Désirée Mayer, ambassadrice de la culture juive

Désirée Mayer est la présidente nationale des Journées européennes de la culture juive. La Messine promeut l’art et le patrimoine comme espace possible de rencontre.

Professeur de français, Désirée Mayer, agnostique, rêve de « lutter contre la haine, née de l’ign...

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Professeur de français, Désirée Mayer, agnostique, rêve de « lutter contre la haine, née de l’ignorance ».

Durant toute sa carrière d’enseignante à Metz, l’élégante Désirée Mayer, 71 ans, a eu la joie immense de « transmettre quelque chose de précieux » : le français, qu’elle ne parlait pourtant pas avant ses 20 ans, et l’hébreu.

En retraite, elle s’évertue, d’une même énergie communicative, à mieux faire connaître ce dont elle est spécialiste : la culture juive. Depuis 2008 pour la Lorraine, et depuis l’an dernier pour la France, elle en préside les Journées européennes. Une programmation, de septembre à décembre, de portes ouvertes, expositions, conférences, concerts, pièces de théâtre et rencontres (1).

Ni religieuse ni politique, cette approche est selon elle « la seule voie pour dépasser le témoignage victimaire et trouver, au-delà des clivages ou de la langue de bois, l’amorce d’un dialogue authentique ».

« LUTTER CONTRE LA HAINE, NÉE DE L’IGNORANCE »

Elle rêve de « donner aux autres l’occasion de s’approprier ce patrimoine, afin de lutter contre la haine, née de l’ignorance ». Après les événements de janvier, le thème de l’édition 2015, « les ponts » (à ­jeter entre les cultures notamment), arrive à point nommé.

Bien qu’agnostique, elle chérit sa propre judéité comme la colonne vertébrale de sa vie marquée par des déracinements. Fille d’une famille roumaine d’industriels, ayant fui le totalitarisme (elle avait 6 ans) pour Israël, la polyglotte se souvient avec délice des années 1950 à Jaffa, « ville biblique où se retrouvaient des personnes du monde entier ».

Malgré la pauvreté, ses parents ayant tout perdu, elle garde gravée cette impression d’heureux commencement du monde, et la certitude « que juifs, chrétiens et musulmans allaient construire ensemble ».

« L’INANITÉ DES PRÉJUGÉS »

Pour se refaire une situation, sa famille part cependant en Allemagne : elle a 15 ans. « J’ai rencontré de jeunes Allemands traumatisés par leur histoire et le regard que l’Europe portait sur eux. J’ai mesuré alors la complexité de la souffrance et l’inanité des préjugés. »

En se mariant, à 20 ans, avec un Français qu’elle suit dans son pays, elle adore cette nouvelle langue, ses auteurs, la scansion de l’alexandrin. Un coup de cœur tel qu’après la naissance de ses trois enfants, à 25 ans, elle reprend des études pour l’enseigner. Prouvant une fois encore que les cultures peuvent dialoguer…

Élise DESCAMPS (à Metz)

(1) Lancées mercredi 2 septembre, les Journées connaîtront leur temps fort dimanche 6 septembre. Toute l’année, itinéraires touristiques via l’application pour smartphone « Patrimoine juif de France ».

3/9/15 – 08 H 30

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