Orléans: une cité au riche passé juif
Orléans n’est qu’à une heure et demie de Paris et possède un riche passé juif. Tout étudiant du Talmud connaît Rabbi Yaakov d’Orléans, un des Baalé Tossfot tué dans un pogrom à Londres, (lors du couronnement dr Richard Coeur de Lion en 1189). La ville elle-même est calme et jouit d’un bon niveau de vie.
Contrairement à la majorité des autres villes de la région, la présence juive orléanaise est attestée en ce lieu dès le 6e siècle. En 585, les juifs orléanais participèrent à la cérémonie de bienvenue en hommage au roi Gontran.
Il semble qu’ils lui demandèrent la possibilité de construire une nouvelle synagogue suite à la destruction de la précédente. La communauté juive d’Orléans était assez importante en nombre au Moyen Age.
Orléans devint au 12e siècle un centre important des études juives avec des personnalités telles Isaac ben Menahem, Abraham ben Joseph, Eleazar ben Meir, Yaakov d’Orléans et surtout Joseph ben Isaac Bekhor-Shor.
Les juifs furent expulsés d’Orléans en 1182 et la synagogue transformée en chapelle. Ils purent s’y réinstaller mais sous de nombreuses conditions et impositions. Il y avait au siècle suivant un quartier de la Juiverie et deux synagogues dans la ville. Mais à la fin du 14e cette réinstallation prit fin avec l’expulsion des juifs de France.
Suite au vent d’émancipation de la Révolution française, une petite communauté se reconstitua à Orléans au 19e siècle avec une quarantaine de membres disposant d’une synagogue.
Sur une plaque commémorative des soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale se trouve le nom de Léon Zay. Directeur du journal régional Le Progrès du Loiret, il était aussi le père de Jean Zay. Ce dernier nait et grandit à Orléans. Député du Loiret, il devient ministre de l’Education et des Beaux-Arts du gouvernement du Front populaire de 1936 à 1939. Il est à l’origine de nombreuses réformes scolaires et du Festival de Cannes. Il quitte le gouvernement en 1939 pour s’engager dans l’armée et partir au front. Il est arrêté par les troupes vichystes et emprisonné en 1940. Il est assassiné par des miliciens en 1944.
Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay rentrent au Panthéon. Photo de Yann Caradec – Wikipedia
La Nation lui rendra hommage après-guerre. Lors de son entrée au Panthéon en 2015 (en compagnie des autres résistants Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette), la ville organisa une série d’événements marquant le transfert du cercueil. Un lycée d’Orléans porte son nom. Un hommage fort au professeur Samuel Paty s’y déroula suite à son assassinat en 2020.
En mai 1969, les juifs orléanais, qui représentaient environ 500 personnes, furent victimes d’une rumeur complotiste, créant un climat de tension dans la ville. Les efforts des autorités locales, des personnalités intellectuelles et la presse déconstruisirent cette rumeur.
En 2020, la ville compte 400 juifs orléanais et une synagogue depuis 1970, située dans un ancien oratoire mis à disposition par la ville et l’évêché.
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Rencontre avec Olivier Loubes, historien, membre du groupe de recherches STUDIUM (Université de Toulouse) et auteur du livre Jean Zay. L’inconnu de la République (Colin, 2012) dont une réédition augmentée est publiée cette année, sous le titre Jean Zay. La République au Panthéon (Dunod, Ekho), 2021.
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Source: jguideeurope.org et hassidout.org
Synagogue d’Orléans
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Une anecdote a propos de la communaute juive d’Orleans au debut des annees 70 du 20e siecle: la communaute decida de feter l’Independance d’Israel dans un parc d’Orleans. Seul probleme: l’universite d’Orleans etait violemment anti-sioniste.
La Communaute se tourna donc vers le Consistoire Central, le Crif et la Licra (a l’epoque Lica) Toutes ces organisations centrales de la vie juive francaise leur repondit par la negative en ppretextant qu’elles n’avaient pas de service d’ordre organise.
Elles recommandaient toutefois de s’adresser au FEJ (Front des Etudiants Juifs) et au Betar. Ces organisations donnerent un accord favorable, nenamoins la Communaute declara qu’elle n’avait les moyens financiers de payer le deplacement Paris-Orleans-Paris et l’hebergement (une nuit). On parlait de 30 a 50 jeunes gens prets a en decoudre. Devant cette absence de moyens, ces organisations declinerent, le coeur serre, il faut avouer. La fete orleanaise fut saccagee par les etudiants orleanais et les personnes presentes rouees de coups. Est ce que le SPCJ aurait-il fait mieux ou autrement si il avait existe? Et cela n’empecha pas ces organisations a etre systematiquement denigrees et boycottees. Le signataire etait present dans ce deroulement des faits.
Merci pour votre anecdote. Cela me montre combien l’antisémitisme , dans ces villes de l’ouest de la France est une tradition bien enracinée, peut-être depuis le Moyen-Âge. Je peux comprendre que pendant des siècles, les Juifs du Pays Basque ne soient pas remonté au delà de Bordeaux. Il vaut mieux s’informer sur l’histoire et le passé d’une région avant de s’y rendre. Pour ma part, j’ai regretté de ne l’avoir pas fait, car si en 1980, j’avais su que Jean Zay avait été calomnié, diffamé et persécuté en tant qu’enjuivé à Orléans, je n’y aurais jamais mis les pieds.
Orléans fut l’une des pires ville antisémite de francaouie, où j’ai pu passer dans les années 70-80. A l’époque, ce type de ville située à 1 heure de Paris était une horreur. On parle des ‘chiens d’Orléans’ qui mordent tout le temps. Juif d’Algérie, je ne connaissais rien de cette partie de la francaouie. Je savais certes qu’il y avait eu le déchaînement de rumeurs antijuives en 1969, mais j’ignorais encore que l’enjuivé Jean Zay, à l’origine de l’ENA et du CNRS, député de cette ville dans les années 1930, y avait été persécuté, calomnié, diffamé. Bien qu’à Paris on m’ eut mis en garde contre cette ville, j’avais eu la malencontreuse idée de me retrouver le seul interne Juif à l’hôpital. C’est une erreur qui m’a coûté très cher.J’y ai subi les chiens jaloux qui n’ont pas manqué de défouler leur haine de ratés sur un petit youpin ignorant des institutions francaouies et ne sachant pas se défendre. Comme en 1936 et 1969, l’ Histoire ne faisait que se répéter. Leçon: avant d’aller dans un lieu, essayez de connaître son histoire, notamment vis à vis des Juifs, et cela vous épargnera bien des surprises.