La présence russe au Proche-Orient semble contribuer fortement à la stabilité régionale. La Russie a d’ailleurs réussi à occuper le vide créé par le retrait des Etats-Unis du Proche-Orient.
L’utilisation de l’aviation a donné assurément à Moscou un avantage significatif. Ce qui a permis de stabiliser la position du Lion de Syrie, tout en offrant à nouveau à la Russie l’assurance de redevenir un facteur influent sur la scène proche-orientale. Et c’est ainsi qu’à la faveur de la crise en Syrie, Moscou a engrangé des alliés.
Pour s’en convaincre, on relèvera que s’il n’y a pas si longtemps, l’ancien dirigeant iranien, l’ayatollah Khomeini, considérait l’Union soviétique comme « une superpuissance du diable », il accorde aujourd’hui à son successeur une base aérienne aux bombardiers russes.
C’est ainsi que la Russie est en passe de devenir le « partenaire officieux de l’axe chiite » au Proche-Orient, soit de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et du mouvement libanais Hezbollah. Dans le même temps, Washington perd à peu ses partenaires sunnites. De fait, l’échec du « printemps arabe » a renforcé les islamistes et discrédité le modèle occidental de société.

Or, la coalition occidentale bat de l’aile. Riyad par ailleurs enlisée dans le conflit au Yémen et fragilisée par la baisse des cours du pétrole, n’a rien à perdre en cas de défaite des rebelles. Elle avait misé tout comme Washington sur une chute rapide de Bachar El-Assad et avait soutenu les rebelles, pour briser l’axe Téhéran-Damas. Cela n’a pas marché, indique le journaliste grand reporter Renaud Girard.

Pour autant, le maintien de Bachar El-Assad n’est pas un drame absolu pour les Saoudiens.  Ce n’est que la continuation d’un statu quo qui, naguère, leur convenait parfaitement.

L’Arabie Saoudite est déçue par l’accord sur le nucléaire iranien de juillet 2015. Tous ces pays autoritaires ont en commun d’avoir été déçus par les Etats-Unis. La Turquie est déçue par le refus d’Obama de lui livrer le prédicateur Gülen, qu’elle accuse d’avoir fomenté la tentative de putsch de juillet 2016, précise Renaud Girard.
« Pour Ankara il s’agit de rentabiliser au maximum son statut de deuxième armée de l’Otan et d’allié du Flanc sud de l’Alliance dont Washington ne peut se passer, face à son affrontement global avec Moscou et dans son jeu régional de neutralisation croisée entre Téhéran et les monarchies sunnites. Un jeu d’apprenti sorcier dont les Syriens, les Irakiens, les Yéménites, les Libyens font les frais. » et demain peut-être les Libanais, prévient judicieusement Caroline Galactéros dans son Blog « Bouger les lignes ».

Quant à la Russie, elle est déçue par le refus des Etats-Unis de sauter le pas et de s’engager à ses côtés dans une grande coalition commune contre Daech. Moscou souhaiterait une cogestion des affaires du monde, partagée avec les Etats-Unis et vit comme une humiliation le refus américain de ce format. Enfin, l’Iran est déçu par les retards dans la levée des sanctions commerciales, et accuse Washington de ne pas tenir ses promesses, fait remarquer Renaud Girard.
Par ailleurs, on soulignera volontiers à l’instar de Caroline Galactéros que le problème demeure toutefois que l’alliance occidentale sert les intérêts de puissance des monarchies sunnites dont l’idéologie gangrène nos sociétés.

Enfin, Moscou, qui a pu opérer militairement depuis l’Iran, montre son positionnement incontournable dans la région, mais n’en conserve pas moins une vision très pragmatique et froide de ses alliances et rapprochements. Etant entendu que l’objectif ultime demeure de forcer les Américains à un nouveau partage plus équilibré du monde et de veiller à ce qu’aucune puissance ne prenne le leadership régional.
Quant à savoir si Washington veut véritablement en finir avec sa créature daechienne, rien n’est encore sûr? S’interroge Caroline Galateros. De fait, Washington, semble vouloir conforter l’axe sunnite au prétexte, et c’est assurément un comble, de combattre Daech qui en est l’émanation. Le Lion de Syrie, enfin, se sait l’otage précieux de ces jeux d’alliances. Tandis que le jeu international s’est « multipolarisé » et singulièrement ouvert, que tous les grands acteurs se démènent pour optimiser leur capacité de nuisance au plan global et régional, fait remarquer Caroline Galateros.

Dés lors l’Alliance Occidentale, où figurent les Saoudiens, les Qataris, les Français et quelques autres apparaissent somme toute comme des supplétifs de Washington dans sa confrontation globale avec Moscou.
Dans ce contexte, on l’aura compris, le combat contre l’EI, ne serait être qu’un alibi pour Washington, Paris et quelques autres affidés européens car ces derniers se battent en Syrie et en Libye en réalité contre l’influence renaissante de l’Iran et pour le compte des monarchies pétrolières.

Olivier d’Auzon

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Miraël

Analyse spécieuse, puisque l’Iran se bat aussi contre Daesh….