IRIB-L’exécution de cheikh Nimr al-Nimr par l’Arabie saoudite vise à provoquer l’Iran en l’incitant à riposter, dans le but de justifier une offensive contre ce pays, est l’avis de Shireen T. Hunter, professeur chercheur à la faculté des affaires étrangères à l’université de Georgetown aux Etats-Unis.

« Il est claire que l’Arabie n’est plus si rassurée qu’elle va remporter la guerre contre l’Iran, au moins pas aussi facilement qu’elle le pensait, surtout si elle reste seule », a-t-elle jugé dans un article publié sur le site américain Lobe Loge.

Selon elle, il est clair qu’au moment où Ryad se plait à compter les pays arabes et non arabes qui vont rejoindre son aventure, certains Etats, à l’instar des Emirats ne semblent pas très heureux de le faire. Le Qatar et le Koweït ne le feront que moyennant une gratification alors que la participation du Pakistan se limitera au cas où le royaume se trouve face à un danger extérieur.

Hunter s’est arrêtée sur le timing de l’exécution de cheikh Nimr, constatant qu’elle a eu lieu après la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan en Arabie. D’après la chercheuse américaine, le numéro un turc perçoit l’Iran comme étant l’héritier de l’empire safawide, lequel constitue un obstacle à son rêve de ressusciter les gloires de l’empire ottoman.

« Les efforts saoudiens pour pousser l’Iran à riposter violemment ouvrant la porte à une guerre constitue une volonté réelle chez les Saoudiens. Le comportement iranien devant indubitablement soulever un tollé au sein des cercles politiques américains en l’occurrence le Congrès, et pousser les Etats-Unis à intervenir en Iran », a-t-elle prédit, estimant que cette intervention permettra aux Américains d’en finir une fois pour toute avec l’Iran.

Hunter énumère toutes les actions saoudiennes qui reflètent selon elle la volonté saoudienne de provoquer l’Iran, dont entre autre : son intervention militaire au Bahreïn, ses efforts pour renverser le président syrien, l’attentat terroriste contre l’ambassade iranienne à Beyrouth en 2013, et puis la guerre contre le Yémen. Hunter cite aussi l’incident de Mina durant la dernière saison de pèlerinage au cours duquel plus de 100 Iraniens ont péri, sans oublier aussi les difficultés qu’elle a causées pour restituer les cadavres des victimes. Figure aussi parmi les signes de provocation saoudienne l’attaque contre la communauté chiite au Nigeria, pour des raisons factices, et l’arrestation de son chef le religieux cheikh Zankani. Attaque qui a été saluée par le monarque saoudien dans un contact téléphonique avec le président nigérian.

Mme Hunter semble plutôt convaincue que l’Iran ne se pliera pas aux provocations saoudiennes comme dans le passé. Il ne s’est ni ingéré au Bahreïn, ni au Yemen d’une façon directe, et n’a pas non plus riposté avec a l’attaque de son ambassade ou à la mort de ses pèlerins. 

« Dans le sillage de ces circonstances, il est nécessaire de ne pas minimiser le danger du conflit qui pourrait bousculer les Etats-Unis dans le piège d’une nouvelle guerre qu’ils ne veulent pas au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite se trouve à un moment où elle ressemble à un animal blessé et irrité. Ses plans d’hégémonie régionale ont échoué et elle se trouve sous le poids d’un fardeau financier énorme. Le plus important de tous est qu’elle fulmine de colère en raison de l’accord nucléaire entre l’Iran et les 5+1, et ne désire pas se voir obligée de menacer tout le monde ou de les corrompre pour réaliser ses ambitions. Les Saoudiens imputent à l’Iran le fait que leurs ambitions ont été avortées », a-t-elle écrit. 

Elle poursuit en considérant que l’Occident a renforcé « les illusions saoudiennes » en ignorant les « atteintes horribles aux droits des chiites en Arabie saoudite et ailleurs et en ternissant l’image de l’Iran d’une manière excessive ».

Selon la chercheuse américaine, le feu sectaire au Moyen Orient ne nuira pas seulement à l’Iran mais se propagera vers les Etats du Caucase et d’Asie du sud, assurant que toute guerre contre l’Iran impliquera la Russie et la Chine et menace d’un conflit entre les super puissances. 

Et pour conclure, Hunter estime que ces dernières devraient en l’état actuel des choses freiner l’Arabie saoudite, et empêcher ses alliés au Moyen orient et en Asie du sud d’être trainés dans la vengeance saoudienne contre l’Iran.

« Elles devraient en fin de compter se demander si le royaume saoudien mérite le mal de tête qu’il cause », a-t-elle conclu son analyse. 

IRB

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