Marine Le Pen n’assume plus de vouloir interdire le port du voile.

Le voile est en France le symbole d’un pays qui ne peut pas ou ne veut pas résoudre le problème de l’immigration arabo-musulmane sur son sol. Pour éviter qu’elle ne soit trop voyante, elle s’en prend aux signes visibles de son expansion. Mais en prenant le problème par le mauvais bout, elle s’empêtre dans ses contradictions. Elle donc condamnée à voir l’islam s’afficher de plus en plus dans l’espace public. Ce n’est pas que le voile, mais les commerces, les associations, les mosquées, la mode vestimentaire, le langage de tous les jours, sa culture culinaire, bref sa culture tout court. C’est une transformation de civilisation. Le flux migratoire et la démographie vont amplifier le mouvement. Il est interdit de parler de grand remplacement , alors on parlera de la grande capitulation. Marine Le Pen en abandonnant ce combat plus symbolique qu’efficace, risque de se discréditer pour les élections législatives à venir. Si effectivement elle a besoin d’une base plus large, pour gagner, elle semble contrainte à faire des concessions à l’électorat musulman. Elle donne à Zemmour la corde pour se pendre.
A une semaine du second tour de l’élection présidentielle 2022, la candidate du Rassemblement national semble virer de bord sur l’une de ses mesures-clés. Un flou qui lui permet d’échapper aux critiques, tout en tenant les deux bouts de l’électorat qu’elle espère attirer.
Marine Le Pen a croisé une grand-mère sur son chemin. A Pertuis, dans le Vaucluse, vendredi 15 avril, la candidate du Rassemblement national (RN) était interpellée devant les caméras par une femme en hidjab blanc, Fatima Benmalek, 70 ans. « C’est un signe de grand-mère », a soutenu cette habitante d’origine algérienne. Marine Le Pen a argué de l’oppression des femmes dans certains quartiers, y compris des « petites filles », tout en déniant les propos de ses proches selon lesquels les femmes voilées seraient elles-mêmes islamistes.
Son interlocutrice s’est dite peu convaincue auprès du Monde : « C’est toujours l’islam et le hidjab, mais les harkis sont rentrées avec leur voile. Chacun son choix. Si Marine Le Pen est contre le voile, pourquoi elle prend des selfies avec des femmes voilées ? »
Plus loin, une autre femme âgée, cheveux couverts, s’est indignée face à la candidate qui avait répété, le matin, sur BFM-TV, qu’il était « essentiel » d’interdire le port du voile, malgré les libertés fondamentales protégées au niveau constitutionnel.

Le lendemain, après sa volte-face en trois jours sur un possible référendum sur la peine de mort, Marine Le Pen affirmait que l’interdiction du voile n’était plus l’alpha et l’oméga de la lutte contre l’islamisme. « Je ne suis pas obtuse », a-t-elle lâché samedi à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir). Elle a plutôt renvoyé ce « problème complexe » à la « discussion » au Parlement, puis au verdict populaire en imaginant que « les citoyens pourraient abroger cette loi s’ils ne sont pas satisfaits » par un référendum d’initiative citoyenne.
Tout au long de la première semaine d’entre-deux-tours, Marine Le Pen s’est trouvée rattrapée par cette mesure controversée. Un obstacle politique pour la leader d’extrême droite désireuse de rassurer à gauche. Elle qui proclame, comme à Avignon, jeudi, qu’elle ne « retirera de droit à aucun Français », distingue dans son discours la femme musulmane du vêtement. Cibler « l’uniforme islamiste » sans viser celles qui le portent, tout en les soumettant à une amende : insuffisant à convaincre le maire de Béziers, Robert Ménard, désormais en retrait de la campagne de Marine Le Pen, qui critique « une erreur » impossible « à mettre en œuvre ».

Impasse

Avec cette mesure générale et absolue, la France deviendrait le seul pays au monde à interdire le voile dans les lieux publics. Interrogée, mardi 12 avril, sur France Inter, Marine Le Pen a plaidé que « M. Bourguiba avait interdit le voile en Algérie » (en fait, en Tunisie). Mais, dans les années 1980, le président tunisien avait prohibé le port du voile dans les établissements et administrations publics. Pas dans la rue.
« Cela ne tient pas la route. Une interdiction d’une liberté individuelle doit être temporaire et justifiée par l’ordre public, rappelle Didier Leschi, préfet et ancien chef du bureau central des cultes. Latifa Ibn Ziaten porte un voile, menace-t-elle l’ordre public ? » La mère d’Imad, soldat musulman tué par le terroriste Mohammed Merah en 2012, est devenue un symbole. « On lui a arraché son fils, on ne va pas lui arracher son voile », a lancé le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, en débat sur BFM-TV, mercredi 13 avril, face au président du RN, Jordan Bardella, qui ne pouvait qu’approuver sans trouver à répliquer.

Marine Le Pen n’a pas non plus élucidé l’inégalité qu’elle créerait entre les cultes, alors qu’elle a renoncé à interdire la kippa. Ses proches assimilent le tissu islamique et le brassard nazi, la loi interdisant de porter l’insigne à croix gammée sous peine d’une amende de 1 500 euros. Son projet de loi, qu’elle revendique « clé en main » depuis un an, vise les « signes ou tenues constituant par eux-mêmes une affirmation sans équivoque et ostentatoire » de l’idéologie islamiste, elle-même définie de manière vague. En privé, l’entourage de Marine Le Pen y inclut les kamis et les barbes salafistes. En public, elle évacue, vendredi, sur BFM-TV, les contours de ces autres « signes » : « Ne vous inquiétez pas, nous y arriverons. »
A six jours du second tour, la candidate du RN peine à s’extraire de l’impasse, elle qui ne peut totalement renoncer sans perdre une partie des voix de l’extrême droite. Ses lieutenants ont délayé, dimanche : « Notre but n’est pas de batailler contre des femmes, a exposé le député du Nord Sébastien Chenu sur BFM-TV. Le Parlement (…) apportera les réponses pratiques pour que la grand-mère qui a 70 ans, et qui porte son petit voile depuis des années, ne soit pas évidemment concernée. » « Qu’est-ce qu’une grand-mère ?, s’interroge le préfet Leschi. Au sens juridique, une dame qui a un certain âge ou qui a des petits-enfants ? Pourquoi pas un seuil d’âge pour les mineurs au titre de la protection de l’enfanceMais si on réglemente la liberté vestimentaire, il faudrait interdire le rouge à lèvres noir des satanistes [une secte au sens de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires]. »
Les pontes du RN se sont ouvert une ultime porte de sortie. L’interdiction du voile, dit Sébastien Chenu, arrive après d’autres mesures réprimant le salafisme : « Quand on aura fait tout ça, le voile tombera presque de lui-même. » Jordan Bardella a précisé, sur Europe 1, qu’elle était un « objectif à terme ». Un flou qui ne permet pas de savoir s’il s’agit d’une décision liberticide non assumée devant les électeurs, ou d’un recul in extremis malgré un an de préparation. « C’est une adaptation et de la pédagogie, avance Louis Aliot. Il y aura un débat à l’Assemblée qui tendra vers une interdiction progressive. »
Qu’une promesse ne soit plus « une priorité » mais « un objectif » : la rhétorique rappelle, mot pour mot, celle des lendemains de la défaite de 2017. Marine Le Pen tâchait alors, sans le dire, d’enterrer la sortie de l’euro.

 

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Jacques

Une etude scientifique a Harvard a prouvé que la respiration naturelle aide a combattre le virus. Pour raison de santé, je suis donc contre le port du masque. Par contre, couvrir les cheveux n’est pas mauvais contre la santé, ca n’amene pas les poux je crois.

Bildiou

ET des pellicules !!!!!!!!!!!!