Narbonne: une ancienne présence juive

Le musée d’Art et d’Histoire de Narbonne conserve la plus ancienne inscription se rapportant à la présence juive en France. Il s’agit d’une épitaphe pour les trois enfants de Paragorus: Justus, trente ans, Matrona, vingt ans, et Dulciorella, neuf ans. La preuve absolue de la judéité de l’inscription est donnée par la présence d’un chandelier à sept branches ainsi que par le petit texte en hébreu : « Paix sur Israël ». Ce même musée conserve une autre inscription funéraire.

Inscription funéraire de Narbonne (689) 

La présence juive à Narbonne semble dater au moins du 5e siècle comme le confirment des lettres écrites en 470 et 473. Au 7e siècle, des pierres retrouvées avec des inscriptions en hébreu et en latin attestent de cette présence. Comme l’affirme le hors-série du Midi Libre consacré aux Juifs d’Occitanie, selon une légende Charlemagne aurait octroyé de nombreux privilèges aux juifs suite à sa conquête de Narbonne. Parmi eux, la possibilité d’avoir un « roi », un représentant important de la communauté.

 À son propos, Abraham Ben Daoud écrit en 1161: « Alors le roi Charlemagne demanda au calife de Bagdad de lui adjoindre un juif de la tribu du Roi David. Ce dernier lui adressa un homme sage du nom de Rabbi Makhir. Le roi Charlemagne l’établit à Narbonne, ville capitale, l’y introduit et lui conféra une position éminente alors même qu’il venait de reprendre la cité aux Arabes. Et Makhir prit pour femme la fille d’un des notables de la ville (…) et le Roi l’anoblit et, en témoignage de son estime, conféra à tous les juifs de la ville des franchises qui furent inscrites en latin dans une charte revêtue du sceau impérial ; et cette charte leur fut remise. Le prince Makhir fut alors reconnu comme chef. Ses descendants, comme lui-même l’avait fait, conservèrent par la suite des liens étroits avec le roi. »

David Kimchi

Dans ses Carnets de voyage, Benjamin de Tudèle indique que Narbonne est connue pour ses prouesses scientifiques et désormais bibliques, grâce à l’apport des juifs notamment.

Parmi les grands savants, il mentionne le rabbin Kalonymos. Il eut d’ailleurs le privilège de pouvoir sceller des actes publics d’un sceau sur lequel figurait le lion de Juda. Et aussi Jaccaben Jekar, un des maitres de Rachi.

A partir du 12e siècle, la population juive narbonnaise de cette ville florissante du Moyen Age augmente, principalement suite à la venue de juifs andalous.

Parmi eux de grands chercheurs scientifiques, littéraires et talmudistes. Qui partagent ces savoirs en différentes langues, qu’il s’agisse de l’espagnol, l’arabe, langues d’origines et l’hébreu et le français, langue du pays d’accueil. David Kimchi, un de ces grands chercheurs et fils d’un exilé, est l’auteur du Sefer Hashorashim.

Bible de Cervera, Traité de David Kimchi

La communauté juive de Narbonne contribue à l’essor de la ville et profite d’une grande liberté accordée par les autorités locales, qu’elles soient politiques ou religieuses. Il semble d’ailleurs que les mesures discriminantes du Concile de Latran soient peu suivies.

Par contre, le meurtre d’un pêcheur en 1236 suscite des émeutes locales de la population, entrainant violences et pillages. Juste avant la grande expulsion de 1306, la ville compte 825 juifs, ce qui constitue près de 4 % de la population totale.

Le Musée lapidaire conserve une inscription synagogale datée de 1240. On y trouve également une inscription funéraire.

Une vingtaine de familles juives habitent actuellement à Narbonne, en partie issues de l’arrivée des juifs d’Afrique du Nord dans les années 1960. Une synagogue accueille les fidèles.

Source 

 Sceau du roi des juifs Narbonne le second Kalonymos ben Todros XVIIIeme sc

Sceau du roi des juifs
Narbonne le second Kalonymos
ben Todros XVIIIeme sc

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