Ronit Elkabetz : sur le fil tendu de la vie

Les Cahiers noirs, le film de Shlomi Elkabetz est réalisé à partir d’images de scènes de tournage et de vidéos privées. Ce n’est pas un film sur la vie de Ronit Elkabetz , ni un film sur sa mort. C’est le film d’un voyage que nous faisons tous chaque jour, sur le fil tendu de la vie à la mort. Ronit Elkabetz, fabuleuse actrice israélienne de tant de films, et en particulier de Guett, le film d’une femme confrontée au refus de son mari de délivrer le Guett et au refus des juges de trouver une solution. Ce film qui a bousculé les esprits et ouvert la voie à des aménagements possibles pour sortir de cet enfer, celui de la femme enchaînée dans et par un monde d’hommes.

 

L’amour inconditionnel

Visage lumineux, regard d’une intensité extraordinaire, l’œil de la caméra dévoile et met à nu. Mais tout reste caché. Tout : la souffrance, l’appétit de vivre, le mystère de ce qui fait de chaque être humain un être unique, précieux, irremplaçable qui laisse au monde une trace éternelle. Sous réserve de sortir de sa coquille, de la place qui lui est assignée et d’endosser le risque majeur : vivre. Malade, Ronit Elkabetz continue, sans défaillir. Perte de ses cheveux, chevelure de remplacement, puis cheveux courts en lieu et place de sa chevelure plus noire que le jais, qui une fois défaits dévalent le long de ses épaules, elle enchaîne les voyages de promotion de Guett et parle aux jumeaux qu’elle vient d’avoir, qui sont le battement de son cœur « Je reviens, maman revient dans deux jours, » leur dit-elle, leur répète-t-elle devant l’écran de son ordinateur. Ce n’est pas eux qu’elle est en train de consoler, c’est elle-même. Il n’y a rien de voyeuriste dans cette exploration, la caméra guidée par le frère a un objectif dont l’angle de prise de vue reste immuable : celui d’un amour inconditionnel qui, à chaque instant, guette et recueille les frémissements de l’âme, non pas seulement de sa sœur, mais de sa sœur qui incarne le mystère de la vie. A la fin de la séance, les spectateurs restent cloués sur leur fauteuil, silencieux, muets, avant de chuchoter quelques mots. Ce film nous rappelle que nous sommes des équilibristes dans ce court voyage de la vie à la mort, sans filet. Sauf celui d’un amour inconditionnel comme celui de Shlomi Elkabetz dont l’œil et la caméra verront toujours Ronit Elkabetz

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