temps à utiliser des dons de campagne pour son propre plaisir et intérêt. Il a aussi prétendu qu’il avançait des fonds à son équipe de campagne, qui n’a jamais existée, pour se les faire rembourser par la suite. « Le représentant Santos s’est efforcé d’exploiter frauduleusement chaque aspect de sa candidature à la Chambre pour son propre profit financier », résumait la commission d’éthique. L’élu a refusé de collaborer, par écrit ou à l’oral, avec cette dernière, aggravant ainsi son cas.

Loin de l’aisance financière qu’il a affichée depuis des années, George Santos était insolvable. Tout n’était que montages gazeux et illusions. Même des membres de son équipe de campagne l’avaient incité, fin 2021, à renoncer à toute vie publique, tant son passé et ses activités sulfureuses risquaient de remonter à la surface. Lui s’est entêté, parvenant à se faire élire au terme de sa seconde tentative. Ses fausses déclarations aux autorités de vérification des comptes ont été aisément

 

Le 27 octobre, George Santos avait plaidé non coupable pour vingt-trois chefs d’inculpation qui le visaient, dont fraude, blanchiment d’argent, faux, vol d’identité. Ce vendredi, juste avant le vote, on apprenait que l’un des propres collègues républicains de l’élu, Max Miller (Ohio), l’accusait d’avoir abusé de sa carte de crédit et de celle de sa mère, au début de l’année, pour des contributions bidon dépassant les montants autorisés.

Une voix en moins pour les républicains

Les deux speakers successifs de la Chambre, Kevin McCarthy (Californie) puis Mike Johnson (Louisiane), ont servi de paratonnerre à George Santos. Leur préoccupation a été double. D’une part, les républicains disposent d’une très faible majorité et souffrent déjà de problèmes dramatiques de cohésion. Une voix en moins, à l’aube d’une année électorale historique aux Etats-Unis, n’est pas une perte anodine.

La majorité républicaine n’est plus que de 221 contre 213. Mais leur argument public relevait d’une question de principe. George Santos est le premier expulsé du Congrès depuis la guerre civile sans être au préalable pénalement condamné. Les responsables républicains craignaient ainsi qu’un précédent dangereux soit établi, banalisant des règlements de comptes politiques, ce qui paraît très improbable, en raison de la barre élevée de deux tiers des voix toujours en vigueur. Mike Johnson avait donc exprimé ses propres « réserves », tout en renvoyant chaque membre du groupe à sa conscience.

La gouverneure démocrate de New York, Kathy Hochul, devrait annoncer rapidement une élection anticipée dans sa circonscription, pour laquelle les prétendants s’alignent déjà. Ce scrutin, qui pourrait se tenir en février 2024, soit en pleines primaires républicaines, servirait de test majeur pour les deux partis, à l’approche de l’élection présidentielle de novembre 2024. Les élus républicains locaux ont pris soin depuis des mois de se distancer clairement de leur collègue toxique.
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BOCCARA

« L’extrême droite Trumpiste volait au secours de Georges Santos »
La phraséologie typique de l’imMonde .
Affaire à faire décrypter par un journal honnête .
Si tant est que ça existe .