Un enseignant portant une kippa a été agressé à la machette à Marseille par un ado de 15 ans se réclamant de Daech. Il a été interpellé lors de sa fuite. Le point sur l’affaire.

Que s’est-il passé ?

Un enseignant de 35 ans a été attaqué vers 9 heures lundi matin devant l’école juive La Source, dans le 9e arrondissement de Marseille. Ce professeur, qui portait une kippa, se trouvait de dos lorsque son agresseur lui a porté un coup à l’épaule. Il a ensuite été blessé au bras alors qu’il tentait de se protéger, à terre, avec la Torah qu’il transportait. Les cris de la victime ont alerté des voisins et des passants. Ils ont fait fuir l’agresseur. Ce dernier n’a pas prononcé un mot de toute la scène. « Selon la victime, l’intention de son agresseur était de le tuer », a précisé Brice Robin, procureur de Marseille.

Selon le témoignage de la victime paru ce mardi dans La Provence, l’agresseur avait de la « haine dans les yeux ». « Je lui disais d’arrêter de me frapper mais il continuait et je ne pensais pas m’en sortir vivant », raconte le professeur de 35 ans. Son avocat a ajouté sur BFMTV que son client a été surpris par la violence du mineur: « L’assaillant l’a pris à partie de dos et malgré la chute, il a continué à le battre ».

Quand l’agresseur a-t-il été interpellé?

Il n’a fallu que quelques minutes à des agents de la brigade anti-criminalité (BAC) pour interpeller l’agresseur, à la station de métro Dromel. Lors de son arrestation, il a promis aux policiers que « lorsqu’il sortira, il s’armera d’une arme à feu pour tuer des policiers ».

Qui est l’agresseur?

Il s’agit d’un jeune homme de 15 ans, né en 2000, et qui devrait en avoir 16 la semaine prochaine. Il est de nationalité turque avec des origines kurdes. Selon le parquet de Marseille, il est inconnu des services de police et de justice. Il ne souffrirait d’aucun trouble psychiatrique selon sa famille et son lycée. Il est qualifié de bon élève. « Son profil semble celui d’un individu qui s’est radicalisé via Internet, a précisé le procureur Brice Robin. Sa famille semblait ignorer absolument tout de ce phénomène de radicalisation. »

Une source policière avait affirmé auprès de l’AFP que l’homme ne semblait pas jouir de toutes ses facultés mentales. Une thèse balayée par l’audition du suspect peu après. » « Il maîtrise une certaine dialectique, mais on sent bien que c’est quelqu’un qui ne maîtrise pas complètement les fondements de l’islam », a précisé le directeur adjoint de la sécurité publique, Yannick Bloin. 

Quel est le motif de l’agression?

« Il s’agit à l’évidence d’une agression à caractère antisémite » avec une « forme de préméditation », a affirmé le procureur. Au moment de son interpellation, il a « revendiqué avoir agi ainsi au nom d’Allah et de l’Etat islamique, répétant avoir agi à plusieurs reprises au nom de Daech car les musulmans de France déshonorent l’islam et l’armée française garde les juifs », a rapporté Brice Robin.

De combien d’armes disposait l’adolescent?

Deux armes ont été retrouvées, une machette, abandonnée lors de sa fuite, et un couteau. « S’il a attaqué sa victime avec une machette, un couteau en céramique avec une lame de 20 cm a été retrouvé, a précisé le procureur. La machette était légèrement émoussée, ce qui a vraisemblablement sauvé la vie de la victime. Le couteau était aiguisé. »

Un soldat français posté devant l'école La Source, à Marseille, après l'agression de l'enseignant.

Quel est le cadre de l’enquête?

La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête, ouverte pour « tentative d’assassinat aggravée en raison de l’appartenance à une religion et en relation avec une entreprise terroriste ».

Quelles sont les principales réactions?

Le président de la République François Hollande a dénoncé des actes « innommables et injustifiables ». Le sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin a condamné une « agression intolérable ». De son côté, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) « constate avec effroi que les actes antisémites continuent inlassablement à meurtrir les juifs de France, plongés collectivement dans une spirale de haine qui ne semble jamais vouloir s’arrêter ».

Aucun antécédent policier

Interpellé peu après avoir agressé à la machette un enseignant portant une kippa, l’adolescent tenait des propos incohérents. Lors de son premier interrogatoire, il a assuré avoir agi « au nom d’Allah et de l’Etat islamique« . « Il s’agit à l’évidence d’une agression à caractère antisémite », précise le procureur. D’après la victime, blessée au dos et à l’épaule, « son intention était de le tuer ». Le jeune homme ne comptait pas s’arrêter là. Il portait sur lui un couteau en céramique qu’il voulait utiliser contre des policiers ou des militaires.

Le jeune adolescent qui vit dans une famille « normale », comme le décrit Brice Robin, « n’a aucun antécédent policier, aucun antécédent judiciaire, il ne fait pas l’objet d’un suivi d’assistance éducative ». « Il est totalement inconnu des services de renseignements », rappelle aussi Yannick Blouin, le directeur départemental adjoint de la sécurité publique de Marseille. Il ne présente également pour le moment aucun trouble psychiatrique. Des éléments qui coïncident avec les déclarations de l’agresseur présumé qui a assuré devant les enquêteurs s’être radicalisé seul sur Internet.

© DR

Influence de la propagande de Daesh

Pour l’heure, lors des perquisitions qui sont toujours en cours, au domicile familial dans le 9e arrondissement marseillais, « il n’y a aucun signe (de radicalisation, Ndlr), en tout cas visible, à l’intérieur de l’habitation des parents », détaille le directeur départemental adjoint de la sécurité publique de Marseille, décrivant une famille « tombée du placard quand elle a vu les enquêteurs pénétrer chez elle ». L’annonce de cet acte a déclenché un vif émoi dans la classe politique.

Dénonçant une « révoltante agression antisémite », Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, voit dans le profil de l’agresseur un témoignage « du risque pour certains individus isolés qui ne sont ni connus des services de police, ni des services de renseignements de passer à l’acte sous l’influence de la propagande diffusée, notamment, par les réseaux sociaux par Daesh. »

Express

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