Un tribunal turc a décidé lundi 31 août de maintenir en détention deux journalistes britanniques travaillant pour Vice News arrêtés la semaine dernière, les inculpant d' »activités terroristes », a constaté un correspondant de l’AFP. Les deux journalistes et leur traducteur irakien ont été accusés par un tribunal de Diyarbakir de « participer à des activités terroristes » pour le compte de Daech.

Les trois hommes ont été emmenés jusqu’à une prison de Diyarbakir, dans le sud-est en majorité kurde, dans l’attente de leur procès. Aucun détail sur leurs liens présumés avec le groupe djihadiste autoproclamé « Etat islamique » n’a filtré. Un quatrième suspect, le chauffeur du groupe, a été libéré.

« Accusations sans fondement »

 Selon certaines informations, la police a arrêté les journalistes après avoir été informée de leur présence dans la région, secouée par des violences entre les forces de sécurité turques et les rebelles kurdes, et a confisqué les images qu’ils avaient prises. Les journalistes ont rejeté les accusations portées à leur encontre, en présence de leurs avocats.

Vice News, une chaîne d’information sur Internet dont le siège est aux Etats-Unis, a identifié les deux journalistes comme étant Jake Hanrahan et Philip Pendlebury. La chaîne a précisé dans un communiqué que, selon certaines sources, ils avaient été arrêtés pour avoir filmé sans autorisation gouvernementale, mais qu’ils avaient ensuite été « accusés de soutenir le soi-disant Etat Islamique ».

Un porte-parole de Vice News a ajouté que les journalistes faisaient face à « des accusations de terrorisme sans fondement ». Les journalistes s’étaient rendus dans le sud-est de la Turquie, région secouée par des violences depuis qu’Ankara a déclenché fin juillet une « guerre contre le terrorisme » visant le groupe EI, mais surtout la guérilla kurde turque du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Préoccupation pour la liberté de la presse

Amnesty International a appelé à la libération « immédiate » des journalistes, qualifiant les accusations à leur encontre de « scandaleuses et étranges ». « C’est un nouvel exemple de la manière dont les autorités turques suppriment les informations qui les embarrassent », a estimé Andrew Gardner, chercheur spécialisé sur la Turquie à Amnesty International.

L’arrestation des journalistes survient dans un contexte de préoccupation croissante pour la liberté de la presse dans la Turquie du président Racep Tayyip Erdogan, où des journalistes sont notamment visés par des procédures judiciaires pour des accusations d’insulte envers le pouvoir.

« Les autorités devraient protéger les journalistes qui font leur travail, au lieu de les bâillonner », a affirmé Nina Orgianova, du Comité pour la protection des journalistes.

La police turque vise un groupe de presse d’opposition

La police turque effectuait mardi une vaste descente à Ankara dans les locaux appartenant au groupe de médias Ipek, critique du régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, et proche de son ennemi juré, le prédicateur Fethullah Gülen, ont rapporté les médias turcs.

De nombreux policiers ont fait irruption dans les différents bureaux de ce groupe de presse qui dispose de plusieurs journaux et de deux chaînes de télévision, procédant à des recherches, a rapporté l’agence de presse Dogan.

Cette opération qui vise 23 entreprises du holding Koza Ipek « s’inscrit dans le cadre de l’enquête pour terrorisme visant Fethullah Gülen », a indiqué pour sa part l’agence progouvernementale Anatolie.

Cette agence a affirmé que le PDG de ce groupe, Akin Ipek, se trouvait à l’étranger.

Il y a quelques jours encore, Fuat Avni, un compte Twitter qui publie des informations explosives sur l’entourage de M. Erdogan avait fait état d’une opération répressive imminente de la police contre les médias d’opposition, alors que la Turquie traverse une période d’instabilité politique sur fond de reprise des violences avec les rebelles kurdes.

« Erdogan a ordonné de réduire les médias critiques au silence », avait écrit Fuat Avni.

Selon ce compte Twitter, outre le groupe Ipek, les quotidiens Sözcü et Taraf ainsi que les médias appartenant au grand groupe Dogan sont également sur la liste des médias visés.

Le chef de l’Etat turc accuse le mouvement Hizmet (« service » en turc) de Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, d’avoir voulu renverser son régime en montant contre lui l’opération anticorruption lancée à l’hiver 2013-2014 contre sa personne et son entourage politique.

Depuis, M. Erdogan a opéré de nombreuses purges contre les adeptes de Hizmet dans la fonction publique, et plus particulièrement dans la police.

Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) de M. Erdogan a été privé lors des élections législatives de juin de sa majorité gouvernementale, une première depuis 2002.

Faute d’un accord au Parlement en faveur d’une coalition gouvernementale, M. Erdogan a convoqué des élections anticipées pour le 1er novembre.

(i24news avec AFP)

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