En 1933, les Juifs de Copenhague célébrèrent, lors d’un service auquel assistait le roi danois Christian X, le centième anniversaire de leur synagogue. Au cours des sept années suivantes, le Danemark accueillerait environ 4500 réfugiés juifs originaires d’Allemagne et d’Europe orientale.

Environ 3000 d’entre eux étaient des chalutzim (le mot hébreu pour pionniers) venus au Danemark pour suivre une formation agricole avant d’émigrer en Palestine.

L’occupation du Danemark par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale a commencé le 9 avril 1940 par l’opération Weserübung et prit fin le 5 mai 1945 lorsque les forces allemandes se retirèrent à la suite de leur défaite face aux Alliés.

Contrairement à la situation des autres pays sous occupation allemande, la plupart des institutions danoises ont continué à fonctionner plus ou moins normalement jusqu’au 29 août 1943.

Le gouvernement danois resta dans le pays, maintenant une relation trouble entre régime démocratique et système totalitaire. Il fit certaines concessions politiques et économiques, mais refusa de participer à l’envoi de travailleurs forcés en Allemagne, à la répression de la Résistance ou à la déportation des Juifs, jusqu’à ce que les autorités allemandes dissolvent le gouvernement à la suite d’une série de grèves et de sabotages.

Contrairement à d’autres pays d’Europe occidentale, le gouvernement danois n’exigea pas des Juifs qu’ils déclarent leurs biens et actifs, qu’ils s’identifient ou qu’ils renoncent à leurs appartements ou leurs entreprises.

Par ailleurs, les Juifs n’étaient pas tenus de porter l’étoile jaune ou un badge d’identification. En 1941 et 1942, la synagogue de Copenhague fit l’objet de deux tentatives d’incendie mais la police locale intervint à chaque fois pour les empêcher et arrêter les auteurs. La communauté juive continua même à se réunir et à célébrer des offices pendant toute l’occupation allemande.

Le soutien affiché du roi à cette communauté, ainsi que le refus des autorités danoises de procéder à toute discrimination, donna naissance à la légende selon laquelle le roi portait lui-même une étoile jaune. Bien que fausse, cette histoire illustre bien la volonté du roi de ne pas persécuter les citoyens et résidents juifs et reflète la perception populaire d’un Danemark qui protégea les Juifs.

Après la destitution du gouvernement danois, le 29 août 1943, les Allemands avaient prévu de rafler et de déporter les quelque 8 000 juifs danois.

Le 28 septembre, Georg Ferdinand Duckwitz, diplomate allemand, dévoila officieusement les projets nazis à Hans Hedtoft, président du parti social-démocrate qui transmit aussitôt l’information à la Résistance danoise et à des représentants de la communauté juive. L’information fut diffusée lors des offices de la fête juive de Roch Hachana, le 29 septembre.

L’évêque luthérien de Copenhague, Hans FuglsangDamgaard, entra en résistance en rédigeant une lettre pastorale dénonçant l’antisémitisme nazi comme étant incompatible avec le christianisme, lettre qui fut signée par tous les évêques du Danemark et lue en chaire pendant les cultes du 3 octobre 1943. Comme 90% de la population danoise était luthérienne, l’action coordonnée par l’église luthérienne permit de mettre en action un nombre important de personnes, et de mobiliser des ressource considérables en termes d’assistance : cachettes, nourriture, mise à l’abri des rouleaux sacrés de la Torah.

Ainsi, lorsque des fonctionnaires danois furent également informés de l’imminence de la rafle, sans concertation mutuelle, ils firent en sorte de prévenir les juifs et de les cacher. Ainsi, les juifs danois étaient déjà cachés plusieurs jours ou plusieurs semaines avant l’exfiltration vers la Suède qui accordait l’asile. Le transport s’effectua par voie de mer.

Une quinzaine de kilomètres séparent l’île de Seeland, où se situe Copenhague, de la Suède. Toutes sortes d’embarcations furent utilisées, depuis les gros bateaux de pêche de 20 tonnes jusqu’aux bateaux utilisés pour les compétitions d’aviron. Certains réfugiés prirent place également sur des ferries qui assuraient le service de fret entre les deux pays. Certains pêcheurs participant à l’opération acceptèrent de l’argent, d’autres le firent à titre gracieux comme les résistants du Club de couture d’Elseneur. La police du port et la police civile facilitèrent l’opération.

Pour ces faits, le titre de Juste parmi les nations sera décerné à la Résistance danoise après guerre.

Alors que seulement quelques Danois, la plupart non-membres de la résistance, qui se trouvait être connu par le Juif qu’il ou qu’elle a aidé, ont constitué la liste de Yad Vashem, il y avait plusieurs centaines, sinon quelques milliers, de Danois ordinaires qui ont pris part aux efforts de rescousse.

Ils travaillaient le plus souvent au sein de petits groupes spontanément organisés et «sous couverture». Connus seulement par leurs noms fictifs ils ne pouvaient généralement pas être identifiés par ceux qui ont été sauvés et donc ne répondaient pas aux critères de Yad Vashem pour recevoir l’honneur «Juste parmi les Nations». Voici une liste partielle de quelques-uns des sauveteurs les plus importants, à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement de résistance formel, dont les noms ont fait surface au fil des années.

  • Fanny Arnskov
  • Knud Dyby
  • Ellen Marie Christensen
  • Aage and Gerda Bertelsen
  • Richard and Vibeke Ege
  • Jørgen Gersfelt
  • Ejler Haubirk
  • Steffen Hansen
  • Ole Helwig
  • Leif B. Hendil
  • Erik Husfeldt
  • Signe (Mogensen) Jansen
  • Robert Jensen
  • Jørgen Kieler
  • Elsebeth Kieler
  • Erling Kiær
  • Karl Henrik Køster
  • Thormod Larsen
  • Steffen Lund
  • Ebba Lund
  • Ellen W. Nielsen
  • Robert Petersen
  • Paul Kristian Brandt Rehberg
  • Ole Secher
  • Svenn Seehusen
  • Erik Stærmose
  • Henny Sunding
  • Laust Sørensen
  • Henry Thomsen
  • Henry Rasmussen
  • Børge Rønne
  • Mogens Staffeldt
  • Ellen W. Nielsen
  • Hilbert Hansen

En fin de compte 450 juifs, soit environ 7 % du total de la population juive fut prise par les Allemands et déportés, pour la plupart au camp de concentration de Theresienstadt qui n’était pas un camp d’extermination. Le gouvernement danois put leur envoyer des colis et les faire visiter par la Croix-Rouge. 51 Juifs danois laissèrent quand même leur vie à Theresienstadt, plus de 99 % de la population juive du Danemark a survécu à la Shoah.

Adaptation par J.Guedj

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Magen

Je souhaiterai que dans votre article vous n employez pas le mot  » seulement  » 450 juifs ont etes …..
Il est lourd à lire
L histoire magnifique du Danemark envers ses residents

Paula KOIRAN

Lz Danemark a été la seule exception de l’Europe. Tous les autres pays ont collaboré avec les nazis, et ont parfois essayé de les devancer, comme la France.

דוב קרבי dov kravi

Theresienstadt n’était pas un camp d’extermination, mais une vitrine destinée à montrer, notamment à la Croix rouge, combien les nazis traitaient correctement leurs prisonniers. Seulement tous les Juifs qui y transitaient quelques semaines étaient ensuite transférés et assassinés dans les camps de la mort.