Perfectionner la collecte de renseignements – les leçons de la terreur au Sri Lanka

Opinion : Les horribles attentats du dimanche de Pâques mettent en exergue l’importance, pour les services de sécurité, de s’adapter constamment aux changements sur le terrain et de ne pas s’appuyer sur les réalisations passées – ce que le gouvernement sri-lankais a fait, après avoir vaincu les Tigres tamouls, il y a près de dix ans

Les touristes israéliens qui affluent vers le Sinaï pour les vacances de Pessah ne semblent pas prendre au sérieux les avertissements des responsables de la sécurité concernant une menace imminente émanant de cellules de l’État islamique qui opèrent dans la région. La raison en est qu’au fil des ans, ces avertissements ne se sont jamais concrétisés. Cette fois, cependant, je prendrais au sérieux les appels des responsables de la défense israéliens, car la coopération entre les services de sécurité israéliens et égyptiens semble être plus forte que jamais ; et c’est exactement au sujet de ce type de collaboration inter-services que le gouvernement sri-lankais semble avoir échoué, pour se prémunir contre des attaques terroristes qui ont provoqué la mort d’au moins 359 personnes.

Il y a trois ans, j’ai visité le Sri Lanka avec un certain nombre d’anciens membres des forces de sécurité israéliennes, qui ont animé un court séminaire – devant un public d’agents de sécurité locaux – sur le thème de la prévention des attaques terroristes. Bien que les officiers aient écouté la conférence avec politesse, il semble qu’ils n’aient pas intériorisé le message, car ils avaient probablement l’impression d’avoir déjà tout sous contrôle.

Après tout, l’appareil de sécurité sri-lankais a réussi, en 2009, à contrecarrer une campagne violente de plusieurs décennies menée par les Tigres tamouls (un groupe rebelle réclamant l’indépendance) et à parvenir à la réconciliation nationale. Malheureusement, comme nous l’avons vu cette semaine, rien ne dure éternellement.

Funérailles des victimes tuées lors d'attaques terroristes au Sri Lanka (Photo: Reuters)

Funérailles des victimes tuées lors d’attaques terroristes au Sri Lanka (Photo: Reuters)

 

Le régime actuel au Sri Lanka a échoué de la même manière que le gouvernement américain, face aux attaques du 11 septembre et, dans une certaine mesure, de façon similaire à notre propre échec au début de la deuxième Intifada. En Europe aussi, des échecs similaires ont conduit à une série d’attaques terroristes ces dernières années. L’échec vient de l’incapacité – de la part du gouvernement et des forces de sécurité – d’adapter leur réponse en matière de sécurité à l’évolution de la situation sur le terrain.

Il y a trois leçons à tirer des horribles attentats du dimanche de Pâques et toutes ont – d’une manière ou d’une autre – à voir avec la collecte de renseignements.

Premièrement, la plus grande difficulté de la guerre contre le terrorisme provient de ce qu’on ne sait pas qui est le véritable ennemi. Heureusement, la technologie actuelle permet aux forces de sécurité d’accéder aux informations même dans les coins les plus sombres d’Internet et d’écouter toute conversation téléphonique. Les moteurs de recherche avancés peuvent facilement identifier des recherches répétées liées à une activité terroriste. Pourtant, les gouvernements du monde entier continuent de privilégier les investissements dans les avions de combat et les chars, plutôt que dans le développement de leurs capacités de renseignement.

Deuxièmement, il est important d’établir une communication entre les différentes agences de renseignement, comme ce que les États-Unis ont fait après le 11 septembre – et ce qu’Israël a fait il y a 20 ans – et ce que le gouvernement sri-lankais aurait dû faire. Il y avait des informations de renseignement concrètes, qui n’ont pas abouti chez ceux qui étaient supposés agir en conséquence.

En Israël, l’événement central qui a conduit à une refonte du réseau de collecte de renseignements a été l’attentat-suicide au bar Mike’s Place à Tel Aviv, tout près de l’Ambassade américaine sur la Tayelet, le 30 avril 2003. Deux terroristes munis de passeports britanniques ont quitté le Royaume-Uni pour se rendre en Jordanie, ensuite, en Cisjordanie, puis à Gaza et finalement à Tel-Aviv, où ils ont mené l’attentat.

Quelle agence de sécurité israélienne aurait été censée la contrecarrer? Eh bien, quand les deux hommes d’origine pakistanaise étaient encore en Angleterre, le Mossad était responsable ; quand ils étaient en Jordanie, c’était la Direction du renseignement militaire (AMAN), quand ils étaient en Cisjordanie et à Gaza, c’était le Shin Bet, et quand ils sont arrivés à Tel Aviv, leur surveillance passait aux mains de la police israélienne.

Par conséquent, Israël en est venu à la conclusion qu’il lui fallait une base de données volumineuse, utilisable par toutes les organisations de renseignement, qui puissent se coordonner à l’instant t, tout en maintenant leur autonomie.

Le dernier enseignement à tirer des attentats du Sri Lanka concerne l’importance de la coopération internationale. Depuis la création d’Al-Qaïda et de l’État islamique, le terrorisme est devenu un phénomène mondial et, mardi, l’État islamique a revendiqué la responsabilité des attentats à la bombe perpétrés au Sri Lanka. Les renseignements recueillis dans un pays pourraient être pertinents pour un autre. Par conséquent, même en cas de tensions politiques entre les pays (par exemple l’Inde et le Sri Lanka ou Israël et l’Égypte), la coopération en matière de sécurité devrait rester l’intérêt suprême.

Ces trois leçons sont anciennes et bien connues, mais malheureusement, seul un événement traumatisant de grande ampleur sur le propre sol d’un pays incite les gouvernements à adopter enfin la bonne politique.

Giora Eiland | Major-Général de réserve, ancien chef du Conseil National de Sécurité, Publié: 04.24.19, 12:25

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Madredios

Pas d’arabe = Pas d’attentat.

ixiane

On connait l’ennemi c’est l’Islam mais il est interdit de s’en méfier ! car il y aurait des modérés !!! alors prenons le risque, il faut vivre dangereusement !!!!