Moshe Ridler, survivant de l’Holocauste et victime du Hamas
PORTRAIT. Arrivé il y a cinq ans au kibboutz Holit pour se rapprocher de sa famille, Moshe Ridler, qui avait réussi à s’enfuir d’un camp de la mort à 11 ans, a été assassiné le 7 octobre.
Moshe Ridler a survécu à la Shoah mais pas au Hamas. À 91 ans, il était le doyen du petit kibboutz Holit, non loin de la frontière égyptienne. Il y avait emménagé il y a cinq ans pour se rapprocher de sa famille. Ses voisins appréciaient son humour décapant et sa forte personnalité. Il aimait la danse et les voyages, mais sa nombreuse descendance était sa plus grande fierté.
Né en décembre 1931 en Roumanie, Moshe Ridler avait perdu une partie de sa famille pendant la Seconde Guerre mondiale. Quand la déportation des Juifs commence, son père et sa sœur aînée sont envoyés dans un camp de travail à Odessa. Quant à Moshe, il est conduit à l’âge de 9 ans dans un camp d’internement Romanka en Transnistrie avec sa mère et sa sœur. Celles-ci meurent bientôt du typhus, le laissant livré à lui-même.
À 11 ans, il parvient, avec d’autres enfants, à échapper à ses geôliers et à s’enfuir. « Il nous a raconté qu’il n’a jamais cessé de courir, explique son petit-fils. Ce dont il se souvenait, c’est de s’être réveillé avec une famille d’une région rurale d’Ukraine et d’avoir passé tout le temps de la guerre avec elle. » À la fin du conflit, comme d’autres Juifs roumains, il regagne son pays et y retrouve son père sur les marches d’une synagogue. À 20 ans, il émigre dans le jeune État d’Israël, où il travaillera dans la police aux frontières, puis à l’Agence juive.
Moshe Ridler a été assassiné le 7 octobre par les terroristes du Hamas, avec, à ses côtés, son aide-soignant moldave, Petro Bosco, et onze autres civils. Le matin du jour fatidique, Bosco répond encore au téléphone à 7 h20, sans trop réaliser ce qui se passe. Les appels suivants sonnent dans le vide. Ce n’est qu’à 23 h 15 que l’une de ses filles reçoit la nouvelle de sa mort.