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L’université peut-elle étudier Israël sans parti-pris?

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COLONNE EN VEDETTE

Y a-t-il une place dans l’université pour une étude honnête sur Israël?

La diffamation des universitaires contre ceux qui ont osé publier un journal qui examine les attaques fallacieuses contre l’État juif dévoile la malhonnêteté intellectuelle des détracteurs d’Israël au sein de l’université. 

 

Une vieille blague sur le monde universitaire dit que si les controverses de salons entre professeurs sont aussi méchantes, c’est parce que les enjeux sont minimes. C’est souvent le cas de la plupart des affaires qui se passent dans le monde étroit des intellectuels spécialistes, qui protègent les fiefs de leurs universités avec une férocité jalouse. Ils mènent leurs guerres savantes avec des publications écrites dans un jargon universitaire pratiquement indéchiffrable pour le lecteur. Leurs querelles sont épiques par leur amertume, mais heureusement, elles intéressent peu le reste de la société, ce qui peut facilement faire abstraction des faits et gestes de cette tribu de personnes sous-payées et généralement mécontentes, qui ont mérité le droit d’avoir les lettres PH.D ou Dr devant leurs noms.

Mais il existe des débats théoriques sur lesquels nous autres serions bien inspirés de prêter attention. L’un des exemples de ce type concerne la bagarre qui a commencé entre les membres de l’Association pour les Etudes Israéliennes (for Israel Studies), où un certain nombre de membres sont scandalisés que des spécialistes de cette même AIS aient osé publier un journal consacré au sujet de l’utilisation du langage pour délégitimer le sionisme et l’état de droit en Israël. Le numéro spécial de l’édition d’été 2019 d’ Israël Studies s’intitulait «Crimes de plumes ( ou : les mots tuent) : revisiter le langage employé sur le conflit israélo-palestinien».

Mais plutôt que de s’attirer les applaudissements de leurs collègues, les rédacteurs en chef et les auteurs impliqués ont été victimes d’attaques cinglantes, à cause de leur prétendu manque de connaissances, leur partialité et leur légèreté, indigne d’être publiés dans une revue à comité de lecture. Un de ces critiques, Arie Dubnov de l’Université George Washington, a protesté en déclarant que la question des «crimes par les mots» était «une Novlangue Orwellienne», qui cherche à censurer le débat et à faire taire les critiques d’Israël, et dont le seul but était de fournir des «éléments de langage contre BDS et pour soutenir les efforts de Hasbara « , sans servir aucun autre objectif universitaire.

Loin de chercher à clore le débat sur la question, «Les mots tuent» était une tentative attendue depuis longtemps pour engager une discussion sur la manière dont l’université est devenue un environnement hostile pour toute personne autre que ceux qui croient que la création d’Israël est un crime. Ce sont ces professeurs qui ont fait de l’étude du Moyen-Orient et d’Israël un terrain de jeu pour les gauchistes qui se sont servis de leurs diplômes pour donner un vernis intellectuel à la propagande antisioniste et qui sont parvenus à le faire reconnaître comme de « l’érudition ».

Si quelqu’un joue à des jeux de mots orwelliens, ce sont bien les critiques des études israéliennes. Bien que leurs protestations aient pour objectif de déterminer si le processus d’évaluation par les pairs était rigoureux ou approprié, ces plaintes sont sans fondement. Leur colère contre le journal, qui menace de déchirer l’AIS, ne concerne pas la procédure. Cela découle de la conviction que toute étude qui contredit les hypothèses sur l’illégitimité du sionisme et qui cherche à replacer le mouvement cherchant à le détruire dans son contexte est, par définition, non-académique. Leur problème avec les «crimes contre les mots» est qu’il révèle qu’il y a quelque chose de pourri dans un environnement universitaire dans lequel des mensonges fallacieux au sujet d’Israël sont considérés comme la vérité et les diffamations antisémites sont traitées comme des discours acceptables.

Le contexte de ce conflit est la manière dont le champ a évolué dans les établissements d’enseignement supérieur au cours des dernières décennies. Il y a eu une croissance exponentielle des postes permanents et des départements d’études du Moyen-Orient bien financés. Mais cette tendance a favorisé une nouvelle orthodoxie d’opinion sur le sujet.

Loin d’être un bastion d’études impartiales, ces départements sont la chasse gardée de ceux qui se consacrent au blanchiment de l’islam radical, dénonçant la politique israélienne, critiquant et sapant le soutien au sionisme et soutenant la guerre arabe palestinienne visant à détruire l’État juif. Dans les études sur le Moyen-Orient, il n’y a qu’un seul point de vue sur Israël qui soit le bienvenu. Les érudits sympathisants envers Israël et critiques vis-à-vis de l’islam radical sont souvent traités comme des parias et sont chassés du terrain.

Cela tient en partie à la manière dont ces départements ont été partiellement financés par des donateurs musulmans à l’étranger, tels que les familles dirigeantes d’Arabie saoudite et du Qatar. Mais c’était aussi la conséquence d’une culture universitaire dominée par la gauche, selon laquelle les idées de l’universitaire palestinien Edward Said sur le bannissement de «l’orientalisme» du champ et de celles qui préconisaient le concept d’intersectionnalisme (la convergence des luttes des minorités) prédominaient.

Malheureusement, alors que les études israéliennes ont fini par construire leur propre discipline, par opposition à celle des études du Moyen-Orient, les mêmes préjugés sont également apparus dans de nombreux départements.

C’est pourquoi le rejet de «Crimes de Mots» a été si vicieux.

Dans une série d’articles, le journal explore la manière dont des mots comme «apartheid» et «génocide» sont couramment mal utilisés pour décrire faussement le conflit entre Israël et les Palestiniens. Les sujets traités : la question de savoir qui sont les peuples autochtones d’Israël / Palestine ; les termes : colonialisme; Occupation; terrorisme; Réfugiés palestiniens; Inversion de l  Shoah; droits de l’homme; BDS; organisations non-gouvernementales ; «Pinkwashing» (utilisation de bonnes causes à des fins marketing); le «lobby israélien» et le sionisme. Ces sujets font partie intégrante de la compréhension de la manière dont la redéfinition des mots est devenue le fondement de l’assaut intellectuel contre Israël. C’est une profonde plongée dans la manière dont les études biaisées ont faussé notre compréhension des problèmes et créé un climat dans lequel la calomnie contre les Juifs et contre leurs droits n’est pas simplement traitée comme acceptable, mais normative dans l’enseignement supérieur.

Il n’est donc pas étonnant que les membres de la mafia universitaire qui ont imposé ces distorsions aux étudiants soient exaspérés par le groupe de penseurs éminents réunis par les rédacteurs de «Word Crimes». Les critiques de « Word Crimes » l’accusent de partialité, la vérité est qu’il s’agit d’une bouffée d’air frais par rapport à la polémique incontrôlée contre Israël qui passe pour de l’érudition dans la plupart des universités.

Nous ne pouvons qu’espérer que l’Association of Israel Studies refuse de se plier aux tactiques d’intimidation employées par ceux qui souhaitent faire taire les auteurs de «Crimes de Mots» et reste un lieu où ceux qui s’engagent à jeter un regard honnête sur la guerre contre l’Etat Juif peut trouver un centre de réflexion approfondie. Il s’agit d’une saine controverse universitaire dans laquelle tous les honnêtes gens – les érudits comme les profanes – ont un intérêt majeur.

Jonathan S. Tobin est rédacteur en chef de JNS, Jewish News Syndicate. Suivez-le sur Twitter à: @jonathans_tobin.

https://www.jns.org/opinion/is-there-room-in-the-academy-for-honest-scholarship-on-israel/

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