L’humour juif, c’est du sérieux ! Présentée par Élise Chardonnet

Entre autodérision et mélancolie, jeux de mots et ironie, l’humour juif permet de rire dans les larmes. Il renvoie chacun aux grandes questions de l’existence.

« C’est un humour très particulier, mais ce n’est pas juste pour rire, c’est bien au-delà. »

Auteur de nouvelles, romans et essais, Adam Biro a écrit un « Dictionnaire amoureux de l’humour juif » (éd. Plon, 2017). Il nous explique les particularités de l’humour juif.

Dictionnaire amoureux de l'humour juif

Le rire : Depuis les temps bibliques !

« L’humour juif permet et permettait aux juifs, depuis les origines, depuis les temps bibliques, de survire. » Ce que les chrétiens appellent Ancien Testament est « une suite d’horreurs, ça commence très mal », explique Adam Biro.

« Les juifs ont compris que la vie était dure, semée d’embûches, de failles… comment marcher droit ? » Pour faire face aux difficultés de la vie, il y a « la foi, pour ceux qui l’ont et l’humour, ça tout le monde en a ! »

Dans l’Ancien Testament, quand Dieu apparaît « au premier juif » Abraham et lui annonce qu’il aura un fils, celui-ci se met à rire – et « pas à sourire, à rire », insiste Adam Biro, qui rappelle l’étymologie du prénom Isaac : « il rira ».

« L’histoire juive commence par le rire, c’est extraordinaire ! »

Pour bien comprendre l’humour juif, lire le talmud

Si on veut connaître l’humour juif, il suffit de lire le Talmud, une somme de textes et de commentaires où les jeux de mots, les métaphores et les paraboles poétiques abondent.

Là où on imagine un livre très compliqué et très codifié, et c’est un peu le cas, on trouve aussi énormément de blagues ! D’ailleurs on peut y lire ce conseil : « Commence ton enseignement toujours par le rire. » 
Une petite histoire talmudique.

Un homme va trouver le tribunal rabbinique pour lui dire: « Je veux que vous me sépariez de ma femme parce qu’elle a fait mal cuire la viande. »

Le tribunal se réunit et le divorce est prononcé immédiatement. Les gens autour sont scandalisés.

Les rabbins leur répondent ceci: « Mais vous n’avez pas compris, ce n’était pas pour punir cette femme mais la sauver de cet imbécile qui demande un divorce parce que cette femme a mal cuit la viande ! »

Autodérision et remise en question

​ »Le rire, qui va du Talmud à Rabbi Jacob, en passant par Freud et Woody Allen, est tonitruant, irrespectueux de tout, il défie le destin. »

L’humour juif est fortement teinté d’autodérision. « L’autodérision ce n’est pas se traîner dans la boue mais se présenter comme quelqu’un d’un peu faillible, d’humain. » 

Un humour qui dit la maladresse, l’incertitude sur les grandes questions existentielles.

Si on regarde du côté des artistes et écrivains new-yorkais comme Woody Allen, Bernard Malamud ou Philip Roth, on trouve des personnages « très faillibles, jamais des triomphants ».

On se remet en question en permanence: conscient que l’on ne saura jamais tout sur tout. N’y a-t-il pas là une forme de sagesse ?

Élise Chardonnet

rcf.fr

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires