Mercredi, les navires de guerre russes ont fait leur entrée en Syrie. Quatre croiseurs russes de la flottille de la Caspienne, à près de 1.500 km de là, ont tiré 26 missiles sur des cibles syriennes. REUTERS/Ministry of Defence of the Russian Federation/Handout

Bombes larguées à 5.000 mètres d’altitude, missiles tirés depuis des croiseurs en mer, avions d’attaque au sol : l’armée russe bombarde massivement depuis une semaine rebelles modérés, groupes islamistes et jihadistes de l’Etat islamique (EI), une stratégie qui vise à préparer une offensive terrestre des soldats de Bachar el-Assad et de leurs alliés.

Puissance de feu

Vingt sorties aériennes le premier jour, huit la première nuit, encore 18 les 24 heures suivantes… Les frappes russes ont été massives, de l’ordre de plusieurs dizaines en une semaine.
Mercredi, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a assuré que 112 cibles avaient été touchées depuis le début de la campagne le 30 septembre.

Avec 34 avions de combat stationnés à Lattaquié (ouest), à quelques minutes de vol des lignes de front, la Russie est en mesure de multiplier les rotations, d’autant qu’elle bénéficie de renseignements fournis par les redoutables « moukhabarat », les différents services secrets syriens.

« L’intensité des frappes russes est plus forte que celle de la coalition », affirme Evguéni Boujinski, vice-directeur du centre de recherche moscovite PIR.
A titre de comparaison, la coalition menée par les États-Unis a frappé 2.500 fois en Syrie depuis un an, soit une cinquantaine de bombardements par semaine en moyenne.

Pour Vassili Kachine, du Centre d’analyse de stratégie et de tactique, « la campagne américaine a des objectifs plus larges et ambitieux que la campagne russe mais les États-Unis ont énormément de problèmes à trouver un soutien armé » sur le terrain.
Et l’expert d’assurer que le rôle de l’armée russe est uniquement de « soutenir une opération offensive de l’armée syrienne ».

 

Type de frappes

Les Su-24 et Su-25 déployés en Syrie sont des appareils vieillissants, datant des années 1970. Mais face à un adversaire aux moyens sol-air limités, ils se révèlent redoutables en combat rapproché et idéaux en soutien de troupes au sol.

La Russie s’est aussi vantée d’avoir frappé à plus de 5.000 mètres d’altitude, grâce à ses très modernes bombardiers tactiques Su-34.
Mais plusieurs experts militaires soulignent son incapacité à développer des bombes modernes à guidage laser. Et si Moscou affirme mener des « frappes de précision » touchant leurs cibles à moins de cinq mètres, certains lui reprochent de larguer des bombes à l’aveugle.

Mercredi, les navires de guerre russes ont fait leur entrée. Sergueï Choïgou a annoncé que quatre croiseurs russes de la flottille de la Caspienne, à près de 1.500 km de là, avaient tiré 26 missiles sur des cibles syriennes.

 

AFP PHOTO / HO / RUSSIAN DEFENCE MINISTRY

 

 

Quelles cibles ?

Officiellement, les Russes cherchent à désorganiser la chaîne de commandement et de logistique de l’EI et d’autres « groupes terroristes » en détruisant « dépôts d’armes et de munitions », « centres de commandement » ou « camps d’entraînement ».
Mais Ankara et ses alliés occidentaux l’accusent de cibler avant tout les groupes rebelles considérés comme « modérés » au contact direct de la zone contrôlée par Damas, notamment dans le nord du pays et dans les enclaves rebelles au cœur de ce territoire, entre Homs et Hama.

Le président Vladimir Poutine a évoqué mercredi une possible offensive terrestre de l’armée syrienne contre l’EI, affirmant que les prochaines opérations militaires russes dans le pays seront « synchronisées » avec celles des forces gouvernementales.
« Si votre objectif est global, vous ne pouvez pas vous plonger dans les nuances entre les groupes terroristes modérés ou extrémistes qui tiennent une ville », justifie Vassili Kachine.

 

 

« Guerre médiatique »

Le premier jour des frappes, alors que les critiques quant aux cibles visées par Moscou étaient nombreuses, Vladimir Poutine a dit s’attendre à une « guerre médiatique ». Communiqué de presse deux fois par jour, vidéos des bombardements… A ce jeu-là, la Russie fait preuve jusque-là d’une ouverture inhabituelle.

Mardi, le ministère de la Défense a publié une vidéo visant à montrer qu’elle s’attache à éviter les victimes civiles, un reproche qui lui a souvent été fait. Un véhicule, présenté comme appartenant à l’EI, se cache derrière une mosquée sans être bombardé. « Nous ne l’avons pas touché car nous ne visons pas les mosquées ».

Et les premiers tirs de missiles depuis la mer Caspienne ont donné droit à un spectacle digne d’Hollywood: montage vidéo, itinéraire des missiles retracés en infographie, images des croiseurs russes tirant leurs missiles… Moscou sait que la guerre se joue aussi sur la scène médiatique.

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La stratégie russe en Syrie : bâtir

REPÈRE
OLJ/AFP/Thibault MARCHAND
07/10/2015

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AYIN BEOTHY

Quand Kadhafi vivait, Assad n’était pas seul… mais les Français et les Européens ont tué Kadhafi. Parce qu’ils ont vendu l’Europe aux Arabes (Eurabia) ?

marman68

J’ai souvent l’impression que Assad quoi qu’on en dise est le seul a ce battre concrètement contre les islamistes