Si, lancée sur la dernière ligne aléatoire de mon grand âge, je persiste à écrire en ma signature et non en celle d’une institution à laquelle je serais affiliée, ce n’est qu’en tant que simple témoin de mon temps – cf. pour la mise en exergue d’un “Moi”, se reporter à mes observations à ce sujet sur la pièce jointe et sur notre site. En voici le processus : je suis héritière de déportés de France assassinés dans les camps de la mort, d’Allemagne, des pogroms de Russie, de Bessarabie, et probablement aussi d’ailleurs, je fus immergée dès mes 7 ans dans la psychanalyse qui, grâce à Jacqueline Lévy-Geneste de l’OSE, psychanalyste devenue titulaire de la SPP, m’a confiée, à 7 ans, à Françoise Dolto.

Françoise Dolto m’a amenée, dès mes 7 ans à faire face courageusement à ma destinée, plutôt que me suicider, comme le firent ultérieurement, à l’adolescence ou jeunes adultes, nombre d’orphelins et de semi-orphelins héritiers directs de la déportation des Juifs, que j’avais bien connus lors de mon passage précoce dans les homes d’enfants et que j’ai côtoyés à l’extérieur pendant quelques années.

L’histoire de ces héritiers de la déportation, disparus pour cause de détresse irréparable, figure sur notre site.

Je suis areligieuse, ce qui ne retire en rien mon espérance en les “forces de l’esprit” de l’humain.

Au plan professionnel, ci-jointe également ma demande de reconnaissance d’exercice de la psychanalyse sans acquitter la TVA imposée jusqu’alors à une analyste non-médecin déclarée au fisc, datée de 1988, établie sur dossier complet, entérinée cette même année par le Ministère de la Santé.

Ces mises au point faites, il me faut revenir, vraiment à reculons, sur l’actualité médiatique.

Les lectrices et lecteurs intéressés trouveront en pièce jointe le commentaire remarquable de Robert Samacher du phénomène médiatique Onfray, un “buzz” dit-on aujourd’hui, paru dans JForum le 12 mars 2015, intitulé « Onfray, un falsificateur dogmatique ».

Je n’apporterai à cette analyse qu’une légère nuance. Samacher, de même qu’Émile Malet et tant de psychanalystes, pour illustrer le démolissage acharné de Freud par Onfray, se réfère à la “pulsion de mort”.

J’aurais trouvé plus exact le concept de “pulsion de destruction”.

L’hypothèse de la pulsion de mort selon Freud, n’est pas me semble-t-il, le besoin irrépressible de tuer, psychiquement ou physiquement. Freud la désigne ainsi pour expliciter, chez chaque humain, “le retour à un état anorganique”, giron du “principe de plaisir” – qu’il m’arrive de désigner par “principe de flemme” -, lequel oppose une résistance véhémente à la mort. Autrement dit : en faire, consciemment ou inconsciemment le moins possible dans l’actuel, le présent, pour éviter le déplaisir, durer le plus longtemps possible…

Émile Malet, ce matin 15 mars 2015, invité sur France Culture par Marc-Alain Ouaknin, attire notre attention sur la toute nouvelle mise en place d’un « Comité Freud », destiné à collecter, je cite,

Un patrimoine documentaire qui appartiendrait à tous, serait protégé pour le bénéfice de tous, deviendrait accessible à tous… c’est l’ambition du programme Mémoire du monde de l’Unesco, quel meilleur mémorial pourrait-il lui être offert?

J’en suis enchantée. En effet, en 2006 – j’étais encore parfois écoutée – lors de la campagne présidentielle, j’avais proposé (cf. sur notre site) que le prochain Président de la République, quelle que soit sa “sensibilité” politique, créée une fondation française en hommage à Freud, dans la perspective d’éduquer, d’enseigner, à tous âges, sa conception de l’éthique, en vue de faire évoluer l’intelligence du terme “civilisation“.

Je crains fort que l’Unesco, au su de sa position bizarre, laquelle pratique un amalgame plutôt dru entre le fait d’être Juif de par le monde (ça s’est trouvé comme ça) et Israël comme nation, traîne sans réponse en interminable longueur l’initiative du Comité Freud…

Une deuxième minime nuance. Émile Malet se réjouit de l’accueil favorable de l’Amérique au Comité Freud, mais à New-York. Hélas, comme nous l’a démontré de tous temps l’Amérique, New-York n’est pas l’Amérique, New-york est New-York…

Guerre fratricide déplorable entre philosophes

Ah, la “fraternité” tant invoquée ! Ô, négligence devant la jalousie, les rivalités infantiles meurtrières, manifestes ou travesties, entre frères et sœurs, fixées au cours de l’étape œdipienne, ancrées au long de la vie entière… génitrices du “narcissisme des petites différences”, autrement dit, de tueries incessantes, de fanatismes, d’obscurantismes, mais aussi… d’indifférence, laquelle est une arme de défense comme une autre, en plus hypocrite…

Allons-y, surmontons notre propre résistance et revenons à l’Onfray de 2015, dont j’écris ce que je pense des thèses qu’il avance depuis 2005 (cf. sur notre site). Pour ne citer que mes récentes contributions sur le sujet entre 2010 et 2015 :

« Au-delà du principe de plaisir »

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/audela.sept.2010.html

 Note liminaire à « À propos du Professeur Onfray »

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/onfray.26.08.12.html

Freud, Françoise Dolto… à l’aune de la calomnie

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/calomnie.freud.dolto.html

Commentaires de « Résistances à la psychanalyse » 2014-2015

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/com_resist.html

Si j’ai indiqué ces références et proposé en pièce jointe l’un de ces textes, c’est pour éviter de me répéter indéfiniment…

Nous assistons depuis une dizaine d’années à une guerre d’influence idéologico-politico médiatique, une guerre de prépondérance de pouvoir intellectuel, de philosophes français qui n’ont rien trouvé de plus pertinent, plutôt qu’analyser le contenu d’une œuvre, que s’entendre sur une visée commune, démolir l’homme Freud autant que sa théorie, Freud initiateur (définition : étant le premier à ouvrir un domaine nouveau à la connaissance humaine) de la psychanalyse, dans l’intention délibérée de mieux s’étriper publiquement et mettre en avant leur nom. Nous nous demandons d’ailleurs pourquoi. Et pourquoi aussi, Onfray ne s’est pas attelé à une biographie moderne, celle de Lacan. A-t-il craint d’être poursuivi en justice par l’exécuteur testamentaire de Lacan, coutumier de la chose ?

La philosophie n’est que l’une des disciplines théoriques, certes digne du plus grand intérêt, non étrangère à la psychanalyse, néanmoins latérale, périphérique, puisqu’elle ne se préoccupe pas de praxis, et dont ces philosophes, s’étant délibérément exonérés d’une analyse personnelle – laquelle exige du courage -, ignorent tout.

Or, les auteurs de ce grabuge, de même d’ailleurs que nombre de psychanalystes eux-mêmes, se gardent de lire Freud. Si Onfray a “tout lu” Freud comme il le prétend (!) pendant son adolescence (cf. son entretien très consensuel avec Jacques-Alain Miller dans « Philosophie magazine » du 21 janvier 2010, n° 2782, intitulé « Pour en finir avec Freud »), il a oublié sa fonction de chargé d’enseignement, qui me semble-t-il consiste à rafraîchir, réactualiser ses connaissances de jeunesse, de sorte de pouvoir transmettre, à la cinquantaine, l’évolution de sa pensée. Selon la tradition, les chercheurs / professeurs, dans toutes les disciplines, ne s’économisent pas une lecture renouvelée, permanente, des textes fondateurs, qui leur permet de commenter devant leur audience le mûrissement de leur réflexion.

En cela, voici qu’aujourd’hui Luc Ferry, subjugué, emboîte le pas à son [sic] “camarade Onfray”. Ainsi, dans Le Figaro des 14-15 mars 2015, fort de détenir la vérité du philosophe, écrit-il du mythe d’Œdipe : “C’est cela le thème de l’Œdipe roi de Sophocle, et l’interprétation de Freud est aussi fausse que superficielle…”

Par contre, je maintiens, comme je l’ai déjà écrit, qu’Onfray ne connaît rien à la théorie freudienne, pas plus qu’à la clinique psychanalytique, et n’a surtout jamais ouvert un tome de la volumineuse correspondance de Freud. Sans doute a-t-il étayé ses thèses à partir de biographies, publications, potins salaces, sciemment malveillants…

S’il s’était intéressé aux échanges de lettres, ne serait-ce qu’entre Freud et Ferenczi, Arnold Zweig, Binswanger, Eitingon, le Pasteur Pfister… plutôt que calomnier Freud, le traiter de “collaborateur des nazis”, âpre au gain – comme sont les Juifs, cela va de soi -, il aurait su que sa remarque sur la Gestapo était, selon l’expression de Peter Gay, d’une “ironie sardonique”, l’humour juif étant la réponse, fréquente chez Freud – cf. « Le mot d’esprit… » – devant la désespérance ; s’il avait lu les auteurs précités, aurait-il relevé qu’à propos de son « Moïse », qu’il avait sous-titré un temps « Roman historique », Freud se montrait plus que dubitatif sur sa fiction et écrivait “Je ne suis pas en mesure de garantir la véracité de mes suppositions”… ?

Aurait-il relevé que Freud, jusqu’à ce qu’il soit dépossédé, contraint de quitter Vienne, outre la nécessité de pourvoir au bien-être familial élargi, avait toute sa vie assuré une pension régulière à ses élèves en cours d’études, à des ami/e/s, non fortunés ? Onfray aurait-il retenu que Freud écrivait :“Je suis las de devoir gagner de l’argent…” ? Aurait-il relevé que les saillies de Freud sur l’argent ne s’appliquaient qu’à des analysants américains opulents ?

Trois des sœurs de Freud, et probablement d’autres de ses collatéraux de la Mitteleuropa furent assassinés, elles gazées, dans les camps de la mort. Onfray aurait-il lu, ne serait-ce dans la biographie approfondie, rigoureuse, de Freud par Peter Gay, avec références, commentaires, renvois méticuleux à la correspondance, extraits de lettres, dans celle d’Anna Freud par Elisabeth-Young-Bruehl, les inquiétudes de Freud sur le sort de ses vieilles sœurs ? Les multiples démarches de Marie Bonaparte et de ses relations internationales pour obtenir leurs visas de sortie d’Autriche, restées vaines ? Anna n’apprit l’assassinat de ses tantes qu’en 1946. Depuis le 23 septembre 1939, Freud n’était plus.

Bien que cela ne porte atteinte à la justesse de son analyse des masses humaines, de mon côté, je me suis toujours interrogée sur le besoin qu’avait eu Freud de trouver une noble origine, vérité historique dit-il, à un premier Moïse non-Juif, à Shakespeare…, et rejoins  à ce sujet les fines appréciations de Peter Gay. Jusqu’au « Moïse… » en effet, Freud avait bâti sa théorie à partir de l’analyse de la structure du rêve – travail dont les analystes lacaniens se dispensent de pratiquer depuis près d’un demi-siècle -, en même temps que du mythe d’Œdipe et ce, pour décrire en quoi consistait le noyau de la névrose.

Or que pensait alors Freud des mythes? :

Les mythes sont des satisfactions symboliques dans lesquelles le regret de l’inceste s’épanche. Ils ne constituent pas la commémoration d’un événement. 

Et voilà que le temps passant, il privilégiait la vérité historique, soit la vérité vraie ? Qu’il substituait le réel, c’est-à-dire ce qui est dégagé de la subjectivité du sujet, au symbolique, à la métaphore ? La quête de ses propres origines ne l’avait-elle jamais quitté ?

Une autre de mes réserves porte sur la femme en tant que telle. L’homme Freud convenait honnêtement ne pas comprendre grand-chose à la femme et en effet, à lire sa correspondance, nous nous apercevons qu’il pataugeait… pour finir rapidement et toujours aussi honnêtement par confier la question de la femme aux psychanalystes femmes. Il semblerait que sa sympathie pour les femmes était assez caractéristique de celui de la plupart des hommes en général, intégrés au milieu auquel lui-même avait accédé, qu’elle s’adressait de préférence à celles issues de la bourgeoisie cultivée ainsi que de l’aristocratie…

“Pour en finir” avec les contempteurs, et de Freud et de celles et ceux de toutes extraces, toutes provenances, toutes conditions, de toute liberté de penser et de la dire, qui n’ont pas l’heur d’être sélectionnés par ce que l’on appelle, plus ou moins proprement des élites – cf. = Milieux restreints d’une société dont les membres s’arrogent le droit de juger des choses de l’esprit, de faire et de défaire les réputations -, le 9 mars 2015, après avoir franchi une accumulation de contretemps sévères, j’écrivis les courriers suivants à l’une des responsables de la transmission au sein d’institutions juives et à Élisabeth Roudinesco :

 

Chère *** 

C’est en lisant Le Figaro de samedi 07 mars, dans lequel une demi page retrace le parcours de l’épouse du petit-fils de Lacan (d’un premier mariage), que je viens enfin, dans mon grand âge, de conclure à une réalité devant laquelle, effectivement, jusqu’ici un petit espoir nichait encore…

Sans origine décelable, désertée par mon dernier étai depuis 2010 pour cause de décès, sans plus de cooptation mondaine – j’ai analysé les motifs de cet état de faits, dont celui de se tenir éloignée des choses médiatiques, appliqué à une (au singulier) héritière de la déportation dans un texte qui figure sur notre site -, j’ai certes peu de chance simplement d’être écoutée comme témoin de mon temps, et selon un terme de valeur, pour mon seul mérite. Ce dernier souffle d’espoir a été balayé par le net rejet des institutions juives et autres, notamment “psys”, de s’intéresser à la Lecture / Spectacle « À la bonne adresse », d’aider à sa diffusion.

Toute ma vie de 47 ans de travail jusqu’aujourd’hui, j’ai entendu – et aussi plus récemment Laure, responsable artistique de la Compagnie Le GrandTOU -, émanant de délégués culturels, intellectuels, professionnels, des propos vulgaires que l’intention d’ignorer ne justifiait nullement, que rien d’ailleurs ne justifie en général.

Côté “psys ”, depuis des dizaines d’années, je m’étonne des publications, des colloques, conférences, expositions, de la démarche des chercheurs, des interprétations, relatifs aux conséquences psychiques de la déportation auprès de ses héritiers directs et indirects.

L’ancienne Directrice générale de l’OSE, Vivette Samuel, de 1942 jusqu’à sa fin d’exercice en 1985, en avait précieusement collecté les archives depuis sa fondation, lesquelles retracent l’itinéraire de chaque enfant de déportés juifs revenus ou non. Les observations sur le psychisme de chaque enfant d’alors, puis sur son évolution dans le temps, ainsi que les témoignages d’éducateurs, de psychologues, de psychiatres, y sont recueillies, dont ceux, perspicaces, remarquables, du Dr Irène Opolon, élève d’Eugène Minkowski, tous deux et avec d’autres courageux relais dans un réseau de résistance et de sauvetage d’enfants. Il est loisible de rencontrer Irène Opolon en se reportant à l’adresse suivante :

http://www.ose-france.org/wp-content/uploads/2011/06/OPOLON-2.pdf

Les archives de Vivette Samuel sont empilées dans un département des Archives nationales à Amiens, soit 40 cartons : ils n’ont jamais été ouverts.

Par ailleurs, ainsi que je l’ai écrit à Élisabeth Roudinesco (cf. ci-dessous), j’ai été affligée que la branche culturelle du FSJU, reliée à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, invite Onfray à un débat sur l’antisémitisme, auquel participe également Serge Klarsfeld.

La météo n’est donc pas très lumineuse…

Micheline W.  

 

À Élisatbeth Roudinesco

Message 09/03/2015 08:42 à Élibeth Roudinesco + copie à Klarsfeld.

Sujet : FW: Onfray

Il y a 9 ans, je me suis inquiétée de l’évolution des déclarations d’Onfray, résultat, je me suis fait violemment taper dessus par l’extrême-gauche antisémite au prétexte d’antisionisme, et récuser par vous-même, chère Élisabeth.

La déclaration de Manuels Valls était maladroite. Sensible à la liberté d’expression, ce n’est pas la teneur des propos d’Onfray que j’aurais indexée, mais le fait que Manuel Vals nomme publiquement un philosophe ouvertement antisémite, référent passager d’Onfray, auquel ainsi il fait une pub efficace, en opposition à un autre, qu’il honni et qui se trouve être juif, tous trois médiatiques, et instille ainsi les noms, donc les idées, dans les esprits.

N’aurait-il pas été préférable que Manuel Vals intitule une réponse du style : “Ce n’est vraiment pas le moment”, tout en argumentant brièvement le fond, l’intention de la chose ?

J’ai été affligée que la branche culturelle du FSJU, relié à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, invite Onfray à un débat sur l’antisémitisme, auquel participe également Serge Klarsfeld.

Certes, Onfray n’émets pas que des contre-vérités, loin s’en faut, il se trouve que je fais volontiers écho à bien des thèmes qu’il aborde, seulement, comme nombre de ses prédécesseurs philosophes illustres – Kant, Hegel, Proudhon…, auteurs d’essais spécifiques antijuifs – ses références se limitent à une condition : que n’y apparaissent pas des noms juifs, tel celui de Moses Mendelssohn, co-promoteur des Lumières…

© Micheline Weinstein / 16 mars 2015

psychanalyse.et.ideologie.fr

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