Prison de Condé-sur-Sarthe : le détenu qui a blessé deux surveillants maîtrisé par le RAID, sa femme tuée

Cet homme, décrit comme radicalisé, était retranché dans la prison après avoir blessé deux agents avec un couteau. Sa compagne, qui était avec lui, est grièvement blessée.

 

JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Un détenu radicalisé a agressé au couteau deux surveillants de la prison ultrasécurisée de Condé-sur-Sarthe, près d’Alençon (Orne), mardi 5 mars. « Le caractère terroriste de cette attaque ne fait aucun doute », a annoncé la ministre de la justice, Nicole Belloubet.

Le détenu et sa compagne, retranchés durant dix heures dans une unité de la prison, ont été interpellés en début de soirée par le RAID, unité d’élite de la police nationale, selon le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Tous les deux ont été blessés par balle lors de l’intervention. La femme, très grièvement touchée, est morte en début de soirée « des suites de ses blessures », selonle procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. Ce dernier a précisé que tous les deux étaient munis d’armes blanches mais pas d’explosifs, contrairement aux informations du détenu, Michaël Chiolo.

  • Comment s’est déroulée l’agression ?

Les faits ont eu lieu à 9 h 30, alors que le détenu était escorté par deux agents, au sein de l’unité de vie familiale où sa compagne l’attendait. L’homme a alors agressé ces derniers en se jetant sur eux avec un couteau en céramique, leur portant plusieurs coups. Selon Alassane Sall, délégué Force ouvrière (FO) de la prison, le détenu « radicalisé » a dit « Allah akbar » en agressant les surveillants. Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, a précisé que l’homme a dit agir pour « venger Chérif Chekatt », le terroriste qui avait tué cinq morts à Strasbourg en décembre.

Le couteau qui a servi à l’agression – en céramique et donc non repéré par le détecteur de métaux – « aurait pu lui être apporté par sa femme », a précisé la ministre de la justice. Mais, selon Emmanuel Baudin, secrétaire général de Force ouvrière (FO) pénitentiaire, ce genre de couteau « est fourni par la pénitentiaire » dans les unités de vie familiale (UVF). La compagne a aussi « agressé les collègues avec un couteau fourni par l’établissement », selon le syndicaliste.

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  • Les deux surveillants hospitalisés mais « pas en danger »
JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Les deux surveillants, âgés d’une trentaine d’années, ont été hospitalisés mais « ne sont pas en danger », a déclaré Mme Belloubet. Le surveillant le plus grièvement blessé, « éventré »« est au bloc pour une intervention chirurgicale après un scanner », a précisé Alassane Sall, délégué FO de la prison. Selon la police, il est blessé au thorax. L’autre surveillant a été blessé au visage, selon la police. D’après FO, il a été touché à la mâchoire, au visage et dans le dos.

  • Michaël Chiolo, 27 ans, un profil de « radicalisé en prison »

Détenu de droit commun, Michaël Chiolo, 27 ans, purgeait une peine de trente ans de prison criminelle pour arrestation, enlèvement, séquestration suivie de mort, et vol avec arme. Avec un complice, originaire comme lui de Saint-Avold (Moselle), il avait été condamné en décembre 2015 en appel à Nancy pour avoir étouffé un homme de 89 ans, ancien déporté de camp de concentration, après l’avoir séquestré, le tuant par asphyxie en l’emballant dans des vêtements et des bandes médicales à son domicile, près de Metz en 2012.

En novembre 2015, alors qu’il était déjà incarcéré à Mulhouse dans l’attente de son jugement en appel, Michaël Chiolo avait été condamné à un an de prison ferme pour avoir demandé à ses codétenus de « rejouer » l’attaque du Bataclan dans la cour de la maison d’arrêt.

Converti à l’islam en 2010, il était considéré comme « radicalisé en prison », selon une source policière. Suivi par le renseignement pénitentiaire, Michaël Chiolo est inscrit au fichier pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), a expliqué la ministre de la justice.

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Le détenu n’est « pas simple à gérer, donc il fait l’objet d’un suivi extrêmement attentif », a précisé Mme Belloubet. Il n’était cependant pas à l’isolement et ne se trouvait pas dans le quartier pour radicalisés (QPR), ouvert dans cette prison en septembre.

L’avocate Pauline Brion, qui l’avait défendu lors de son procès en 2015, se souvient d’un garçon « intelligent, très cultivé », sans formation ni profession, « devenu un peu vagabond ». Il avait, selon elle, rencontré sa compagne en prison : « Il avait écrit à quelqu’un après sa conversion pour qu’on lui trouve une épouse. »

  • La section antiterroriste du parquet de Paris saisie

La section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé s’être saisie de l’enquête. La sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire (SDAT), la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Rennes sont chargées de l’enquête.

  • Une prison pourtant ultrasécurisée
JEAN-FRANÇOIS MONIER / AFP

L’établissement de Condé-sur-Sarthe, inauguré en 2013, est, avec celui de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le plus sécurisé de France. Il héberge actuellement 110 détenus pour 195 places. Mais cette maison centrale accueille des profils dangereux, notamment des djihadistes.

D’un fonctionnement très automatisé et tendant à réduire les contacts entre détenus et surveillants, son architecture limite la liberté de mouvement des prisonniers. En septembre 2018, un quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) a été ouvert au sein de la prison, le second en France après celui de Lille-Annœulin.

Depuis son ouverture, plusieurs agressions, rébellions ou prises d’otages ont eu lieu dans l’enceinte de cette prison, accueillant des détenus réputés « difficiles » ou ayant déjà commis des violences en milieu carcéral. Ainsi, en janvier 2014, un officier surveillant avait été sérieusement blessé après avoir reçu plusieurs coups de poinçon artisanal par un détenu. Le même mois, c’est le directeur adjoint de la prison qui avait été blessé par plusieurs coups de lame. Et en février de la même année, c’est l’ancien chef du « gang des Barbares », Youssouf Fofana, qui a été condamné à trois ans de prison supplémentaires, pour avoir agressé à deux reprises des surveillants.

En 2015, le syndicat FO avait même dénoncé une « tentative d’homicide » après l’agression de cinq surveillants par un détenu armé d’une équerre métallique. Parmi les autres incidents notables, en avril 2018, un détenu avait été condamné à trois ans de prison pour avoir agressé un surveillant à coups de stylo à la gorge.

  • Contexte social tendu dans les prisons françaises

Cette agression survient dans un contexte social tendu dans les prisons, alors que des surveillants mènent depuis plusieurs mardis des actions pour réclamer une évolution de leur statut, refusée par la garde des sceaux. En réaction à l’agression de Condé-sur-Sarthe, des surveillants ont débrayé mardi devant des établissements pénitentiaires, retardant leur prise de service notamment à Fleury-Mérogis (Essonne) selon FO-Pénitentiaire. Des syndicats ont appelé au blocage des établissements pénitentiaires dès mercredi matin.

De son côté, le ministère a publié un communiqué dans lequel il témoigne de « tout son soutien aux agents blessés et à leurs proches, ainsi qu’à leurs collègues actuellement mobilisés ». Une cellule de crise a par ailleurs été ouverte aux niveaux régional et national.

lemonde.fr


Qui est Michaël Chiolo, l’agresseur présumé de deux surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe ?

Michaël Chiolo a été condamné à trente ans de réclusion pour la séquestration, suivie de la mort, d\'un homme de 89 ans, à Montigny-lès-Metz en 2012.
Michaël Chiolo a été condamné à trente ans de réclusion pour la séquestration, suivie de la mort, d’un homme de 89 ans, ancien résistant déporté, à Montigny-lès-Metz en 2012. (DR)

Agé de 27 ans, il purgeait une peine de trente ans de prison pour des faits de droit commun mais avait été jugé suffisamment dangereux pour être placé dans l’un des deux établissements les plus sécurisés de France. Il a été interpellé, avec sa compagne, mardi soir.

L’agresseur présumé de deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) à coups de couteau en céramique en criant « Allah Akbar », mardi 5 mars, était connu pour sa radicalisation. Il a été interpellé dans la soirée de mardi par le Raid. Michaël Chiolo, 27 ans, purgeait une peine de trente ans de prison pour des faits de droit commun mais avait été jugé suffisamment dangereux pour être placé dans cette maison centrale, l’un des deux établissements les plus sécurisés de France.

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Il purgeait une peine de trente ans de prison

Michaël Chiolo a été condamné pour sa participation à la séquestration, suivie de la mort d’un homme de 89 ans, à Montigny-lès-Metz (Moselle). En compagnie de deux complices, il s’était rendu chez lui pour le cambrioler. Roger Tarall, ancien résistant et survivant du camp nazi de Dachau, avait été retrouvé mort asphyxié le 17 avril 2012 à son domicile, les mains attachées dans le dos, la bouche bâillonnée, quasiment momifié.

Condamné à 28 ans de prison devant la cour d’assises de la Moselle, à Metz en 2015, Michaël Chiolo a écopé d’une peine plus lourde, trente ans de réclusion, en appel devant la cour d’assises de la Meurthe-et-Moselle, à Nancy.

Le fils de la victime, Alain Tarall, se souvient bien de Michaël Chiolo. « A Metz déjà, lors du premier procès, il ne cessait de tenir son chapelet musulman. Je me souviens de ses sourires lorsqu’il me regardait. Des sourires de satisfaction, c’était glaçant », confie-t-il au Républicain Lorrain. A Nancy, en appel, « il avait été beaucoup plus virulent. Sa dangerosité était évidente. A l’énoncé du verdict, il avait menacé tout le monde, les juges et les jurés. Je crois que personne n’y avait prêté attention à l’époque. Ca résonne particulièrement aujourd’hui », poursuit-il.

Il s’est radicalisé en prison

Originaire de Saint-Avold (Moselle), Michaël Chiolo s’est converti à l’islam en 2010. Mais c’est surtout lors de son incarcération en 2012 qu’il s’est radicalisé. D’abord détenu à la maison d’arrêt de Metz, Michaël Chiolo « était jeune et très seul à la maison d’arrêt », se souvient son avocat de l’époque auprès du Républicain Lorrain, qui ajoute que « les milieux radicalisés lui ont tendu la main ».

Incarcéré successivement dans plusieurs prisons, le jeune homme aurait été au cœur de « nombreux incidents de détention », poursuit Me Cédric Demagny auprès du Républicain Lorrain. Le journal indique par exemple qu’il aurait forcé des codétenus à boire jusqu’à huit litres d’eau par jour pour se purifier le corps.

Lors de son passage à Nancy, il s’était également fait remarquer pour son prosélytisme, se souvient la déléguée régionale FO pénitentiaire, Fadila Doukhi, citée par France Bleu. La radio affirme que, même à l’isolement, Michaël Chiolo parvenait à communiquer avec d’autres détenus. L’un d’eux aurait même demandé à quitter le quartier d’isolement pour échapper à cette tentative d’emprise religieuse.

En prison, il s’est lié avec Cherif Chekatt, auteur de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg en décembre 2018. Les deux hommes ont passé 175 jours de détention ensemble, puis ont continué à correspondre par courrier, selon les informations de France Télévisions.

L’avocate Pauline Brion, qui l’a défendu par le passé, se souvient d’un garçon « intelligent, très cultivé », sans formation ni profession, « devenu un peu vagabond ». Il avait, selon elle, rencontré sa compagne en prison. « Il avait écrit à quelqu’un après sa conversion pour qu’on lui trouve une épouse », relate-t-elle.

Il a été condamné pour apologie du terrorisme

En novembre 2015, alors qu’il était déjà incarcéré à Mulhouse dans l’attente de son jugement en appel, Michaël Chiolo avait été condamné à un an de prison ferme pour avoir demandé à ses codétenus de « rejouer » l’attaque du Bataclan dans la cour de la maison d’arrêt. « Après Paris, j’aurais continué en province », aurait dit le jeune homme à un codétenu, selon des propos rapportés par les surveillants de la maison d’arrêt.

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a indiqué que le suspect était inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). On ne sait en revanche pas s’il était détenu au sein du quartier réservé aux personnes radicalisées au sein de la prison de Condé-sur-Sarthe.

Adolescent, il était fasciné par le nazisme

Son premier procès d’assises, en 2015, avait mis l’accent sur l’attirance de l’accusé pour le nazisme au moment de son adolescence. « Des dossiers photos avaient été présentés », se souvient Me Demagny auprès de France Bleu. Michaël Chiolo collectionnait les posters d’Adolf Hitler.

Par franceinfo – France Télévisions

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Miraël

Il avait tué un survivant de la Shoah!! C’est horrible. l’Etat devrait construire des prisons type ADX aux Etats Unis pour des gens comme ça.

galil308

un sur deux.. le RAID nous a habitués à mieux..
On peut juste espérer qu’ils feront mieux la prochaine fois, une prochaine fois hautement probable vu la dangerosité du criminel, et espérons que les gardiens n’auront pas à subir ses violences .

alexandra

Le mal incarné. Ne voit-on pas qu’un tel individu pousse à la radicalisation d’autres détenus déjà dangereux ?
Et quel besoin d’emménager des « séjours en unité de vie familiale » pour de telles ordures irrécupérables ?
Bêtise ou irresponsabilité ?
Toute ma solidarité et mes voeux de prompt rétablissement aux surveillants blessés.

Bonaparte

Il aurait dû crever avec sa morue .