M270 et M142 HIMARS: les lance-missiles américains renversent-ils le cours de la guerre en Ukraine?

Le rapport de force semble changer.

Il y a quelques semaines et jours encore, la situation dans l’est de l’Ukraine semblait chaque jour plus désespérée et désespérante pour Kiev. La bataille du Donbass reste âprement disputée et continue de faire des ravages du côté de troupes en jaune et bleu, débordées par une vigoureuse artillerie russe.

Malgré ce qui semble être une «pause opérationnelle» plutôt active, Moscou continue de pilonner l’ensemble du pays de ses missiles (3.000 d’entre eux auraient été tirés depuis le 24 février), et a ordonné à ses forces d’intensifier leur action «dans toutes les directions».

Pourtant, dans la guerre d’attrition qui oppose désormais les deux armées, un élément technique est peut-être en train de redonner l’avantage à l’Ukraine face à la force brute de l’artillerie russe: les M142 HIMARS (pour «High Mobility Artillery Rocket Systems»), rejoints par les M270 MLRS (pour «Multiple Launch Rocket System»), également de conception américaine, sont pour Kiev des pions d’une inestimable utilité.

Ainsi que l’explique The War Zone, les deux systèmes sont de proches cousins, tous deux conçus pour lancer des roquettes de précision de 227mm, chargées dans des «pods» standardisés. Le M142 est plutôt mobile et ne peut tirer qu’un pod à la fois, tandis que le M270, plus volumineux, peut tirer en une salve deux fois plus des mêmes projectiles.

Deux types de munitions ont été fournis avec les engins par l’administration Biden: des M30 et des M31, toutes deux guidées par GPS et navigation inertielle, et d’une portée de 70 kilomètres environ. De quoi les mettre à l’abri d’une artillerie russe au bras moins long.

Les États-Unis ne sont pas les seuls à avoir fourni ce type de matériel (une douzaine de M142) à l’Ukraine: la Norvège et la Grande-Bretagne ont également promis de fournir des M270, tandis que l’Allemagne devrait envoyer trois de ses propres dérivés du M270, nommés MARS II.

Comme le dénote le tweet ci-dessus, posté par le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov, Kiev et ses officiels ne tarissent pas d’éloges sur les systèmes HIMARS et MLRS.

Le président Zelensky lui-même a publiquement loué l’utilité de ces engins puissants et précis qu’il a longtemps réclamés, tandis que, de l’autre côté, le ministre Shoigu a fait de la destruction des M270 une priorité pour ses forces.

Plus loin, plus fort

Et pour cause: HIMARS et MLRS permettent aux forces ukrainiennes de frapper de loin et avec précision des cibles hautement prioritaires. Dépôts de munition, nœuds logistiques, centres de commandement: une trentaine de ces objectifs cruciaux auraient été visés, les M142 déjà disponibles et les M270 en cours d’arrivage permettant selon la défense ukrainienne de «couper quotidiennement la tête de l’hydre russe».

#Ukraine️ 18/07 Les bombardements et frappes ont continué cette nuit.
À noter de nouveaux dépôts RUS touchés (encore à Nova Kakhovka) et surtout le début de tirs contre les ponts dans la zone de Kupyansk, ce qui complique le ravitaillement RUS vers le Donbass. pic.twitter.com/CoiBay2XKH

De leur côté, les analystes occidentaux constatent également l’efficacité de ces armes contre la toute-puissance russe: elles permettraient aux forces ukrainiennes de ralentir, voire de stopper la progression russe dans le Donbass.

«Frapper des cibles comme des dépôts de munition, des centres logistiques ou de commandement a un impact direct sur la capacité à mener des opérations sur le front», a expliqué mi-juillet un officiel américain de la défense, sous couvert d’anonymat, à des journalistes. «Donc je dirais que oui, bien qu’ils ne soient pas utilisés directement sur les lignes de front, les HIMARS ont un effet très, très significatif.»

Ce n’est peut-être pas la fin de l’histoire, et du renversement. Dans un tweet encore énigmatique à l’heure où sont écrites ces lignes, le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov a annoncé avoir à nouveau discuté avec son homologue américain Lloyd J. Austin III, parlant de «bonnes nouvelles, dont les détails seront annoncés plus tard».

Il n’en a pas fallu davantage pour que les observateurs sur Twitter émettent quelques hypothèses sur ces annonces à venir. Selon certains, les «très bonnes nouvelles» pourraient porter l’acronyme de ATACMS (pour «Army Tactical Missile System»), des projectiles bien plus massifs et capables de frapper des cibles distantes de 300 kilomètres au maximum.

Jusqu’ici, les États-Unis se sont refusés à doter l’Ukraine de missiles à si longue portée, qui pourraient permettre à Kiev de frapper plus directement des cibles en territoire russe –ou en Crimée occupée. Mais comme le prouve le possible prochain entraînement de pilotes ukrainiens sur des F-16, F-15 ou F-18, l’engagement et le basculement sont certes progressifs, mais ils seront peut-être bientôt complets.

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Yéochoua Sultan

Il est difficile de se faire une idée réelle de la situation, car nous recevons des informations contradictoires de différentes sources médiatiques. Vraisemblablement, on pourra savoir ce qu’il se passe seulement quand ce conflit sera fini.