Cela aura pris 72 années. Le mémorial de Yad Vashem, construit en mémoire des victimes juives de la Shoah, vient d’accorder, à titre posthume, le titre de Juste parmi les nations à Henri Calbris et ses parents.

Une cérémonie à Caen

Mercredi 2 mars 2016, au Mémorial de Caen (Calvados), se tenait une cérémonie solennelle en présence des représentants de l’ambassade d’Israël. Les descendants d’Henri Calbris ont reçu en son nom la médaille des Justes. Un moment d’émotion d’autant plus intense que l’homme est décédé il y a une vingtaine d’années.
A l’époque, il n’en a que 23. Henri Calbris vit à La Ferrière-Duval, à quelques kilomètres de Danvou-la-Ferrière. Avec ses parents, il exploite une terre au hameau du Tronquay. C’est là que la famille a caché, entre avril et septembre 1944, un jeune Français d’origine polonaise.
Âgé de 15 ans, Maurice Etynger est de confession juive dans un pays en partie occupé dans les Nazis. Malgré son jeune âge, le garçon a déjà de lourds souvenirs : il assiste à des rafles, à Paris ; son père est arrêté le 20 août 1941 et enfermé à Drancy ; certains membres de sa famille arrêtés.

Se cacher

Ses parents, venus de Pologne, ont été rattrapés par la misére et l’antisémitisme qu’ils fuyaient. Relaché quelques mois plus tard en raison de son état de santé, le père du jeune Maurice n’a qu’une idée en tête : se cacher.
La veille de la grande rafle du 16 juillet 1942, la famille part se cacher dans une pension de famille à Montmorency (Seine-et-Oise).
Mais, suite à une dénonciation, sept personnes sur la vingtaine de juifs réfugiés là-bas sont arrêtées. Maurice Etynger part ensuite se cacher dans un internat catholique puis, en 1943, il retourne dans l’appartement familial à Paris avec ses deux sœurs.
Sa rencontre avec Henry Calbris est le fruit d’un joli hasar, grâce à un ami commun. L’homme lui propose de le mettre à l’abris dans le Calvados. Munis de faux papiers, le 5 avril 1944, le petit Parisien monte dans le train puis parcourt à pied les 17 kilomètres qui séparent Thury-Harcourt de Danvou-la-Ferrière, où il trouve refuge dans la ferme des Calbris.

« Il a pris des risques »

Maurice Etynger l’a souvent répété, aux journalistes, à ses proches, aux élèves qu’il rencontre dans les lycées, « Henry Calbris a pris des risques pour [le] cacher ». Le 11 septembre 1944, Maurice Etynger est rentré chez lui à Paris où l’attendaient ses parents et ses sœurs, tous sains et saufs.
Le nom des Calbris devrait être gravé dans la pierre du mémorial des victimes juives de la Shoah, à Jérusalem.

Audrey Chevalier

La Voix du Boccage

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