Alors que des ‘protocoles’ antisémites sont distribués dans les rues de Varsovie, le gouvernement polonais refuse de recevoir une délégation israélienne

avatarpar Ben Cohen

Un manifestant à Varsovie porte une pancarte antisémite lors d’une manifestation contre la restitution de biens volés à des Juifs polonais pendant l’occupation nazie. Photo: Agencja Gazeta / Maciej Jazwiecki via Reuters.

L’hystérie politique croissante en Pologne à propos de la possibilité de restituer des biens individuels juifs volés pendant la Seconde Guerre mondiale a atteint de nouveaux sommets lundi, lorsqu’une délégation israélienne officielle est arrivée dans le pays pour découvrir que le gouvernement polonais refusait de la rencontrer.

Selon L’Algemeiner, les Israéliens étaient déjà arrivés à Varsovie lorsque le ministère polonais des Affaires étrangères a annoncé lundi qu’il « avait décidé d’annuler la visite de responsables israéliens après que la partie israélienne a modifié à la dernière minute la composition de la délégation, suggérant que les discussions porteraient principalement sur les questions liées à la restitution des biens. « 

Selon le journal libéral polonais  Gazeta Wyborcza le gouvernement polonais s’est opposé à la présence dans la délégation de Dan Haezrachi, chef du département du ministère des Affaires étrangères israélien chargé de la restitution des biens volés pendant la Shoah. « Le message du ministère des Affaires étrangères polonais dans cette affaire était plutôt clair et sans ambiguïté au regard des normes diplomatiques », a commenté le journal.

La dernière escalade de la Pologne dans sa longue controverse contre Israël et les organisations juives du monde à propos du sort réservé à trois millions de Juifs polonais pendant la Shoah nazie a eu lieu deux jours seulement après une manifestation de colère, ouvertement antisémite organisée à Varsovie par des ultranationalistes opposés à la restitution.

La police a estimé le nombre de manifestants à 10 000, tandis que les organisateurs ont estimé à 20 000 le nombre de manifestants qui ont marché samedi à Varsovie pour se rendre à l’ambassade américaine dans la capitale polonaise. En apparence, ils se sont concentrés sur la loi de 2017 sur la justice pour les survivants sans indemnités aujourd’hui (JUST) adoptée par le Congrès américain – qui donne mandat au département d’État de faire rapport sur «les lois nationales et les politiques exécutoires» concernant la restitution dans les nations touchées par la Shoah – la marche a rapidement dégénéré, où parmi les marcheurs, on a entendu des chants antisémites: «C’est la Pologne, pas Polin», une référence au mot hébreu (bienveillant) pour désigner la Pologne.

Une des affiches de la marche faisait écho au langage de la campagne de boycott antisioniste contre Israël dans les pays occidentaux, avec sa dénonciation de la législation JUST comme résultant d’une ‘ »Action sioniste ». On a aussi aperçu certains marcheurs en train de distribuer des copies de la tristement célèbre fabrication antisémite  » Protocoles des Sages de Sion ».

Rafal Pankowski – le directeur du plus important groupe antiraciste polonais, l’association  » Plus jamais », a déclaré à The Algemeiner lundi que le différend en cours devait être replacé dans le contexte d’une campagne politique plus large mettant en avant les droits nationaux polonais et qui assimile sciemment les souffrances polonaise et juive sous l’occupation nazie, à un niveau d’égalité totale et indiscutable.

« La question de la restitution a servi de prétexte à l’extrême-droite polonaise pour attiser une hystérie antisémite », a déclaré Pankowski. « C’est devenu un thème majeur de la campagne électorale du Parlement européen, qui a été entachée de xénophobie et de discours de haine, notamment par le biais de chaînes de propagande sur YouTube. »

Pankowski a ajouté que l’opposition à la restitution était « aussi un fruit de la vague d’antisémitisme dans les médias et la politique polonaises au cours de la controverse autour de la loi de 2018 relative à l’Institut de la mémoire nationale », qui avait pour effet de criminaliser le débat public sur la collusion polonaise avec les nazis.

«Malheureusement, nous sommes toujours témoins des répercussions de cela», a déclaré Pankowski.

La Pologne est le seul État membre de l’Union européenne à ne pas avoir adopté de législation restituant les biens des victimes individuelles de l’Holocauste et de leurs descendants. Les États-Unis ont également exhorté la Pologne à agir dans ce dossier. Lors d’une visite à Varsovie en mars, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré que les États-Unis reconnaissaient « l’importance de résoudre les problèmes du passé en suspens ».

À l’époque, Pompeo avait déclaré : «J’exhorte mes collègues polonais à adopter une législation complète en matière de restitution de propriétés privées à ceux qui ont perdu des biens pendant la période de l’Holocauste. »

Mais les événements de lundi ont laissé penser que le gouvernement polonais allait dans la direction opposée, comme l’avaient noté avec approbation les politiciens d’extrême droite.

Dans une interview accordée lundi à la radio populaire Radio Maryja – et profondément antisémite – , un parlementaire de droite a exprimé sa vive approbation de la « décision du gouvernement polonais d’annuler la visite de la délégation israélienne ».

Tomasz Rzymkowski – un député du groupe nationaliste de droite Kukiz ’15 au Parlement polonais – a ajouté que le gouvernement polonais devait maintenant aller au-delà des « déclarations de non-acceptation des revendications des communautés juives des États-Unis ou d’Israël concernant les solutions juridiques qui nous protégeront contre de telles demandes à l’avenir. « 

D’autres publications ont publié des déclarations plus explicites d’antisémitisme. Par exemple, l’édition actuelle de l’hebdomadaire Najwyzszy Czas  contient une interview d’un autre personnage d’extrême-droite bien connu, Grzegorz Braun, dans laquelle il s’est exprimé sur «la guerre que les Juifs mènent contre la nation polonaise».

«Les Juifs ont commencé cette guerre il y a plusieurs siècles», a déclaré Braun. « En fait, ils l’ont toujours menée contre les Polonais et contre le monde chrétien dans son ensemble. »

algemeiner.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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Miraël

Quelle honte d’écrire une ineptie comme « les juifs ont mené une guerre contre le monde chrétien ». Ces gens étalent non seulement leur antisémitisme mais également la méconnaissance crasse de l’histoire de leur propre religion.
Avec des discours comme ça, on comprend le mouvement qui poussent de nombreux catholiques pratiquants à se tourner vers la Torah d’Israël pour retrouver la véritable racine de leur foi.

Myriam

Ces gens qui refusent de restituer les biens volés aux Juifs n’ont aucune décence. Le comble: il paraîtrait (a confirmer) que le terrain sur lequel a été construit le camp d’Auschwitz appartenait à une Juive !

Czarnik

Rien étonnant, je suis née en Pologne, le jour quand j’ai quitté ce pays ça été un grand bonheur, ils ont été, ils sont et ils seront toujours antisémites ces Polonais, ça doit être dans leurs gènes

Élie de Paris

Que nous chaut que les biens spoliés et volés restent dans les mains voleuses ?
C’est qu’elles recèlent, aux Yeux du Seigneur…
Tels un certificat, une confirmation, une preuve tangible pour le Jour Grand et Redoutable.
En fait, c’est mieux comme cela, ce peuple juif au cœur d’artichaut n’aura point à intervenir quand celui-là, _et les autres_comparaitront devant le Jugement.
Se peut-il qu’IL endurcisse, encore, les cœurs ?
Cela prouve que le Dénouement n’est plus très loin…