Acquittement de plus de 200 militaires accusés de complot en 2003

Un tribunal d’Istanbul a spectaculairement acquitté mardi plus de 200 militaires qui étaient rejugés pour avoir comploté en 2003 de renverser le gouvernement islamo-conservateur turc, ont rapporté les médias locaux.

Dans son réquisitoire le procureur avait réclamé l’acquittement pour l’ensemble des suspects, estimant que les preuves retenues à leur encontre n’étaient pas établies, ont précisé les chaînes d’information NTV et CNN-Türk.

Le premier procès visant 236 personnes de l’affaire Balyoz (masse de forgeron en turc) s’était soldé en septembre 2012 par la condamnation à de lourdes peines de prison de quelques-uns des plus hauts gradés de l’armée turque. Mais les condamnations avaient été annulées pour défaut de preuve et un nouveau procès ouvert en novembre dernier.

Le cerveau présumé du complot, le général Cetin Dogan, avait été condamné à vingt ans de réclusion.

Lors de leur procès, ces officiers n’avaient cessé de nier leur participation à ce complot prétendument ourdi en 2003 contre le gouvernement du Premier ministre de l’époque Recep Tayyip Erdogan, aujourd’hui président, qui venait de conquérir le pouvoir.

Lors du premier procès, les critiques avaient mis en cause l’impartialité des magistrats chargés d’instruire le procès et l’authenticité des preuves retenues contre les accusés.

M. Erdogan s’était quant à lui félicité de ces jugements, qui concourraient à sa volonté de priver l’armée turque de son influence politique.

L’institution militaire, qui s’est longtemps considérée comme la gardienne de l’héritage laïque de la République de Turquie fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, a exercé une véritable tutelle sur la vie politique du pays et mené trois coups d’Etat depuis 1960.

Mais en décembre 2013, M. Erdogan avait surpris en ouvrant la voie à une révision des procès Balyoz et Ergenekon, du nom d’un autre complot présumé contre son régime.

Ce revirement est intervenu alors que le gouvernement était empêtré dans un vaste scandale de corruption dont il ne cesse d’accuser depuis ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, d’être à l’origine.

Certains des magistrats en charge des dossiers visant l’armée sont réputés proches de ce mouvement, à qui M. Erdogan a déclaré la guerre, procédant à des purges massives dans la magistrature et la police.

Conformément aux réquisitions du parquet, la Cour constitutionnelle avait ordonné en juin 2014 la libération de tous les détenus dans cette affaire ainsi qu’un nouveau procès, estimant que le premier jugement n’avait pas été équitable.

 

Turquie : décès du procureur blessé après avoir été pris en otage au tribunal

 

TwitterTwitter« Radical leftist Turkish DHKPC has taken prosecutor of Berkin Elvan murder case hostage in an Istanbul courthouse »
 

Le magistrat turc grièvement blessé lors de l’opération de la police qui a mis fin mardi soir à sa séquestration dans un tribunal d’Istanbul par des militants armés d’un groupe d’extrême gauche est décédé des suites de ses blessures, ont annoncé ses médecins.
Le procureur Mehmet Selim Kiraz « était gravement touché lorsqu’il est arrivé (à l’hôpital) mais nous l’avons perdu malgré tous nos efforts », ont-ils indiqué lors d’une déclaration télévisée. Deux preneurs d’otage ont également été tués.

Des coups de feu ont été entendus lors de la prise d’otage, qui se déroule dans le palais de justice de Caglayan, sur la rive européenne d’Istanbul, ont précisé certains médias.

La presse turque a attribué l’opération au groupe marxiste clandestin Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), connu pour avoir mené de nombreux attentats en Turquie depuis les années 1990.

Une photo d’origine inconnue a été publiée sur le réseau Twitter et montre le procureur, Mehmet Selim Kiraz, assis dans un fauteuil et un pistolet braqué sur la tempe par un homme dont le visage ne figure pas sur le cliché, tandis qu’un autre homme présente à l’objectif la carte d’identité du magistrat.

Le procureur Kiraz a été chargé d’enquêter sur les circonstances de la mort de Berkin Elvan, mort le 11 mars 2014 après 269 jours d’un coma provoqué par le tir d’une grenade lacrymogène de la police à Istanbul lors d’une manifestation en juin 2013.

L’annonce de décès de cet adolescent de 15 ans avait fait spontanément descendre dans les rues de toutes les grandes villes de Turquie des centaines de milliers de personnes.

Le cas de Berkin Elvan est devenu un symbole de la violente répression exercée par le pouvoir en 2013 et celui de la dérive autoritaire que lui reprochent ses détracteurs. M. Erdogan l’avait publiquement qualifié de « terroriste ».

(avec AFP)

 

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