Les mollahs iraniens se dissimulent derrière leurs mandataires. Il est temps de cesser de les laisser faire
par Majid Rafizadeh
Depuis près de quatre décennies, depuis l’avènement du régime islamiste iranien en 1979, l’Occident a consacré des ressources politiques et économiques considérables à la lutte contre les mandataires de l’Iran. Avec quels résultats ?
Après près de 40 ans, il est tout à fait naturel de se demander si ces efforts ont réussi à endiguer les mandataires de l’Iran, les groupes terroristes et les milices. Malheureusement, on ne peut pas se targuer d’un succès aussi minime. Au contraire, ces groupes sont devenus plus forts, plus enracinés et plus meurtriers au fil des ans. Leur nombre et leur influence se sont multipliés, et leur pouvoir n’a fait que se consolider, au point qu’ils constituent aujourd’hui des forces redoutables dans la région – parce que personne ne les a arrêtés.
Le régime iranien et ses mandataires lancent constamment des attaques – contre les États sunnites du Golfe, contre Israël et contre les troupes américaines – dans le but apparent d’éradiquer l’État juif et de chasser « le grand Satan » de la région. De cette façon, semblent croire les mollahs, l’Iran impérial pourrait profiter de la liberté sans interférence de pays qu’ils accusent d’être impérialistes, et se délecter d’une « chasse ouverte » sans entraves.
L’Iran et ses alliés ont attaqué les troupes américaines dans la région plus de 150 fois depuis octobre. La réponse américaine n’a pas vraiment été dissuasive. Pendant ce temps, le principal État soutenant le terrorisme dans le monde continue allègrement de mettre la dernière main à son programme d’armement nucléaire.
Au Liban, par exemple, l’Iran a soigneusement entretenu le groupe terroriste Hezbollah, le transformant en une force dominante qui exerce un contrôle considérable sur le gouvernement libanais. Poussé par la mission des mollahs de « Mort à Israël » et de « Mort à l’Amérique », le Hezbollah est devenu un adversaire implacable d’Israël et des États-Unis.
Parallèlement, le soutien de l’Iran au Hamas est bien connu. Par le biais de financements et d’armes, l’Iran a renforcé le Hamas, sans doute dans le but explicite d’anéantir Israël. Ce soutien fait également partie d’une stratégie plus vaste visant à déstabiliser la région et à chasser l’Occident du pouvoir.
En Syrie, l’implication de l’Iran est à la fois vaste et stratégique, ses milices jouant un rôle crucial dans le maintien du régime Assad. L’Iran a déployé et soutenu un réseau de milices chiites, notamment des combattants du Hezbollah et divers groupes recrutés en Irak, en Afghanistan et au Pakistan, tous sous la direction de la Force Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC).
Au Yémen, les rebelles houthis ont joué un rôle supplémentaire de relais pour l’Iran. Ces militants ont attaqué les pays riches en pétrole que sont l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, et ont semé le chaos dans la mer Rouge, attaquant des navires et lançant des missiles et des drones iraniens sur Israël. Leurs actions ont déstabilisé davantage une région déjà instable, étendant la portée de l’Iran à un nouveau théâtre de conflit.
Au cœur de toutes ces opérations se trouvent le CGRI et sa force d’élite Al-Qods. Ces entités sont les parrains de la stratégie de procuration de l’Iran, fournissant financement, formation et soutien aux groupes de milices dans tout le Moyen-Orient. Leur objectif ultime est d’affirmer le pouvoir et l’influence des mollahs dans toute la région, en utilisant ces mandataires comme des outils dans le cadre de leur grande stratégie.
Depuis l’instauration du régime en 1979, le nombre de mandataires de l’Iran a considérablement augmenté. Pourtant, malgré cette tendance alarmante, l’Occident continue depuis des décennies de poursuivre une stratégie qui a clairement échoué. Il semble que pour de nombreux Européens moralisateurs qui ne cessent de prêcher les droits de l’homme à tout le monde, les profits tirés de l’activité commerciale et de la vente de voitures soient prioritaires.
Lorsqu’un mandataire iranien, comme le Hamas, lance une attaque, la réponse doit être de frapper directement le CGRI. Lorsque les mandataires de l’Iran menacent d’autres nations, l’Occident doit cibler les atouts clés de l’Iran, comme ses ports ou ses raffineries de pétrole. De telles actions pourraient en fait attirer l’attention du régime.
Le régime se cache derrière ses mandataires parce qu’il préfère que ce soient eux qui soient la cible de représailles plutôt que Téhéran, Ispahan, Qom ou Natanz, et il semble surtout craindre de perdre le pouvoir. Les mollahs sont sans doute conscients de ne pas bénéficier d’un large soutien au sein de la population iranienne, ce qui facilite l’extension de leur influence et de leur idéologie islamiste par l’intermédiaire de leurs mandataires. Pourquoi un pays qui ne traite pas bien son propre peuple devrait-il mieux traiter les autres ?
Il est grand temps de mettre un terme à l’agression incontrôlable de l’Iran – avant qu’il ne lance des armes nucléaires.
Le Dr Majid Rafizadeh est un stratège et conseiller d’entreprise, diplômé de Harvard, politologue