A commencer par celles du groupe Etat islamique (EI).
Le débriefing récent d’un jihadiste français par les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) s’est révélé à ce titre particulièrement intéressant, levant le voile sur les méthodes de Daech pour faire la chasse aux espions dans ses rangs mais aussi et surtout recruter des candidats à l’attentat .
Arrêté début juin en Turquie puis expulsé vers la France où il a été incarcéré, ce témoin a évoqué, à plusieurs reprises, l’existence d’« un organe de sécurité intérieure » à l’EI. Un témoignage considéré comme « sérieux », qui vient confirmer les éléments déjà recueillis depuis plusieurs mois par les services spécialisés sur cette organisation.
«50 000 EUR pour faire une attaque en Europe»
Selon cet homme — qui assure avoir pu approcher, au cours de son séjour d’un an et demi en Irak et en Syrie, plusieurs hauts dignitaires de l’EI — cet organe de sécurité intérieure, qu’il désigne par le terme EMNI, aurait vu le jour en même temps que la proclamation de Daech. « Il est dirigé par un émir irakien qui est numéro trois ou quatre au sein de l’EI », a-t-il confié. Toujours selon lui, près de « 1 500 personnes y seraient employées », après avoir été recrutées sur recommandation d’« une personne de confiance ». L’objectif de l’EMNI serait de « détecter les espions en Irak et en Syrie », assure le jihadiste repenti. « La mission extérieure est d’envoyer des gens partout dans le monde pour mener des actions violentes, tuer ou bien recruter des jeunes ou ramener des produits chimiques pour les armes, poursuit-il. Chaque espion touche 50 000 EUR par l’EMNI pour faire une attaque en Europe. »
Ce précieux témoin a encore indiqué que plusieurs antennes de l’EMNI avaient été disposées dans des grandes villes comme Raqqa et Fallouja, tombées sous l’emprise de l’Etat islamique.
Mais ces « révélations spontanées » n’ont pas été complètes. Ce jihadiste, qui encourt désormais une longue peine de prison, a cherché à « appâter » ses interlocuteurs en prétendant en savoir plus encore : « Je connais deux méthodes pour recruter et envoyer des gens en Europe, missionnées pour attaquer. J’ai aussi des informations pour empêcher des attentats en Belgique et en France. Mais je ne veux pas en dire plus, je veux des garanties de la justice. »