Régionales: un premier tour déserté par deux électeurs sur trois

« Abyssale », « abstention de dingue », « désastre civique » : la classe politique a déploré dimanche dans son ensemble l’abstention record enregistrée au premier tour des élections régionales et départementales, que l’opposition a imputée à l’exécutif et aux couacs qui ont émaillé la préparation et l’organisation du scrutin.

Bien qu’attendue, l’abstention a dépassé, selon les premières estimations, les 60% anticipés par les sondeurs pour atteindre entre 66,1% et 68,6% – un record depuis le référendum sur le quinquennat le 24 septembre 2000 (69,8%).

« Le niveau de l’abstention est particulièrement préoccupant », a réagi quelques secondes après 20H le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur son compte Twitter. « Notre travail collectif doit être tourné vers la mobilisation des Français pour le second tour ».

Invitée sur France 2, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a estimé que cette abstention invitait « toutes et tous à une forme d’humilité », et appelé à un travail d’introspection pour comprendre pourquoi « les débats ne parviennent pas à convaincre et à attirer suffisamment de Françaises et Français ».

« Personne ne peut sortir le champagne ce soir » face à cette « abstention abyssale », a renchéri le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, imputant la faible participation à la crise sanitaire du Covid-19 qui a empêché le tenue d’une campagne électorale en bonne et due forme.

Une explication rejetée par l’opposition, de gauche comme de droite, qui a renvoyé la responsabilité de ce « triste record » à l’exécutif, épinglant la série de couacs – bureaux de vote fermés à Marseille faute d’assesseurs, bulletins manquants dans plusieurs villes – recensés ces derniers jours.

L’exécutif « a une responsabilité énorme », a dénoncé le patron des Républicains (LR) Christian Jacob sur TF1, jugeant « indignes d’une grande démocratie » les problèmes d’acheminement des professions de foi et propagandes électorales.

« Le gouvernement a une responsabilité », a abondé Jean-Luc Mélenchon sur Twitter, épinglant une « mauvaise organisation : tantôt les professions de foi qui n’arrivent pas, tantôt les bulletins pas présents dans les bureaux de vote ».

« À ceux qui pourraient se satisfaire de cette situation, je rappellerai qu’une démocratie sans électeur n’est pas une démocratie », a ajouté M. Mélenchon, réclamant une commission d’enquête sur les conditions dans lesquelles s’est déroulé le vote.

– « Schisme » –

Côté EELV, l’eurodéputé Yannick Jadot s’est inquiété d’une « forme de schisme qui s’installe », selon lui, « entre la classe politique et les Françaises et les Français ».

Sur France 2, l’écologiste a expliqué la forte abstention par « une incroyable incompréhension de ce que sont aujourd’hui nos collectivités ».

Même son de cloche côté PCF avec l’adjoint à la maire de Paris Ian Brossat qui a évoqué une « abstention de dingue ». « Pas une seule élection depuis 2017 avec plus de 50% de participation. Quand on pense que Macron voulait « réenchanter la politique »… », a-t-il ironisé.

Dans les rangs du Rassemblement national (RN), qui réalise des scores plus bas qu’attendu dans ce scrutin test à un an de l’élection présidentielle, la pilule a également du mal à passer.

Il s’agit d’un « désastre civique » qui donne « une vision trompeuse des forces politiques en présence », a lancé sa présidente Marine Le Pen. « La distorsion des intentions de vote mesurées par les sondages avec les votes réels n’a qu’une seule explication : nos électeurs ne se sont pas déplacés. C’est pour cela que j’appelle au sursaut tous ceux qui veulent exprimer leur opposition à l’action de ce gouvernement ».

Concernant les premiers résultats, qui donnent la droite largement en tête, le RN en recul et signent une sévère déroute pour la macronie, Christian Jacob s’est réjoui que LR soit « de très loin le parti qui recueille le plus de voix ».

Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui est arrivé nettement devant le candidat RN Sébastien Chenu, s’est quant à lui félicité d’être parvenu à « desserrer pour les briser les mâchoires du FN, leur démagogie, leurs propositions stériles, leur intolérance ». Le député LR Eric Ciotti a vu pour sa part dans les résultats une « véritable déroute pour Emmanuel Macron et le pouvoir En Marche ».

A l’orée des tractations de l’entre-deux tours, la question du front républicain face au RN, qui paraît cette année plus fragile que lors des précédents scrutins en raison d’une certaine réticence des partis traditionnels à s’effacer pour les six ans à venir, a refait surface dimanche soir.

Tous les regards sont tournés vers la région PACA où Thierry Mariani, candidat du RN, est donné au coude-à-coude avec le candidat LR Renaud Muselier, et où le troisième homme Jean-Laurent Felizia (EELV/PS/PCF), positionné entre 14 et 18%, a dit vouloir se maintenir au second tour.

Une décision « désapprouvée » dans la soirée par Yannick Jadot (EELV) et Olivier Faure (PS) qui ont tous les deux respectivement pris leurs distances avec cette stratégie. « J’appelle solennellement au retrait de la liste conduite par FeliziaJean. Aucun risque ne peut être pris face à l’extrême-droite », a mis notamment en garde sur Twitter le premier secrétaire du Parti socialiste.

AFP, publié le dimanche 20 juin 2021 à 23h15

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Elie de Paris

Je prétends, et j’en suis attristé, qu’il est moins question d’un désintérêt de la chose publique que de la polarisation des gens sur d’autres pôles, comme le permissif à tout prix, et la vie des autres par procuration, sur les télés-réalités, séries et autre supportariat de sport, foot en particulier.
Voilà le grand « divertissement » pascalien en marche, où tout est bon, alcools et cbd compris, pour gommer son rôle social.
Ajoutons à cela les réseaux complotistes qui decredibilisent tout ce qui pourrait être dit par des personnalités sociopolitiques, philo-intellectuelles ou scientifiques, ce qui ne serait que manipulations pour mieux nous exploiter, tester, dominer…envoûter.
Toute cette ambiance civile nauséeuse se propageant au nom de la « liberté », bien entendu… Garantie par « l’égalité » pour tous, comme si elle était réellement possible ! Finalement, la « fraternité » illusoire aura été évacuée du discours publique, où il n’est plus questions que de droits, tandis que les devoirs, primant pourtant sur les droits, ne sont presque pas rappelés, ou si peu…
En France, ne pas voter est devenu un droit, alors que dans de tres nombreux pays, c’est…un délit.
« Les Nations ont les gouvernements qu’elles méritent » , proposait A. Einstein.
Et quand ces derniers échouent, ils nous emmènent à la guerre.
Comme disaient Desproges, nous manquons d’occupation.