Les défis de sécurité cruciaux auxquels Israël doit faire face

Editorial : les dirigeants israéliens sont confrontés à des tests particulièrement critiques dans six domaines différents :

* L’Iran (1), qui tente non seulement de consolider sa présence en Syrie (2) et au Liban, mais également de reprendre ses activités nucléaires (3).

* La Russie, qui a fourni à la Syrie non seulement le S-300, mais aussi le S-400 plus avancé.

* L’Autorité palestinienne, qui pourrait s’effondrer sous la pression des États-Unis

* et la plus instable de toutes, la bande de Gaza.

Au début du dernier trimestre de l’année 2018, Israël est confronté à des problèmes de sécurité dans six domaines différents : le programme nucléaire iranien; l’enracinement iranien en Syrie et au Liban ; la fourniture du système S-300 à la Syrie ; la menace du Hezbollah ; l’escalade à Gaza et les troubles en Judée-Samarie.

Le plus important est le programme nucléaire iranien. Même s’il n’y a pas d’évolution dramatique cette année, il est encore possible que les Iraniens se retirent de l’accord nucléaire et reprennent pleinement leurs activités nucléaires, à la suite de la décision des États-Unis de réimposer des sanctions au pays.

Parallèlement aux activités de renseignement visant à mettre au jour les activités illégales iraniennes, aux efforts diplomatiques visant l’Europe et aux critiques justifiées à l’égard de l’inefficacité de la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Israël a besoin d’un plan opérationnel stratégique coordonné avec les États-Unis, qui effectuera les travaux préparatoires, en vue du moment où l’Iran reprendra ses activités nucléaires.

Netanyahu identifie un entrepôt atomique secret en Iran (Photo: AFP)

Netanyahu identifie un entrepôt atomique secret en Iran (Photo: AFP)

 

En ce qui concerne la consolidation de la présence militaire iranienne en Syrie et au Liban, malgré le coup douloureux subi par l’Iran en mai dernier, on le sait déterminé à continuer de renforcer ses capacités militaires dans ces deux pays qui menaceront Israël. Jusqu’à présent, la détermination d’Israël à contrecarrer les efforts de l’Iran n’a pas été affaiblie, même s’il existe des risques, comme en témoigne la destruction de l’avion espion russe par l’armée syrienne, qui a tenté d’intercepter une attaque de Tsahal. L’extension de ces capacités au Liban est une chose qu’Israël ne pourra pas supporter, et cela accroît la volatilité le long de la frontière nord.

Le système anti-aérien S-300 est déjà en Syrie afin d’assurer « la sécurité des Russes dans le pays », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

En fait, le S-400, beaucoup plus sophistiqué, est déjà en Syrie également, mais pour le moment, il est destiné à être utilisé uniquement par l’armée russe. Cependant, s’il est négligé et laissé à la disposition de l’armée syrienne, la liberté opérationnelle de l’armée de l’air israélienne sera considérablement limitée et Israël devra détruire ces batteries, ce qui pourrait potentiellement accroître les tensions avec la Russie, et certainement avec la Syrie.

S-300 (Photo: PAE)

S-300 (Photo: PAE)

 

Le potentiel explosif le plus élevé se trouve en Judée-Samarie, mais plus particulièrement dans la bande de Gaza. Le président palestinien Mahmoud Abbas est encore plus dur envers le Hamas qu’Israël. Il refuse d’aider à mettre en œuvre les solutions provisoires nécessaires à un accord de cessez-le-feu et ajoute à la pression économique sans cesse croissante exercée sur les habitants de la bande de Gaza et sur le groupe terroriste au pouvoir. Il semble qu’Abbas soit intéressé à déclencher un affrontement militaire entre le Hamas et Israël, qui porterait un coup mortel au Hamas et renforcerait l’Autorité palestinienne.

Compte tenu du fait que les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sont dans l’impasse, le groupe terroriste a intensifié les violences à la frontière, comme il l’avait promis, ce qui a entraîné une augmentation rapide du nombre de ballons incendiaires lancés depuis le bande de Gaza vers Israël et par la suite, du nombre de morts et de blessés parmi les Palestiniens. Nous sommes revenus au point de départ du printemps dernier, alors que nous étions déjà (potentiellement) à la veille d’une opération à grande échelle.

Gaza proteste (Photo: Reuters)

Gaza proteste (Photo: Reuters)

 

Il n’y a pas non plus de calme réel en Judée-Samarie/Cisjordanie. La frustration qui y règne, conjuguée aux pressions exercées par l’administration Trump sur l’Autorité palestinienne et à la faiblesse politique d’Abbas, pourraient conduire à un soulèvement populaire violent ou organisé. La politique actuelle d’Israël dans ce secteur ne fait rien pour réduire le risque d’escalade inutile qui peut certainement être évité.

Pour relever ces défis, Israël a besoin, avant tout, d’une vaste coordination avec les États-Unis. En outre, il convient de renouer les accords avec la Russie lorsqu’il s’agit de promouvoir des intérêts communs dans l’arène nord et de maintenir un équilibre entre les menaces contrecarrées, la dissuasion crédible et les efforts visant à prévenir l’escalade dans la région.

C’est le test ultime pour les dirigeants militaires et politiques du pays, qui nécessite un effort commun – professionnel et basé sur la confiance. Étant donné que nous entrons dans une année électorale, les décideurs ne sont pas les seuls à être confrontés aux problèmes de sécurité susmentionnés, car les défis politiques et diplomatiques doivent également être résolus, comme en témoignent les récents affrontements entre les ministres du Cabinet. Cette situation n’est pas idéale pour un forum où des décisions de vie ou de mort sont prises.

Amos Yadlin | Publié: 10.06.18, 00:05

Aluf ( Major général , res.) Amos Yadlin ( hébreu : עמוס ידלין , né le 20 Novembre 1951) est un ancien général de l’armée de l’ air israélienne (IAF), attaché militaire des Forces de défense israéliennes à Washington, DC et a été chef de Direction du renseignement militaire (Aman) de l’armée israélienne.  Au début des années 1980, Yadlin faisait partie du premier groupe de pilotes israéliens à piloter le F-16 Fighting Falcon et faisait partie des huit pilotes sélectionnés pour mener l’opération Opera contre le réacteur nucléaire irakien d’Osirak en juin 1981.

Mise à jour : .06.10.18, 00:05 

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Dimitri Friedman

Très bonne analyse