Assad en position de force grâce à l’Accord de Vienne avec l’Iran. Téhéran revitalise son armée épuisée. 

Le Président syrien Bachar al Assad, dans son premier discours public de l’année, a pu se permettre dimanche 26 juillet, d’avouer que son armée débordée a été contrainte d’abandonner des « zones cruciales », au cours de la guerre civile qui est entraînée dans sa cinquième année, au prix de centaines de milliers de morts, parce qu’il est désormais assez confiant qu’il est du côté de la tendance gagnante. Il a gagné cette confiance en soi grâce à trois évolutions récentes :

 
1. L’accord nucléaire que l’Iran a signé avec les six puissantes mondiales dirigées par les Etats-Unis, le 14 juillet, lui a offert un second souffle assurant sa survie. Le dictateur syrien, le principal allié de l’Iran, peut désormais s’estimer indemne des efforts américains pour le renverser – et peu importe s’il a menti et tricher à propos de ses stocks d’armes chimiques et qu’il continue de les utiliser dans les combats – à la suite de l’onction effective de l’Iran par l’administration Obama, en tant que nouvelle puissance dominante au Moyen-Orient et partenaire stratégique.

 

Dans son discours, Assad a félicité son meilleur ami de Téhéran pour avoir triomphé à Vienne et il a fait l’éloge des « changements positifs dans les attitudes occidentales envers le conflit syrien ». Il a remarqué que « Les Etats-Unis et leurs alliés comprennent à présent qu’ils partagent des intérêts » avec son régime, « consistant à vaincre le terrorisme jihadiste du style de Daesh ».

Depuis les tout premiers jours du conflit syrien, Assad a prétendu combattre le terrorisme islamique et, si le monde ne parvenait pas à comprendre cette lutte, il serait lui-même victime de ses attentats.
2.  Il se sent, à présent, justifié par l’entrée de la Turquie dans cette guerre dite « civile », au cours du dernier week-end, en coopération avec les Etats-Unis. Ces deux puissances ont déclaré la guerre à l’Etat Islamique et à la fusion militaire kurde entre les Unités de protection kurdes (YPG) et le PKK turc hors-la-loi. Parce qu’ils représentent les deux plus puissantes forces combattantes qui mettent son régime ne péril à Damas, cette intervention extérieure dans la guerre en Syrie est la bienvenue pour soulager en partie les épaules de l’armée syrienne.

En outre, Washington a promis à Téhéran de s’abstenir d’apporter au troisième élément combattant le régime Assad, l’ensemble des mouvements rebelles syriens, des armes suffisamment puissantes pour faire pencher la balance en leur faveur.

Dimanche soir, le 26 juillet, le Premier Ministre turc Ahmet Davutoglu a informé les rédacteurs en chef des médias turcs : « La Turquie n’a aucun plan prévoyant d’envoyer des troupes au sol en Syrie, mais s’est mise d’accord avec les Etats-Unis pour fournir une couverture aérienne aux rebelles modérés qui y combattent Daesh, l’Etat Islamique ».

Le dirigeant syrien et Téhéran peuvent, par conséquent, arrêter de s’niquiéter. Les insurgés syriens, dont certains ont été soutenus par les Etats-Unis depuis des années dans leur combat contre Assad, doivent maintenant se contenter d’une couverture aérienne – et même alors, uniquement s’ils cessent de combattre Assad et retournent leurs fusils contre les islamistes.

3.  Grâce à ce second souffle offert à son régime, du fait de ces changements radicaux dans le paysage stratégique de la longue guerre en Syrie, Assad peut se permettre de parler modérément de la reddition de certains territoires par son régime, « comme une simple question de priorités (accordée à certains plutôt qu’à d’autres). Il était nécessaire de spécifier quelles étaient les zones cruciales sur lesquelles nos forces armées devaient se pencher », tout en exprimant sa gratitude pour « l’assistance efficace et importante » apportée par l’Iran et le Hezbollah, qui lui ont permis d’adopter cette tactique. Tout comme son problème le plus aigü, les forces chancelantes de son armée : « Le problème auquel l’armée est confrontée », a t-il calmement expliqué, » n’est pas lié à la planification, mais à la fatigue. Il est normal qu’une armée soit exténuée, mais il y a une grande différence entre l’épuisement et la défaite ».

Mais il est bien évité de faire la moindre mention des désertions massives et des défections dans le camp ennemi qui ont fait chuter son amrée. Pas plus n’a t-il révélé comment il propose de remédier à ce problème.

Cependant, les sources des renseignements militaires de Debkafile sont capables de combler cette lacune : peu de temps avant ce discours donné à Damas, Assad a reçu un nouveau plan de réhabilitation de son armée, mis à jour grâce aux derniers événements. Au lieu de divisions et de brigades, elle serait réorganisée avec l’assistance des officiers iraniens et du Hezbollah en trois super-divisions de commandos blindés, chacune d’entre elles au Nord, au Sud et au centre sur le front de Damas.

La 4ème Divsion, constituée de la garde républicaine, continera à défendre Damas. La 14ème division, constituée de forces spéciales, verrait ses officiers « fatigués » être remplacés par des Commandants plus jeunes, frais et moulus et sous la supervision d’officiers supérieurs iraniens.

La conséquence immédiate de l’accord nucléaire de Vienne sur le terrain a donc été de revitaliser le régime Assad à Damas, de rajeunir le commandement de son armée et de rapprocher plus que jamais des forces militaires iraniennes des frontières d’Israël et de la Jordanie.

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DEBKAfile  Analyse Exclusive 27 juillet 2015, 9:19 AM (IDT)

debka.com

Adaptation : Marc Brzustowski.

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