Police stand in front of the Congregation Beth Israel synagogue, Sunday, Jan. 16, 2022, in Colleyville, Texas. A man held hostages for more than 10 hours Saturday inside the temple. The hostages were able to escape and the hostage taker was killed. FBI Special Agent in Charge Matt DeSarno said a team would investigate "the shooting incident." (AP Photo/Brandon Wade)

Jeff Cohen raconte en détail la prise d’otages de la synagogue Beth Israel au Texas

Pour ce fidèle, le ravisseur a choisi une synagogue parce qu’il pensait que les Juifs auraient le « pouvoir » de faire libérer Aafia Siddiqui, en écho à un argumentaire antisémite

COLLEYVILLE, Texas — Malik Faisal Akram a choisi de prendre en otages les fidèles d’une synagogue de Colleyville, au Texas, parce qu’il avait intégré des clichés antisémites et qu’il était convaincu que ces Juifs captifs auraient le pouvoir nécessaire pour faire libérer une détenue pakistanaise incarcérée sur une base aérienne proche de la ville, a expliqué lundi l’un des quatre hommes retenus en otage dans le lieu de culte sous la menace d’une arme.

« Il n’était pas venu tuer des Juifs… il était venu pour faire libérer [Aafia Siddiqui], il croyait fermement dans ce cliché antisémite extrêmement dangereux qui laisse croire que les Juifs contrôleraient tout, qu’il nous suffirait d’appeler le président [Joe] Biden pour qu’il la libère », dit Jeffrey Cohen lors d’un entretien via Zoom.

Siddiqui purge actuellement une peine de 86 ans de prison pour terrorisme dans une structure militaire qui se trouve à environ 25 kilomètres de Colleyville. Elle est connue par les autorités américaines sous le nom de « Lady al-Qaïda » mais Akram s’est référé à elle pendant toute la prise d’otages comme à sa « sœur », au sens figuré du terme, ajoute Cohen.

Ce résident de Keller, une localité voisine et qui est âgé de 57 ans, a figuré parmi les trois derniers orages à prendre la fuite, samedi soir, parvenant à s’échapper de la synagogue de la congrégation Beth Israel, dont il est un membre actif depuis quelques années.

Rassemblement pour demander la libération d’Aafia Siddiqui, qui a été reconnue coupable en février 2010 de deux chefs de tentative de meurtre et qui est actuellement détenue aux États-Unis, lors de la Journée internationale de la femme à Karachi, au Pakistan, le mardi 8 mars 2011. (Crédit : AP Photo/ Farid Khan)

Au cours de notre entretien, Cohen se souvient des événements éprouvants de la journée, faisant référence en affichant une certaine nonchalance à des actions héroïques entreprises par lui-même et par d’autres dans le lieu de culte – des actions qui ont finalement permis aux otages de mettre un terme, sains et saufs, à leur calvaire après onze heures d’angoisse et d’incertitude.

Alors que les faits sont encore brûlants dans sa mémoire, quarante-huit heures après, Cohen laisse échapper des larmes pendant cette conversation de 40 minutes en évoquant les appels téléphoniques passés à son épouse et à ses enfants – des appels dont il pensait, se rappelle-t-il, qu’ils pourraient être les derniers – et il explique la gratitude qu’il éprouve pour ses cursus de formation au tir actif qui lui ont permis « d’anticiper » le comportement à adopter pendant toute la journée et qui ont été, plus important encore, à l’origine de sa survie.

« J’allais à l’école à Pittsburgh et je passais, à cette époque-là, devant la synagogue Tree of Life régulièrement », dit-il, parlant du lieu de culte qui avait été pris pour cible au cours de l’attaque antisémite la plus meurtrière de toute l’Histoire des États-Unis, il y a un peu moins de quatre ans. « Bien sûr, ici, la fin a été très différente de ce qui s’est passé là-bas, Dieu merci ».

Cohen se rend aux offices du Shabbat tous les week-ends mais il explique qu’il était particulièrement enthousiaste à l’idée d’y assister samedi dernier parce que c’était le Sabbath Shira – où les Juifs lisent l’extrait de la Torah portant sur la traversée miraculeuse de la mer Morte, coupée en deux par Dieu, après la sortie d’Égypte.

Des membres de l’équipe SWAT se déploient près de la synagogue Congregation Beth Israel lors d’une prise d’otages à Colleyville, Texas, le 15 janvier 2022. (Crédit : Andy Jacobsohn/AFP)

Quand Cohen est arrivé dans cette synagogue du mouvement réformé, Akram se trouvait déjà à l’intérieur. Le rabbin de la communauté, Charlie Cytron-Walker, l’a salué, lui disant d’aller dire bonjour à cet invité qui était resté dehors, dans un temps glacial, et qui était en train de boire une tasse de thé.

« Tout ce à quoi on vous dit d’être attentif chez quelqu’un – les yeux fuyants, les mains tremblantes ou dissimulées, les expressions de trouble qui peuvent s’exprimer sur le visage ou par la gestuelle – il ne présentait rien de tout ça », continue Cohen. « Il était souriant, il était à l’aise, il était détendu… Alors de mon côté, je n’ai rien ressenti d’inquiétant, vraiment ».

L’office a commencé peu après pour les quatre membres de la congrégation Beth Israel.

« Après la prière de la Amidah… Et que je me suis assis et… j’ai entendu ce bruit unique d’une arme automatique qui coulisse », poursuit Cohen.

Quelques moments plus tard, Akram s’est levé précipitamment de sa chaise. Il criait. Cohen explique ne pas se souvenir de ce que disait l’attaquant, ajoutant qu’il a sorti à ce moment-là son téléphone de sa poche et qu’il a appelé le 911, retournant son appareil de manière à ce que le preneur d’otages ne puisse pas l’apercevoir.

Une prise d’otages qui s’est aussi déroulée partiellement en direct, la congrégation Beth Israel ayant mis en place un système hebdomadaire de streaming, depuis le début de la pandémie, pour permettre aux membres de sa communauté susceptibles d’être mal à l’aise à l’idée de prier dans un espace clos de pouvoir suivre l’office depuis chez eux. Si Cytron-Walker s’est félicité de ce que cette diffusion en direct ait permis qu’un nombre moins important de fidèles aient été réunis au moment de la prise d’otages, Cohen note pour sa part que grâce à cette transmission via Facebook Live, les autorités ont pu être rapidement alertées de ce qui était en train de se passer.

Akram a ensuite demandé à Cytron-Walker, à Cohen et aux deux autres otages, dont les noms n’ont pas été encore rendus publics, de se placer dans un coin du sanctuaire. Là-bas, Cohen a pris soin de se rapprocher d’une porte de sortie.

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La police devant la congrégation Beth Israel à Colleyville, au lendemain d’une prise d’otages de plus de dix heures à l’intérieur de ce lieu de culte du Texas, le 16 janvier 2022. (Crédit : AP Photo/Brandon Wade)
Par JACOB MAGID  fr.timesofisrael.com

Jeffrey Cohen, membre de la congrégation Beth Israel, s’entretient avec le Times of Israel via Zoom le 17 janvier 2022. (Capture d’écran/Zoom)

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