NAF NAF rachetée par un groupe turc : quel avenir pour son emblématique petit cochon ?

L’enseigne française NAF NAF, symbole d’une mode accessible et dynamique depuis les années 1970, traverse une période de profonde mutation. Après avoir connu des difficultés économiques croissantes, elle vient d’être rachetée par la société turque Migiboy Tekstil. Ce changement de propriétaire s’accompagne d’une évolution notable dans l’image de marque : l’icône du petit cochon, si chère à l’histoire de NAF NAF, semble avoir disparu. Faut-il y voir un simple rafraîchissement marketing ou une transformation plus profonde ?

Un emblème en voie de disparition
Fondée en 1973 par les frères Gérard et Patrick Pariente, NAF NAF s’est rapidement imposée comme une marque phare de la mode féminine. Son logo, inspiré du personnage du conte des « Trois Petits Cochons », incarnait l’ingéniosité et la solidité. Dans les années 1980, la campagne publicitaire « Le grand méchant look » ancre encore davantage ce cochon sympathique dans l’imaginaire collectif.

Or, plusieurs employés des boutiques signalent aujourd’hui des modifications subtiles mais significatives. Des petits cœurs auraient remplacé le célèbre animal sur certains supports visuels. Cette observation, bien que non confirmée officiellement par le siège de la marque, suscite des interrogations sur l’orientation que souhaite donner le nouveau propriétaire turc.

Une marque frappée par la crise
NAF NAF, comme de nombreuses enseignes de prêt-à-porter, a subi de plein fouet les crises successives : ralentissement économique, montée en puissance du e-commerce et concurrence agressive de plateformes comme Shein. Déjà placée en redressement judiciaire en 2020, l’entreprise avait été rachetée une première fois par SY International, un groupe franco-turc, sans parvenir à redresser durablement la situation.

En 2024, Migiboy Tekstil investit 1,5 million d’euros pour relancer la marque, avec un engagement fort : préserver 90 % des emplois restants. Un espoir pour les 521 salariés et les nombreuses boutiques encore en activité, alors que d’autres enseignes historiques comme Camaïeu et Kookaï ont déjà succombé aux mêmes difficultés.

Une disparition controversée
Si le rachat de NAF NAF par un acteur turc est perçu comme une opportunité de relance, il soulève aussi des débats. L’absence du petit cochon dans les récentes campagnes publicitaires intrigue. Certains y voient une simple décision marketing visant à moderniser l’image de la marque, tandis que d’autres s’interrogent sur une possible influence culturelle. La Turquie, pays où l’islam est la religion dominante, pourrait-elle avoir influencé la disparition de cette mascotte associée à un animal souvent proscrit dans cette tradition ?

En 2022, la marque avait déjà évité de faire apparaître son cochon dans sa campagne retraçant son histoire. Un choix qui, dans un contexte où la sensibilité culturelle est de plus en plus prise en compte dans les décisions des entreprises internationales, peut être perçu comme stratégique.

Entre modernisation et fidélité à l’identité
Ce changement d’identité visuelle interroge sur l’avenir de NAF NAF. Si la marque doit s’adapter aux réalités du marché et aux attentes d’un public international, elle doit aussi veiller à ne pas perdre son ADN. En France, où le porc reste la viande la plus consommée avec 32 kg par habitant et par an, le petit cochon demeure un symbole fort.

Ce revirement est-il le signe d’une simple modernisation ou bien le reflet d’un changement plus profond de la marque sous l’influence de nouveaux investisseurs ? Seul l’avenir dira si cette transformation saura séduire sans aliéner la clientèle fidèle de NAF NAF.

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