Tensions avec la Russie: L’Otan va lancer un exercice en Méditerranée, avec le porte-avions USS Harry S. Truman
Il va y avoir du monde en Méditerranée durant les prochains jours. En effet, le 21 janvier au soir, le Pentagone a annoncé la participation du groupe aéronaval formé autour du porte-avions USS Harry S. Truman à l’exercice Neptune Strike 2022, lequel sera mené sous la bannière de l’Otan à partir du 24 janvier et jusqu’au 4 février.
Déployé en Méditerranée depuis le 1er décembre, l’USS Harry S. Truman était attendu au Moyen-Orient. Seulement, en raison des tensions avec la Russie et en prévision des discussions que celle-ci devait avoir avec les États-Unis et l’Otan en janvier, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, avait ordonné son maintien dans la région estimant qu’une telle mesure était « pour réaffirmer l’engagement » de Washington envers la « défense collective » de l’Otan.
Quoi qu’il en soit, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a expliqué que l’exercice Netptune Strike 22 est « destiné à démontrer la capacité de l’Otan à intégrer la force de frappe maritime sophistiquée d’un groupe aéronaval en soutien aux efforts de dissuasion et de défense de l’Alliance ». Et d’assurer qu’il n’a pas de lien avec les tensions avec la Russie au sujet de l’Ukraine, soulignant que sa planification a commencé en 2020.
« L’exercice lui-même n’est pas conçu pour contrer le genre de scénarios qui pourraient se produire autour de l’Ukraine », a fait valoir M. Kirby. « C’est vraiment un exercice naval de l’Otan […] destiné à tester un vaste éventail de capacités navales que nous voulons être sûrs de continuer à renforcer », a-t-il insisté.
Seulement, et sauf erreur, Nepture Strike 22 ne figurait jusqu’alors pas au programme des exercices devant être menés dans le cadre de l’Otan en 2022.
À noter également que le sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière USS Georgia [classe Ohio] a fait une escale à Chypre, le 15 janvier. Au début du mois, le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] USS Albany [classe Los Angeles] en a fait de même à Gibraltar.
Les manœuvres navales « Neptune Strike 22 » coïncideront en partie avec celles qui ont été annoncées cette semaine par le ministère russe de la Défense. « Des exercices distincts auront lieu dans les eaux de la Méditerranée, de la mer du Nord, de la mer d’Okhotsk, dans la partie nord-est de l’océan Atlantique et dans l’océan Pacifique », a-t-il en effet avancé, expliquant que leur « objectif principal » sera de « mettre à l’épreuve les forces navales, aériennes et spatiales pour protéger les intérêts nationaux russes » et « contrer les menaces militaires contre la Russie depuis les mers et les océans ».
Et quand débutera Neptune Strike 22, une flottille de navires d’assaut amphibie russe devrait naviguer en Méditerranée. Celle-ci se compose de 6 bâtiments, dont les « Olenegorskiy Gornyak », « Georgiy Pobedonosets », « Korolev », « Minsk » et Kaliningrad [classe Ropucha], ainsi que le récent « Pyotr Morgunov » qui, issu du projet 11711 [classe Ivan Gren], a la capacité de transporter jusqu’à 36 véhicules blindés [ou 13 chars de combat] et 300 soldats d’infanterie de marine.
Partie de la Baltique, cette flottille russe a notamment été suivie par la Royal Navy [avec les patrouilleurs HMS Dragon et le HMS Tyne], la marine royale néerlandaise [avec le navire de surveillance hydrographique HNLS Luymes] et la Marine nationale [avec le patrouilleur de service public Flamant et un hélicoptère NH-90 NFH] au moment de son transit en mer du Nord et dans la Manche.
#Manche | Ce jeudi 20/01, interaction professionnelle lors de l’accompagnement d’un groupe de bâtiments russes en transit dans la Manche par le PSP Flamant, pré-positionné dans le Pas-de-Calais et un NH90 @MarineNationale. pic.twitter.com/iHwizUiNf0
— Armée française – Opérations militaires (@EtatMajorFR) January 20, 2022
Par ailleurs, les trois navires de la flotte russe du Pacifique qui ont pris part à un exercice avec les forces navales iraniennes et chinoises dans le nord de l’océan Indien, le 21 janvier, sont également attendus en Méditerranée. Il s’agit du croiseur lance-missiles Varyag [qui aussi le navire amiral de la flotte du Pacifique, ndlr], du « destroyer » Amiral Tributs [classe Udaloy] et du pétrolier-ravitailleur Boris Butoma.
Russian Navy Vishnya class AGI VASILIY TATISHCHEV heading east through the Strait of Gibraltar this evening #shipsinpics #ships #shipping #shipspotting #navy #naval #russiannavy @air_intel @YorukIsik @The_Lookout_N @seawaves_mag @WarshipCam @Capt_Navy pic.twitter.com/J6SPzHqrCS
— Daniel Ferro (@Gibdan1) January 20, 2022
Et, pour compléter le tableau, un navire de renseignement russe, le « Vasiliy Tatishchev » [classe Vishnya] a été repéré alors qu’il franchissait le détroit de Gibraltar pour entrer en Méditerranée, le 20 janvier. En outre, on peut avancer, sans prendre le risque de se tromper, que des sous-marins russes sont aussi de la partie.
Enfin, quand Neptune Strike 22 se terminera, le groupe aéronaval [GAN] constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle devrait commencer la mission Clemenceau 22, qui se déroulera exclusivement en Méditerranée. Un « passex » est prévu avec un porte-avions américains… Sans doute qu’il s’agira de l’USS Harry S. Truman, lequel doit ensuite mettre le cap vers l’Atlantique Nord, pour participer à l’exercice Cold Response 22, aux côtés du HMS Prince of Wales.
Sur le front diplomatique, la dernière rencontre entre Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, et Sergueï Lavrov, son homologue russe, à Genève, le 21 janvier, n’a rien donné de tangible. Une nouvelle fois, Moscou a promis aux États-Unis et à l’Otan les « conséquences les plus graves » si ses « préoccupations légitimes » concernant sa sécurité étaient encore ignorées.
« Antony Blinken a été clairement informé qu’ignorer davantage les préoccupations légitimes de la Russie liées principalement à l’exploitation militaire en cours par les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN du territoire de l’Ukraine, dans le contexte d’un déploiement à grande échelle de forces et de moyens de l’Alliance près de nos frontière, aura les conséquences les plus graves », a fait savoir le ministère russe de la Défense. Et d’ajouter ; « Cela peut être évité si Washington réagit positivement à nos projets d’accords sur les garanties de sécurité, auxquels nous espérons recevoir une réponse écrite de la part des Etats-Unis article par article la semaine prochaine ».