Sentinelle mobilisée pour l’acte 19 des gilets jaunes, l’opposition s’insurge
La mission antiterroriste militaire sera mobilisée de manière « renforcée », samedi 23 mars dans le cadre de l’acte XIX des gilets jaunes.
GILETS JAUNES – La mission antiterroriste militaire Sentinelle sera mobilisée de manière « renforcée », samedi 23 mars dans le cadre de l’acte XIX des gilets jaunes, afin de protéger des bâtiments officiels et autres « points fixes », a rapporté ce mercredi 20 mars le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
Cette initiative annoncée par le président Emmanuel Macron en Conseil des ministres permettra aux forces de l’ordre de se « concentrer sur les mouvements, sur le maintien et le rétablissement de l’ordre », a justifié Benjamin Griveaux.
« On a à notre disposition cette mission Sentinelle assurée par des militaires et qui ont parfaitement vocation à sécuriser les lieux, comme d’ailleurs nos concitoyens ont l’habitude de les voir », a-t-il poursuivi.
.@BGriveaux :
"Des décisisons ont été prises, car des fautes de commandement ont été commises. Les décisions prises en décembre dernier n'ont pas été appliquées samedi. Des changements ont donc été actés, ils étaient nécessaires." pic.twitter.com/lqe28H7B4i
— LCI (@LCI) March 20, 2019
Selon Grégory Joron, secrétaire national CRS d’Unité-SGP-FO, ‘si les militaires Sentinelle sont sur de la garde de bâtiment, cela va permettre de dégager quelques unités de forces mobiles et cela donnera davantage de mobilité aux compagnies manoeuvrantes pour aller sur les points chauds ». « Ce qui m’inquiète, c’est la riposte en cas d’attaque », a commenté pour sa part Philippe Capon, secrétaire général du syndicat Unsa-Police.
En 2016 lors d’une manifestation à Strasbourg, des militaires de Sentinelle s’étaient interposés entre des manifestants et des policiers en difficulté pour protéger ces derniers, sans franchir non plus la barrière du maintien de l’ordre de manière physique, avait relaté Rue 89 Strasbourg. « L’armée doit se cantonner aux opérations militaires, avait réagi à l’époque le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian face aux députés. Il ne faut pas accepter la moindre faille par rapport à ce principe, sous peine de voir la conception même de nos forces armées mise en cause. »
La même année lors d’une manifestation contre la loi Travail à Paris, des casseurs s’en étaient pris au musée de l’Armée, aux Invalides. Un gendarme, rejoint ensuite par des militaires de Sentinelle, avait à peine eu le temps de réagir en fermant la porte du musée, avant que les coups ne pleuvent contre les grilles. Les militaires n’étaient alors pas intervenus physiquement. « Ils n’ont pas vocation à se retrouver dans ce type de situation, avait commenté à l’époque une source militaire à L’Express. Leur mission est la lutte contre le terrorisme ».
« Escalade irresponsable »
Après la prise de parole de Benjamin Griveaux ce mercredi, plusieurs députés ont dénoncé une décision « inquiétante » et « irresponsable », notamment au sein de La France insoumise et du Rassemblement national. Jean-Luc Mélenchon a ainsi jugé que « quelles que soient les circonstances, l’armée ne peut et ne doit assurer aucune tâche de police, (car) ce n’est pas son métier ».
Idem à droite, où le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a fustigé la « lourde faute » de l’exécutif.
Quelles que soient les circonstances, l'armée ne peut et ne doit assurer aucune tâche de police. Ce n'est pas son métier. Il n'y a pas d'ennemi de l'intérieur en France.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 20, 2019
Le dispositif Sentinelle mobilisé pour l'acte XIX des #giletsjaunes : "On est en train de basculer dans un régime tout à fait inquiétant", assure @PrudhommeLoic (LFI).#DirectAN #QAG pic.twitter.com/93LWRIlyfx
— LCP (@LCP) March 20, 2019
Que je comprenne bien ? On en appelle à l’armée pour maintenir l’ordre dans la rue ? Les militaires sont appelés à tirer pour protéger les bâtiments ? Les #Giletsjaunes sont assimilés aux terroristes ? Cette escalade est irresponsable https://t.co/NMg01y0GdU
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) March 20, 2019
Incapable de maintenir l’ordre dans le pays, le gouvernement en est réduit à utiliser l’armée en renfort ! pic.twitter.com/GErzFs1GKK
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) March 20, 2019
Avec son discours martial, voilà que #Macron se prend pour un général face aux #GiletsJaunes. Sauf qu'il s'agit de son propre peuple qu'il a poussé à bout, et pas d'une armée ennemie !https://t.co/sjkAk3IbPp
— Gilles Lebreton (@Gilles_Lebreton) March 20, 2019
https://twitter.com/loichervepublic/status/1108380168647778306
#Manifestations : Je suis absolument contre l'emploi de l'armée. C’est une lourde faute. #CàVous pic.twitter.com/I07yqyCgal
— Bruno Retailleau ن (@BrunoRetailleau) March 20, 2019
Manifestations interdites sur les Champs Élysées et dans certains quartiers des grandes villes en cas de présence d' »ultras », préfet de police de Paris remplacé, contraventions alourdies: le Premier ministre Édouard Philippe avait annoncé dès lundi une batterie de mesures pour répondre aux violences ayant émaillé la dernière manifestation des « gilets jaunes », samedi 16 mars à Paris.
Une voiture de Sentinelle avait été incendiée par des manifestants près de la Tour Eiffel le 9 février.
L’opération Sentinelle représente une mobilisation sans précédent de l’armée sur le territoire national depuis la guerre d’Algérie. Des chiffres de 2017 faisaient état de 7000 militaires déployés en permanence -pour moitié en région parisienne- depuis les attentats de janvier 2015 à Paris.
Les militaires protègent en France des sites religieux (synagogues, mosquées…), des lieux particulièrement exposés au risque terroriste ou très fréquentés (lieux touristiques, gares…). Ils sont présents de manière quasi permanente sur certains sites comme les aéroports ou les musées.
Je suis absolument d’accord pour l’utilisation de l’armée pour sécuriser les cibles sensibles face aux ennemis de l’intérieur de la France, car nous sommes véritablement en guerre contre ces violences terroristes.
Mais, je pose la question de savoir si une démocratie peut réellement prétendre en être une lorsque qu’elle recourt à l’armée pour des missions de police, et d’ailleurs, sans remettre en question le travail souvent exemplaire de la gendarmerie, pourquoi ne pas l’intégrer complètement dans ce statut de police..?