C’est sur un ton sévère que le secrétaire général du Hezbollah s’est adressé hier au gouvernement en évoquant les scandales de corruption et de la pollution du Litani, des sujets qui, traditionnellement, ne figuraient pas à son ordre du jour. Le chef du parti chiite, qui a complètement ignoré l’échéance présidentielle, s’est toutefois étendu sur les tentatives présumées de l’Arabie saoudite en direction de la normalisation des relations avec Israël, mettant en garde contre les conséquences d’une telle entreprise qui « serait une catastrophe ».

S’exprimant à l’occasion du décès, suite à une longue maladie, d’un des hauts commandants du parti, Ismaïl Ahmad Zahri, Hassan Nasrallah a assuré que les Libanais « ne paieront pas un sou de plus en TVA avant que la lumière ne soit faite sur les dossiers de corruption, notamment l’affaire des réseaux Internet illégaux ».

« S’il y a une volonté réelle de suivre ce dossier (aujourd’hui aux mains de la justice) jusqu’au bout, le gouvernement n’a qu’à récupérer le manque à gagner occasionné, estimé par certains jusqu’à un milliard de dollars », a-t-il dit.

Qualifiant les caisses de l’État de véritable « passoire », il a insisté sur le fait que ces « dossiers sont pressants et ne peuvent plus être reportés ». Le chef du parti chiite s’en est également pris au laxisme dont a fait preuve l’exécutif en matière de protection de l’environnement, dénonçant la pollution du fleuve du Litani, dont « risque de pâtir la santé de l’ensemble des Libanais, toutes communautés confondues ». Évoquant une « cause nationale par excellence », le numéro un du Hezbollah a indiqué que les responsables des dégâts ne doivent bénéficier d’aucune couverture politique, préconisant « la fermeture, si besoin, des carrières et des usines incriminées ». « Le laxisme à ce niveau ne saurait être toléré et serait considéré comme une complicité de meurtre », a-t-il asséné.

« Bientôt témoins d’une catastrophe »
Hassan Nasrallah s’est par ailleurs livré à un violent réquisitoire contre l’Arabie saoudite, l’accusant de vouloir normaliser ses relations avec Israël, en allusion à certaines informations sur une récente visite d’un ex-général saoudien en Israël. « La position saoudienne (à l’égard d’Israël) passe d’une relation dans les coulisses et en secret à une relation ouverte, et ceci constitue récemment le pire développement sur la scène arabe », a affirmé le chef du parti chiite. Il faisait référence à la visite d’un ex-général saoudien, Anwar Eshki, en Israël, où il a rencontré le directeur général du ministère des Affaires étrangères, comme l’avait indiqué ce ministère le 24 juillet. Le dignitaire chiite a estimé que ce genre de rencontre « ne peut se passer sans l’accord du gouvernement saoudien ». « Ceci n’est qu’un début, le début du passage du « secret » au « public », dans les relations avec l’ennemi israélien », a prévenu Hassan Nasrallah. Et de poursuivre : « Le jour où l’Arabie reconnaîtra Israël en tant qu’État, il s’agira d’un grand pas en faveur de ce dernier, sans aucune contrepartie pour les Palestiniens (…). Une normalisation saoudienne est gratuitement offerte à Israël, et cela sera la fin, car d’autres pays voudront faire de même. L’Arabie, qui se présente au monde en tant qu’État de l’islam, de la charia, du Coran, des deux mosquées saintes, prend contact et entretient des relations et probablement reconnaîtra dans un futur proche Israël en tant qu’État. Certains dignitaires religieux saoudiens vont bientôt émettre des fatwas afin de justifier cette probable normalisation », a-t-il ajouté.

Sur un ton alarmiste, le dignitaire chiite a martelé : « Nous serons bientôt témoins d’une catastrophe, si la voie vers une normalisation avec Israël est pavée. Car, après l’Arabie saoudite, d’autres États voudront faire de même. » Il a estimé que « tout le monde, toute personne, doit condamner cette situation qui ne sert que l’ennemi, lequel s’en prend aux Palestiniens et aux peuples de la région ».

Sur le plan régional, Hassan Nasrallah a poursuivi son réquisitoire contre Riyad, l’accusant d’« insister à poursuivre ses batailles sur tous les fronts », en référence au conflit au Yémen et en Syrie, ainsi que la contestation à Bahreïn. « Au Yémen, la guerre et les bombardements se poursuivent. C’est cela la culture saoudienne, wahhabite, celle de Daech (acronyme arabe du groupe État islamique) et d’el-Qaëda, du Front Fateh el-Cham (ex-Front al-Nosra) », a-t-il dit, en mentionnant les massacres commis à Saint-Étienne-du-Rouvray, à Nice, en Allemagne, à Alep. Hassan Nasrallah a ainsi accusé le royaume saoudien de propager cette culture « dans les programmes pédagogiques, les médias et par le biais des prédicateurs ».

« Votre projet n’a pas d’avenir »
Concernant le conflit en Syrie, le secrétaire général du Hezbollah a stigmatisé implicitement le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Jubeir, l’accusant de vouloir « décider du sort du président Bachar el-Assad à la place du peuple syrien ». Il a critiqué ainsi les propos de M. Jubeir, dans lesquels il appelle M. Assad à partir, de gré ou par la force des armes. Hassan Nasrallah a évoqué ensuite les avancées réalisées par l’armée du régime Assad appuyée par les forces russes, à Alep. « Ce qui s’est passé à Alep reflète l’équation régionale, et ce qui a échoué à Alep, il y a quelques jours, ce sont les rêves d’empire de certains », a-t-il lancé, en référence à l’Arabie saoudite.
Et de conclure, en changeant subitement de ton à l’adresse des dirigeants saoudiens : « Votre projet n’a pas d’avenir. Les décideurs saoudiens ont l’opportunité de négocier. Ne soyez pas arrogants, vous avez une opportunité pour être partenaires dans cette région et assurer votre quote-part. Mais, dans le cas contraire, vous allez être défaits. Le programme des Saoud est voué à l’échec. »

OLJ

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Adam

Nasrallah, ami de la France et de Jean-Marc Ayrault, dit vrai : si les saoudiens reconnaissent Israël, ce sera la fin du Hezbollah et des Palestiniens. La fin aussi du rêve français d’imposer sa paix de dupes, une France qui décidément n’a rien compris ni au proche-orient, ni à l’islam, ni au terrorisme.