Le président de l’Etat Reouven Rivlin a fait savoir dimanche qu’il refuse d’accorder la grâce au soldat ElOr Azaria reconnu coupable et condamné pour avoir tiré achevé un terroriste palestinien.

Dans une lettre émanant de la résidence présidentielle, Reouven Rivlin explique qu’après avoir lu tous les documents à charge et en faveur d’El-Or, il avait décidé de ne pas accéder à la requête de l’ancien soldat, d’autant plus que le chef d’Etat-major a déjà réduit sa peine de quatre mois.

 

Un passage de la lettre présidentielle est particulièrement sévère lorque l’on se rappelle que le jeune homme a achevé un vil terroriste: « …un allègement supplémentaire de la peine prononcée aurait porté atteinte à la robustesse de Tsahal et l’Etat d’Israël. Les valeurs de Tsahal et parmi elles la pureté des armes sont le socle de notre institution militaire et de l’Etat d’Israël et ont toujours été au centre de notre combat juste pour notre droit à un foyer national et l’édification d’une société solide ».

Les réactions sont nombreuses dans la classe politique et comme il fallait s’y attendre, la gauche félicite le président alors que la droite l’accuse d’avoir lâché El-Or Azaria et sa famille.

Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman (Israël Beiteinou), qui avait exprimé son voeu de voir grâcier El-Or Azaria a rappelé son respect pour l’institution du président de l’Etat mais a estimé que Reouven Rivlin a « raté une occasion de mettre fin une fois pour toutes à cette affaire qui a secoué et déchiré la société israélienne durant trop de temps ».

Le ministre a également exprimé sa crainte des effets de la décision présidentielle sur les soldats qui effectuent leur service militaire dans des zones à risques et ceux qui s’enrôleront à l’avenir. « Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un excellent soldat face à un terroriste qui était venu pour tuer » a conclu le ministre.

Plus sèvère, la ministre de la Culture et des Sports Miri Reguev (Likoud) a accusé le président de l’Etat d’avoir « porté atteinte à l’institution de la grâce présidentielle » et « d’avoir lâché El-Or Azaria en cèdant à des pressions extérieures ».

La ministre a estimé que la grâce présidentielle est justement destiné à des situations telles que celle-ci, qui est de faire la synthèse entre la loi rigide et le sentiment de justice tel qu’il est ressenti par la population.

Elle a rajouté: « Le président avait l’occasion d’adresser un message aux soldats, leur disant que s’ils commettent une erreur ils seront jugés sur le plan disciplinaire mais ne seront pas abandonnés. El-Or ne devrait pas passer une nuit de plus en prison (…) Le président aurait pu mettre fin à cette saga mais il ne l’a pas fait ».

Le ministre de l’Education Naftali Benett a immédiatement téléphoné à la famille Azaria et a dit à Oshra, la maman d’El-Or: « Je regrette la décision présidentielle. Transmettez mon affection à El-Or et à votre mari Charly. Nous n’avons pas d’autre Etat et il ne faut pas se laisser aller au découragement. Il faut regarder vers l’avant, lever la tête et être forts ».

La vice-ministre des Affaires étrangères Tsipi Hotovely (Likoud) a elle-aussi regretté la décision présidentielle, tenant compte du fait qu’El-Or Azaria a agi dans le cadre d’une situation complexe et tendue.

David Bittan (Likoud), président de la coalition a estimé que la décision du président Rivlin était « courue d’avance » et qu’il s’agit « d’une occasion ratée de se rattacher à la volonté du peuple et de remonter le moral des soldats comme des jeunes qui vont s’enrôler ». Très incisif, David Bittant a rajouté: « Il est intéressant de constater que concernant son ami Ehoud Olmert, Reouven Rivlin a rapidement fait fonctionner sa compassion ».

La députée Nava Boker (Likoud) s’est dit « déçue » par la décision du président Rivlin: « Le président de l’Etat a complètement occulté le procès très médiatisé et acharné qu’a subi le soldat, il n’a pas tenu compte non plus de la période de prison qu’il avait déjà purgée et qui n’a pas été prise en compte dans le verdict final et par-dessus tout, il a oublié qu’El-Or Azaria a agi dans le cadre de l’armée de défense d’Israël.

Même si El-Or a commis une erreur, il nous est interdit de laisser tomber nos soldats. C’est ce qu’a fait aujourd’hui le président Rivlin. Il est regrettable que dans sa réflexion il n’ait pas pris en compte le prix déjà lourd payé par le jeune homme et sa famille depuis le début de cette affaire ».

Le plus virulent à droite a une fois de plus été Oren Hazan (Likoud), qui a carrément appelé Reouven Rivlin à démissionner: « Rivlin! Vous avez perdu votre légitimité de poursuivre votre mandat comme président de l’Etat! Votre devoir est de préserver l’unité de la nation et votre unique prérorgative est d’accorder la grâce. Mais en l’occurence vous avez échoué. Vous avez raté l’occasion de racommoder les pièces (…) Mettez les clés sous la porte et rentrez chez vous! ».

Du côté de l’opposition, les réactions sont aux antipodes.

Eyal Ben-Reouven (Camp Sioniste) a salué la décision présidentielle: « La président a fait confiance à la décision judiciaire et au jugement du chef d’Etat-major. Cette décision est très importante pour les valeurs ethiques de Tsahal et de la société israélienne dans son ensemble ».

Omer Bar-Lev (Camp Sioniste) a lui-aussi exprimé sa satisfaction: « Tant que notre pays a un tel président, notre espoir ne sera pas vain. Le seul moyen de racommoder la société israélienne après cette affaire était de soutenir la position du chef d’Etat-major qui est le symbole d’un large consensus national et non de se laisser aller à des vents contraires qui ébranlent les valeurs de Tsahal et du consensus autour de notre armée ».

Le député Ofer Shela’h (Yesh Atid) a dit son « total soutien à Reouven Rivlin face au déluge de poison qui va déferler sur lui après sa décision ». « Une fois de plus, le président de l’Etat a choisi d’être un homme là où il y en a peu. Il aurait pu choisir la popularité mais a préféré renforcer les fondations de Tsahal et de la société israélienne ».

Quant à la famille Azaria, elle a exprimé sa colère pour deux raisons: la première, évidente, pour le refus de la grâce présidentielle et la seconde pour avoir appris par voie de presse la décision du président Rivlin.

Elle a publié le communiqué suivant: « Nous avons appris avec déception et douleur cette décision. Le président de l’Etat avait l’opportunité de mettre fin aux terribles souffrances endurées par notre famille, mettre un terme à un débat qui a déchiré et divisé la population et libérer enfin notre fils El-Or. Une décision de compassion aurait été de mise eu égard au fait qu’El-Or était un excellent soldat qui a agi face à un terroriste qui était venu assassiner des soldats ou des civils à Hevron. Nous exprimons aussi notre colère du fait que le père, Charly Azaria ait appris le nouvelle par les médias alors qu’il subissait un examen à l’hôpital du fait de la dégradation de son état de santé ».

La famille Azaria a indiqué qu’elle poursuivra son combat pour faire libérer El-Or et qu’elle est vraiment déçue du manque de sentiment montré par le président de l’Etat.

Photo Yonatan Sindel / Flash 90

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chouika

« On se souviendra de vous pour toujours comme un président qui a agi contre son propre pays », a écrit un internaute. « Vous avez utilisé votre position pour créer l’anarchie, aller contre le Premier ministre et le ministre de la Défense en faveur de la gauche