MALGRÉ GLASGOW, LA PLANÈTE CONTINUE DE BRÛLER
Bonjour
Vous pouvez retrouver ma chronique hebdomadaire que le site Atlantico avec le lien : https://www.atlantico.fr/article/decryptage/malgre-glasgow-la-planete-continue-de-bruler-dov-zerah
Merci
C’était il y a plus de dix-neuf ans, le 2 septembre 2002. À l’ouverture du 4ème sommet de la Terre, le Président Jacques CHIRAC déclarait : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l’humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. »
La prise de conscience écologique a démarré avec la création du Club de Rome en 1968. Ce groupe de réflexion réunissait scientifiques, industriels, économistes, juristes, fonctionnaires nationaux et internationaux originaires de 52 pays. En 1972, il a défrayé la chronique en publiant le rapport Meadows sur « les limites de la croissance ». Le Monde connaissait alors une croissance économique inégalée dans l’histoire de l’Humanité, une période dénommée « les Trente glorieuses » ; notre univers a été interpellé par cette étude qui a commencé à ébranler la certitude d’une croissance économique sans limite.
C’est aussi en 1972 que l’Organisation des Nations Unies (ONU) a réuni à Stockholm les dirigeants du Monde pour le premier sommet de la Terre ; cette première rencontre a porté sur les fonts baptismaux le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). La première crise pétrolière de 1973-74 a alors brusquement démontré la fragilité d’un modèle basé sur des énergies non indéfiniment renouvelables. Depuis, les responsables ont pris l’habitude de se retrouver tous les dix ans :
- Nairobi au Kenya en 1982
- Rio de Janeiro, au Brésil, en 1992. Ce sommet a marqué l’imaginaire collectif en mettant sur le devant de la scène la question de la soutenabilité de nos modèles de croissance. Il a adopté le concept de développement durable mis en évidence en 1987 par le rapport de Gro Harlem BRUNDTLAND « notre avenir à tous ». Le développement durable est le mode de développement qui permet de répondre aux besoins des générations présentes sans hypothéquer les ressources nécessaires à la satisfaction des besoins des générations futures.
- Johannesburg, en Afrique du Sud, en 2002. Ce sommet a constitué la plus grande réunion jamais organisée avec plus de 100 Chefs d’État et 40 000 participants. Il a adopté un plan d’actions détaillées dans 153 articles et 615 alinéas.
- À nouveau Rio de Janeiro en 2012. Cette conférence des Nations Unies sur le développement durable (CNUDD) a lancé le processus d’élaboration des objectifs du développement durable (ODD).
Ces Conférences des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUE) ont :
- Crédibilisé les travaux de groupements technico-scientifiques comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
- Donné plus de place aux représentants de la société civile, et fourni un forum aux ONG
- Facilité la circulation des informations et la recherche de solutions pour faire face au défi d’une humanité à dix milliards d’habitants !
N’oublions pas qu’ici-bas, nous ne sommes que des locataires, et que dans un monde globalisé, seules les stratégies de coopération permettent de surmonter les défis auxquels l’humanité est confrontée !
Parallèlement à ces conférences décennales, se réunissent les conventions des Parties (Convention of the Parties (COP) chargées de suivre l’application de conventions internationales. La 26ème s’est réunie début novembre à Glasgow pour principalement vérifier si :
- Les stratégies nationales permettaient de contenir la tendance d’accroissement de la température à échéance de 2030, de 2,3 degrés Celsius à 1,5° C
- L’état d’avancement de la promesse faite à Copenhague en 2009 de consacrer avant 2020 100 Md$ aux pays en développement. La date a été reportée à 2025.
Le Président britannique de la COP 26, M. Alok SHARMA a clos les travaux les larmes aux yeux !
Il espérait annoncer la perspective de la fin du charbon ; or, les Chinois décidaient d’augmenter leur production quotidienne de charbon d’un million de tonnes, en contradiction avec les engagements du Premier chinois Xi JINPING, un des grands absents de Glasgow, de commencer à réduire les émissions carbonées. Quels que soient les efforts de la Chine en faveur du développement des énergies propres et renouvelables, le pays demeure le premier producteur mondial de charbon et le premier pollueur.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, au lieu d’assurer un véritable succès de la COP 26, la Chine et les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient travailler ensemble pour lutter contre le réchauffement climatique.
Mais d’autres gros pollueurs ont fait faux bond à Glasgow, l’Arabie saoudite, la Russie, la Turquie… À l’inverse, il convient de relever que le Premier ministre indien, M. Narendra MODI a fait le déplacement… pour annoncer l’objectif de la neutralité carbone en 2070 !
En revanche, cette COP a permis de faire un certain nombre d’avancées :
- Alors que l’accord de Paris ne faisait aucune référence aux énergies fossiles, les conclusions de Glasgow appellent à une réduction de l’utilisation du charbon et des aides à cette roche combustible
- L’engagement des États-Unis et de l’Union européenne de diminuer l’utilisation du méthane
- Pour la première fois, deux pays, l’Allemagne et la France s’engagent, à concurrence de 8,5 Md$, à aider l’Afrique du Sud à assurer sa transition énergétique et diminuer une production électrique dépendante à 80 % du charbon
- La mise au, point de règles de fonctionnement des marchés de carbone
Alors que le Premier ministre britannique a tenu, pour des raisons politiciennes, à déclarer que la réunion de Glasgow constitue « un grand pas en avant », la militante Greta THUNBERG l’a réduite à du « bla, bla, bla » !
Dans son célèbre discours, le Président Jacques Chirac avait proposé la mise en place une gouvernance mondiale pour :
- Humaniser et maîtriser la mondialisation
- Reconnaître l’existence de biens publics mondiaux à gérer en commun
- Créer un intérêt supérieur de l’humanité, pour assurer la cohérence de l’action internationale
- Mettre en place un conseil de sécurité économique et sociale, et une organisation mondiale de l’environnement, dotée d’une fonction d’évaluation par ses pairs, similaire au mécanisme existant à l’OCDE.
Vingt ans après, ces propositions sont toujours d’actualité.
En attendant l’émergence d’un véritable gouvernement mondial, la réussite de la mondialisation passe par une gouvernance à quatre niveaux : une instance mondiale souple mais efficace par la réunion régulière des protagonistes les plus importants ; des institutions internationales spécialisées sur des secteurs ou thématiques ; des organisations régionales plus généralistes auxquelles les États concèdent des transferts de compétences, à l’image de l’Union européenne ; et des sommets internationaux qui renforcent la conscience mondiale.
La COP 26 est finie. Vive la COP 27 prévue dans un an à Charm El Cheikh en Égypte.
@ » la planète continue de brûler » .
Où à Glasgow in Scotland ?
Il suffit de mettre des glaçons dans le scotch….ça rafraichira .