Covid-19 : pourquoi le vaccin AstraZeneca est sur la sellette

Injecté depuis ce week-end en France, ce vaccin suscite des craintes. Faut-il se faire injecter un produit inefficace pour les personnes de plus de 65 ans et peu protecteur face au variant sud-africain ?

Le ministre de la Santé n’a pas hésité. Devant les caméras, Olivier Véran, médecin de son état, s’est fait piquer et a reçu, ce lundi à l’hôpital de Melun (Seine-et-Marne), sa première dose du vaccin AstraZeneca. L’efficacité du troisième produit vaccinal disponible en France est pourtant sous le feu de nombreuses critiques et les experts de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui l’ont examiné ce lundi, doivent donner leurs recommandations sur les conditions de son utilisation.

Faute d’études assez conclusives, le vaccin du laboratoire anglo-suédois n’est pas recommandé aux personnes de plus de 65 ans. Il est donc injecté, en France, à une population plus jeune que celle ciblée prioritairement depuis le début de la campagne de vaccination, et notamment au personnel soignant depuis samedi.

« Cela nous interpelle, car nous nous étions placés, bien volontiers et en accord avec la stratégie vaccinale, en deuxième ligne pour la vaccination en laissant la priorité aux plus âgés et aux personnes souffrant de pathologies chroniques, s’interroge Thierry Amouroux, infirmier à l’hôpital Saint-Louis à Paris et porte-parole du SNPI, syndicat national des professionnels infirmiers. Parce qu’il n’y a pas assez de doses des deux premiers vaccins, les 7 millions de plus de 75 ans et les malades chroniques sont loin d’être tous protégés alors qu’on entame maintenant une vaccination pour les soignants, sans critère d’âge, avec un produit qui pourrait ne pas avoir une résistance suffisante face à certains variants du virus… »

Une efficacité limitée

Les interrogations des soignants s’appuient en effet sur une autre caractéristique, plutôt gênante, du vaccin AstraZeneca. Une étude révèle en effet son efficacité « limitée » à seulement 22 % contre les formes modérées du variant du virus détecté en Afrique du Sud. Selon les premiers résultats d’une étude de l’université du Witwatersrand à Johannesburg (Afrique du Sud), ce même variant pourrait se transmettre aux personnes déjà vaccinées contre la souche « classique » du coronavirus.

VIDÉO. Coronavirus : l’OMS « inquiète » de l’efficacité des vaccins contre les variants

Encore minoritaire dans les résultats des tests réalisés en France, ce variant fait pourtant de plus en plus de dégâts. La détection de plusieurs cas, dont deux avérés de la mutation « sud-africaine », au collège Jules-Ferry d’Eaubonne (Val-d’Oise), a contraint l’établissement à fermer ses portes ce lundi jusqu’au retour des vacances scolaires le 1er mars, le temps de lancer dès ce mardi une grande opération de dépistage auprès des élèves, de leur famille et du corps enseignant. Le lycée Jeanne-d’Arc à Colombes (Hauts-de-Seine), lui aussi confronté à quatre cas suspects, a lui décidé de fermer ses classes de première.

Si en métropole, la circulation du variant sud-africain reste, pour l’instant limitée, elle inquiète outre-mer, particulièrement à Mayotte et à La Réunion. « Alors qu’on recensait une cinquantaine de cas par semaine depuis le début de l’année, nous sommes désormais passés à 150 en moins de trois jours à pour la seule île de La Réunion, déplore Patrick Mavingui, chercheur au CNRS et directeur du laboratoire Pimit (Processus infectieux en milieu insulaire et tropical) de Saint-Denis chargé par les autorités de santé de séquencer les génomes du virus à La Réunion. La circulation de cette mutation du virus, beaucoup plus contagieux, monte en flèche avec jusqu’à représenter 50 % des cas testés positifs aux tests. »

LE PARISIEN

L’Occident soutient le vaccin d’AstraZeneca malgré sa suspension en Afrique du Sud

Plusieurs Etats occidentaux ont exprimé lundi leur confiance dans le vaccin contre le COVID-19 d’AstraZeneca malgré la suspension de son utilisation en Afrique du Sud à la suite d’une étude montrant sa faible efficacité sur le variant qui se propage dans le pays.

Alors que ce virus a fait à ce stade plus de 2,3 millions de morts dans le monde, l’apparition de variants très contagieux, notamment en Afrique du Sud, en Grande-Bretagne et au Brésil, suscite l’inquiétude, car elle pourrait nécessiter une modification de la formule de certains vaccins et des rappels de vaccination.

L’Afrique du Sud a suspendu le vaccin d’AstraZeneca après que des chercheurs de l’Université de Witwatersrand et de l’Université d’Oxford ont déclaré dans une étude préliminaire qu’il offrait une faible protection contre le variant B.1.351, désormais majoritaire au sein des personnes contaminées dans le pays.

L’étude ne fournit pas de données en ce qui concerne les personnes âgées, plus exposées aux formes graves et mortelles du virus. Elle n’indique pas non plus si le vaccin empêche de développer une fo

« Cette étude confirme, comme attendu, que la pandémie due au coronavirus continuera à se propager dans les populations vaccinées », a déclaré Andrew Pollard, chercheur en chef de l’essai mené par l’université d’Oxford. Il estime toutefois que les vaccins peuvent néanmoins faire baisser la pression sur le système de santé.

Le ministre sud-africain de la Santé, Zweli Mkhize, a déclaré que le gouvernement attendait les recommandations des scientifiques sur la marche à suivre pour les vaccinations.

Avant la circulation du variant plus contagieux du coronavirus, le vaccin développé par AstraZeneca était donné efficace dans 75% des cas. Le laboratoire anglo-suédois a indiqué samedi que son vaccin semblait protéger contre les formes les plus graves de la maladie. Il a fait savoir qu’il avait déjà commencé à adapter son vaccin au variant sud-africain.

Vaccination saisonnière

L’Afrique du Sud espère vacciner 40 millions de personnes, soit les deux tiers de sa population, mais n’a pas encore débuté sa campagne de vaccination. Elle espérait pouvoir administrer lundi des doses du vaccin AstraZeneca au personnel de santé. Au lieu de cela, les premières vaccinations devraient avoir lieu dans les prochaines semaines, avec les vaccins de Johnson & Johnson et de Pfizer-BioNTech .

Le vaccin d’AstraZeneca, plus facile à stocker et à déployer que celui de Pfizer ou celui de Moderna, constituait un grand espoir pour l’Afrique.

Si les vaccins ne sont pas aussi efficaces que prévu contre les variants du coronavirus, la bataille contre l’épidémie pourrait s’avérer plus longue et plus coûteuse que prévu.

L’étude de l’Université d’Oxford met ainsi en avant l’idée d’une vaccination saisonnière au fur et à mesure de l’évolution du virus.

Selon Sarah Gilbert, professeur de vaccinologie à l’Université d’Oxford, des recherches sont en cours pour développer une nouvelle génération de vaccins de rappel qui permettront une protection contre les nouveaux variants.

« C’est le même problème auquel sont confrontés tous les développeurs de vaccins, et nous continuerons de surveiller l’émergence de nouveaux variants qui se présenteront en prévision d’un changement de souche dans l’avenir », a-t-elle déclaré.

France, Allemagne et Royaume-Uni confiants 

Le vaccin AstraZeneca contre le COVID-19 empêche le décès des patients, de développer des formes graves et il est efficace contre les principales variantes du virus au Royaume-Uni, même s’il n’est pas exclu que les personnes vaccinées puissent recevoir une dose de rappel liée aux mutations, a réagi lundi le ministre britannique de la Santé, Edward Argar.

« Il n’y a aucune preuve que ce vaccin n’est pas efficace dans la prévention de l’hospitalisation, des maladies graves et de la mort, et c’est ce que nous recherchons en fin de compte avec ces vaccins aujourd’hui », a-t-il ajouté sur la chaîne Sky.

« Les souches dominantes dans ce pays ne sont pas la souche sud-africaine, il y a un petit nombre de cas, les souches dominantes ici sont la souche historique que nous avons eue, puis la variante découverte dans le Kent, contre laquelle ce vaccin est très efficace », a-t-il assuré.

D’après le ministre britannique de la Santé, 147 personnes ont été infectées par la variante sud-africaine en Grande-Bretagne.

En France, le ministre de la Santé Olivier Véran a déclaré lundi continuer de recommander l’utilisation du vaccin AstraZeneca dont les livraisons ont commencé samedi dans le pays.

« Aujourd’hui je continue de recommander aux soignants (…) la vaccination des publics cibles par le vaccin AstraZeneca, qui protège contre au moins 99% des souches qui circulent aujourd’hui dans notre pays », a-t-il dit.

En Allemagne, le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, a estimé pour sa part que les élements dont on dispose actuellement donnent à penser que les trois vaccins homologués (ceux de Pfizer-BioNtech, Moderna et AstraZeneca) par l’Agence européenne des médicaments sont efficaces contre les formes graves du COVID-19.

La Grande-Bretagne et l’Australie ont appelé au calme, estimant que des études montrent que les vaccins ont empêché des formes graves et des décès. « Nous pensons que les deux vaccins que nous utilisons actuellement sont efficaces, comme je l’ai dit, pour empêcher les formes graves de la maladie et la mort », a déclaré à la presse le Premier ministre britannique Boris Johnson.

« Nous pensons aussi, en particulier dans le cas du vaccin Oxford-AstraZeneca, qu’il y a de bonnes chances qu’il permette d’éviter les contaminations, avec je pense une baisse de 67% des transmissions ».

L’Australie devrait homologuer le vaccin d’AstraZeneca dans les prochains jours. « Il n’y a actuellement aucune preuve indiquant une réduction de l’efficacité des vaccins AstraZeneca ou Pfizer dans la prévention de maladies graves et les décès. C’est la mission principale, protéger la santé », a déclaré le ministre australien de la Santé, Greg Hunt.

AFP

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