Le ministère de l’Intérieur déplore une hausse de 74% des actes antisémites en 2018 Hans Lucas

Plusieurs élus LREM s’émeuvent du lien entre antisionisme et antisémitisme établi par ce texte non contraignant. L’Assemblée l’examinera le 29 mai.

C’est le genre de sujet sur lequel on pourrait s’attendre à voir l’Assemblée nationale unanime, alors que le ministère de l’Intérieur déplorait une hausse de 74% des actes antisémites en 2018.

Pourtant, la résolution « visant à lutter contre l’antisémitisme », rédigée par le député LREM Sylvain Maillard avec le soutien de son groupe, ne fait pas consensus chez les macronistes.

A tel point que plusieurs refusent de cosigner ce texte non contraignant, dont l’examen dans l’Hémicycle est prévu mercredi 29 mai.

L’article unique de la résolution, que L’Express a pu consulter, désigne « le plus précisément possible ce qu’est l’antisémitisme contemporain ».

Il reprend la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste : « L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. » 

Antisémitisme et antisionisme

Ce n’est pas cette définition en elle-même qui coince, mais l’exposé des motifs qui l’accompagne.

Une sorte d’explication de texte qui permet de préciser la volonté du législateur.

« Ce masque de l’antisémitisme, nous le connaissons : il s’agit souvent de l’antisionisme« , écrit Sylvain Maillard.

Le fait de lier formellement antisionisme et antisémitisme est à l’origine des tensions. « J’ai retiré ma signature, confie un député LREM. L’exposé des motifs me gêne. Si on veut quelque chose de consensuel, on ne confie pas ça aux tenants de la ligne dure. »  

En février dernier, le groupe d’études sur l’antisémitisme présidé par Sylvain Maillard avait suscité la polémique en proposant de pénaliser l’antisionisme.

Emmanuel Macron avait douché ces espoirs le 19 février. « Je confirme que ceux qui, aujourd’hui dans le discours, veulent la disparition d’Israël sont ceux qui veulent s’attaquer aux Juifs, avait déclaré le chef de l’Etat après la profanation du cimetière de Quatzenheim. Je pense néanmoins que lorsqu’on rentre dans le détail, la condamnation pénale de l’antisionisme pose d’autres problèmes. » 

Le lendemain, il précise sa pensée, lors du dîner annuel du Crif : « L’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme. C’est pourquoi je confirme que la France […] mettra en oeuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la SHOAH. Il ne s’agit pas de modifier le Code pénal, encore moins d’empêcher ceux qui veulent critiquer, comme vous l’avez rappelé à Monsieur le Président, la politique israélienne de le faire, non. […] Il s’agit de préciser et raffermir les pratiques de nos forces de l’ordre, de nos magistrats, de nos enseignants, de leur permettre de mieux lutter contre ceux qui cachent derrière le rejet d’Israël la négation même de l’existence d’Israël. » 

« Ce qui comptera, c’est le vote »

S’appuyant sur ces déclarations, Sylvain Maillard s’attelle ensuite à la rédaction d’une résolution consensuelle sur la lutte contre l’antisémitisme.

Toutefois, il ne parvient pas à trouver une formulation qui fasse l’unanimité. « Le texte est soutenu par tout le groupe LREM, mais tout le groupe n’est pas tenu de le signer, minimise son président, Gilles Le Gendre. Ce qui comptera, c’est le vote.« 

Un des promoteurs du texte s’agace : « Ceux qui ne sont pas d’accord avec ce texte très oecuménique comme Fiona Lazaar et Aurélien Taché, prennent leurs responsabilités. »

Les deux députés du Val d’Oise n’ont pas répondu aux sollicitations de L’Express.

Le groupe LREM prévoit d’organiser une réunion à huis clos lundi soir prochain pour discuter du texte. Un premier échauffement avant l’épreuve de l’Hémicycle.

Sylvain Maillard s’est déjà mis à dos la France insoumise et le Rassemblement national en accusant les deux partis de « porter eux-mêmes des racines antisémites très claires ».

Ce qui lui a valu une plainte en diffamation de la France insoumise en février.

Jean-Baptiste Daoulas

 

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Bess

Contrairement à ce qui est dit dans un des commentaires, la gauche française est un des grands soutiens à Israël et notamment pour son armement nucléaire.
Pour ce qui est de la promulgation de Antisémite = Antisioniste, je crois que c’est un amalgame cynique et très dangereux pour tout le monde!
Si le sionisme peut être légitime dans son application conforme aux idées de son créateur Théodore Hertzl « de donner un foyer aux juifs en Palestine » suite à l’affaire Dreyfus, il l’est moins à partir du moment où le Sionisme vise à étendre la colonisation au détriment du peuple Palestinien ayant aussi des droits sur ce territoire. De ce point de vu, antisioniste ne devrait pas être assimilé à un acte raciste, mais plutôt politique autant qu’il existe des anti-communistes ou des anti-islamistes.

Bonaparte

@Bess

Oui nous le savons tout çà mais la réalité est toute autre .

Le mot  » sioniste  » a offert un masque aux antisémites de tous poils .

La liste est longue et il n’y a aucun doute .

Bess

Bonjour,
Merci pour votre réflexion et pour « epicer » un peu le débat, j’attire votre attention sur le fait « connu aussi » que beaucoup de juifs refusent l’idéologie du sionisme! Celà paraît contradictoire à l’idée « du foyer juif et de la terre promise » mais au fond rejoint le sentiment de tous les antisionistes qui refusent une guerre éternelle et une sécurité à n’importe quel prix au détriment d’une paix juste et éternelle.

Trender

Perdre son temps avec la France, réfléchir et disserter sur l’antisémitisme primaire d’une majorité de politiciens de gauche, dénote une méconnaissance profonde de ces proislamistes…trop attachés à leur poste…et croire naïvement que ces anti-drefusard peuvent changer me semble puéril…et oublier cette collaboration si active en France avec l’Allemagne nazi..pathétique

Jg

Même signe,le texte restera inutile .
Le mal est généralisé .

Bonaparte

 » L’antisionisme  » est le masque qui cache encore l’horreur et le dégout .

Ce sont toujours les mêmes qui souhaitent le garder :

Ils ont peur de leur propres laideur .