Que faire des migrants ?©

 

par Maurice-Ruben HAYOUN

La récente décision de la Cour Européenne de Justice* a remis cette délicate question au centre des débats : il se trouve quelques pays qui refusent, pour des raisons liées à leur passé historique, d’accueillir des migrants dont les mœurs et la culture sont radicalement différentes des leurs. Or, l’Europe a décidé d’imposer une certaine répartition de ces migrants, même dans des pays qui n’en veulent pas et qui se préparent à user de tous les moyens pour s’affranchir de leurs obligations, légitimes ou non.

Il y a un malentendu à la base de tout ce débat : il y a très peu de réfugiés qui justifient du droit d’asile alors que l’immense majorité des migrants le sont pour des raisons économiques. Même la France, qui adopte une attitude à mi-chemin entre l’accueil et le refus, commence à songer sérieusement à revoir dans un sens plus restrictif les conditions d’accueil et les éligibles au droit d’asile.

On a trouvé tant de migrants qui viennent de pays dont la situation politique ne le justifie pas. Sans même parler des infiltrés de Daesh qui se sont mêlés aux masses de migrants pour s’introduire en Europe afin d’y commettre des attentats.

En ce qui concerne les pays d’Europe centrale et orientale qui sont vent debout contre cette immigration de masse, leur attitude s’explique par leur réticence à l’égard d’une religion qui leur fait peur et ils ne veulent pas se retrouver dans une ou deux décennies face à des problèmes, comparables à ceux que connaît un pays comme la France où les banlieues des grandes villes commencent à poser des problèmes inextricables.

L’histoire de certains de ces pays fait état de démêlés territoriaux avec l’empire ottoman de jadis. La mémoire profonde de ces pays contient des ingrédients difficilement oubliables et qui surgissent comme des fantômes… Il y aussi une forte tradition catholique qui veut rester maîtresse incontestée chez elle.

La Pologne, par exemple, est réputée pour cela, y compris pour une tendance antisémite que les gouvernements d’après-guerre ont eu du mal à combattre. La religion catholique gît au fondement de l’identité nationale polonaise. Elle a joué un rôle déterminant dans la chute du communisme. Les dirigeants les plus emblématiques du syndicat Solidarnosc ne se privaient pas de se montrer dans les offices religieux dominicaux.

La France, quant à elle, redoute que l’afflux trop massif et trop visible de ces migrants ne profite directement ou indirectement au FN. C’est un vrai casse-tête, une quadrature du cercle.

La solution serait peut-être de tout faire pour retenir chez eux ces hommes et ces femmes en les aidant financièrement et économiquement. Et dans ce cadre, Angela Merkel n’a pas agi adroitement en ouvrant ses frontières. L’opposition le lui a reproché et l’AFD en a fait un thème de la campagne électorale qui s’annonce.

Attendons de voir. Mais il est certain que les états qui refusent les migrants ne se laisseront pas faire.

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage : Franz Rosenzweig (Agora, universpoche, 2015)

A noter que le professeur Maurice-Ruben Hayoun, dont les chroniques sur JFORUM font notre plaisir, sera l’invité, les dimanches 10 et 17 septembre prochains, de l’émission « Islam », de 8h45 à 9h15.

Il y évoquera l’œuvre et les héritages respectifs du rabbin Moïse Maïmonide et du philosophe Averroès.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Ratfucker

La décision de laisser pénétrer ou non sur le sol national des individus sans titre de séjour est de nature régalienne, et est réservée au pouvoir exécutif. Une décision de justice à l’encontre de cette caractéristique de la souveraineté nationale enfreint le principe de la séparation des pouvoirs, socle de la démocratie. Les technocrates bruxellois profitent de la crise des migrants pour rogner un peu plus de pouvoir sur les nations européennes: c’est un détournement crapuleux de l’idée de l’Europe unie.