Et si on offrait un passeport français aux descendants des protestants forcés à quitter la France au XVIIe siècle par la révocation de l’Edit de Nantes ?

Le 22 septembre 2017, Emmanuel Macron s’adressait aux protestants français rassemblés à l’occasion du 500ème anniversaire de la Réforme de Martin Luther.

Ce fut le premier discours cultuel du président de la République, qui fut suivi par des adresses solennelles aux juifs lors du dîner du CRIF de mars 2018, puis aux catholiques le mois suivant au Collège des Bernardins.

Macron, le rendez-vous manqué

Curieusement, ce discours aux protestants ne fait aucune allusion à la « longue durée » des relations entre le pouvoir français et la religion réformée, ni à la répression dont ses fidèles furent les victimes jusqu’à leur émancipation et leur réhabilitation par les révolutionnaires de 1789.

Certes, les protestants français d’aujourd’hui, gens polis et discrets, n’avaient fait valoir aucune revendication mémorielle à l’occasion des célébrations du demi millénaire de l’émergence de leur foi.

Mais on peut tout de même s’étonner qu’un président si soucieux de porter en lui la continuité de l’histoire de France – son usage de Jeanne d’Arc en témoigne – n’aie pas jugé utile d’évoquer les heures tragiques qui ont marqué, dans notre pays, le destin des disciples de Martin Luther et Jean Calvin.

Pourtant, c’est précisément lorsque leurs descendants n’appellent pas bruyamment à la repentance collective (d’autres ne s’en privent pas !) qu’il serait élégant de manifester que les injustices dont ils furent, jadis, les victimes ne sont pas oubliées au sommet de l’Etat.

Madrid et les juifs de 1492

En la matière, l’exemple nous vient de Madrid : en janvier 2015, un décret royal ouvre la possibilité d’acquérir la nationalité espagnole à tous les descendants des juifs séfarades expulsés d’Espagne par le décret de l’Alhambra du 31 mars 1492.

Ce geste réparait, certes, une injustice, mais il était aussi motivé par la reconnaissance, par l’Espagne démocratique d’aujourd’hui, du maintien, dans les communautés juives chassées de leur pays, d’une langue et d’une culture judéo-espagnole qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours.

La population concernée par ce décret de « renaturalisation » était estimée à environ 3,5 millions de personnes, descendants des quelques 100 000 séfarades expulsés.

A ce jour, moins de cinq mille d’entre eux, dont beaucoup de juifs vénézuéliens à la recherche de cieux plus cléments que le paradis chaviste, ont déposé la demande d’un passeport leur ouvrant les portes de l’UE. L’immense majorité des autres descendants ne fera pas usage de cette possibilité, car leur situation actuelle, dans les pays où ils vivent, est plutôt prospère et sûre. Mais tous apprécient le geste de Madrid, une réparation symbolique longtemps attendue. Lire la suite par Luc Rosenzweig

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