En Chine, la contestation contre le “zéro Covid” s’étend et gagne Shanghai.

Même si le régime n’est pas menacé pour l’instant, la Chine, comme les autres dictatures, semble impuissante face au désir de liberté du peuple. Cette aspiration naturelle est alimentée par les médias et les réseaux sociaux. Rien n’est plus comme avant, où il suffisait d’étouffer la population, grâce à une police d’État. La Chine, la Russie, l’Iran connaissent des troubles qui finiront par aboutir au renversement des régimes, c’est là, la direction inéluctable de l’Histoire. La technologie comme outil de liberté est, elle aussi, irréversible comme l’est l’aspiration des peuples. Tout cela n’est qu’une question de temps pour les uns et de courage pour les autres.

Des slogans réclamant le départ de Xi Jinping entendus dans la plus grande ville du pays, des rassemblements organisés sur des campus : la colère montante “galvanise” la population, constate la BBC sur place.

Tout est parti d’un article anonyme publié sur les réseaux sociaux, d’après le South China Morning Post (SCMP). Dix questions, adressées mardi 22 novembre à la Commission nationale de la santé, à propos de la réponse du pouvoir chinois à la pandémie de Covid-19. “Le texte relayait des interrogations présentes dans tous les esprits depuis trois ans, comme le fait de savoir si un virus similaire avait jamais été éradiqué et s’il existait une justification scientifique à la politique du ‘zéro covid’, détaille le journal hongkongais. Lu plus de 100 000 fois en quelques heures, le document a fini par être retiré par les censeurs.”

Aucun doute, pour le SCMP, les manifestations contre les confinements à répétitions observées depuis le 22 novembre résultent directement de la viralité du post. Dans une usine Foxconn à Zhengzhou, d’abord, puis dans la région ouïgour du Xinjiang, où la mort de 10 personnes dans un incendie a été attribuée par la population locale au caractère drastique des mesures anti-Covid, sur fond d’explosion des contaminations.

Pancartes vierges

Samedi 26 novembre, enfin, la contestation a gagné la plus grande ville du pays, Shanghai, ainsi que des universités de la ville voisine de Nankin et de la capitale Pékin, a constaté la BBC sur place.

“La colère monte depuis plusieurs mois contre les mesures de lutte contre le virus, mais les événements de ce week-end sont inhabituels à la fois en raison de leur nombre et par leur nature, avec des attaques dirigées directement à l’encontre du gouvernement et Xi Jinping. Toutes les sections de la population semblent galvanisées, des ouvriers aux universitaires en passant par les citoyens ordinaires.”

À Pékin, des étudiants ont brandi des pancartes vierges, symboles de défiance contre la censure. À Shanghai, reconfinée deux mois au printemps, “on a entendu en marge d’un rassemblement en hommage aux victimes d’Urumqi des gens demander le départ du président et du Parti communiste”, au pouvoir depuis 1949. Plusieurs personnes ont été arrêtées dans la foulée.

Dans une vidéo publiée sur Twitter par le célèbre blogueur chinois Fang Shimin, des femmes invectivent les policiers : “Ce ne sont pas des manières de traiter le peuple ! ”, entend-on, ainsi que le slogan “Servir le peuple ! ”, un mot d’ordre datant d’un discours de Mao Zedong en 1944. D’après la BBC, les manifestants ont également entonné l’hymne chinois, en particulier les paroles “debout ! debout ! debout !”, “ce qui peut être interprété à la fois comme une démonstration de patriotisme, mais aussi un appel à l’action et à la solidarité avec les victimes de la politique ‘zéro Covid’”.

Un défi pour Xi Jinping

Ces sorties “étaient de l’ordre de l’impensable encore récemment”, assure Tessa Wong, spécialiste de l’Asie pour la radiotélévision publique britannique. En Chine, rappelle la BBC, toute critique du régime peut entraîner des “sanctions sévères”.

« Une telle accélération des événements n’avait sans doute pas été imaginée par l’accélérateur en chef [l’un des surnoms de Xi Jinping, en référence à ses grandes ambitions affichées pour le pays] », ironise Teng Biao, avocat des droits de l’homme exilé aux États-Unis depuis une dizaine d’années, sur Twitter.

Car la vague de contestation “vient frontalement remettre en cause le discours officiel selon lequel le Parti communiste se montrerait plus sensible aux besoins de la population sous Xi Jinping”, estime le SCMP.

Le président chinois “a initialement marqué des points dans sa réponse à la pandémie”. À de nombreuses reprises, les médias d’État ont salué son “implication personnelle” dans la mise en place de la politique anti-Covid. Mais désormais, à mesure “que les scientifiques atténuent leur alarmisme quant à la gravité de la maladie, un nombre croissant de questions se posent quant aux conséquences socio-économiques” des confinements à répétition.

Pour autant, prévient le quotidien anglophone de Hong Kong, “il est encore trop tôt pour dire si ces manifestations, qui restent sporadiques, peuvent avoir des répercussions sur la stabilité sociale et politique du pays”. L’un des experts interrogés dans les colonnes du journal va même plus loin : selon lui, “la Chine n’est pas près de mettre significativement fin aux mesures de lutte contre la Covid-19, car de nombreux officiels et une bonne partie de la population sont persuadés qu’elles restent nécessaires”.

 

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