Le Plan directeur de Trump pour la bande de Gaza avance en silence
Analyse : Un nouvel accord entre les États-Unis, Israël, le Hamas, le Jihad islamique, l’Égypte et le Qatar, est en train de prendre forme à Gaza. Mais les connaisseurs gardent le silence, pendant que ses bases sont jetées sur le terrain

L’accord en préparation entre Israël et le Hamas à Gaza est devenu un élément important, qui n’a pas encore été révélé, du Deal du Siècle de Donald Trump.

Tous ceux qui ont besoin de savoir comprennent et se taisent. Le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi – dont le pays agit en tant que médiateur unique et dont les émissaires ont passé ces derniers jours à courir entre le Hamas, le Jihad islamique et leurs ailes militaires, et même à se rendre en visite à la barrière Gaza-Israël – est devenu muette.

Benjamin Netanyahu et Donald Trump à la Maison Blanche (Photo: Reuters)

Benjamin Netanyahu et Donald Trump à la Maison Blanche (Photo: Reuters)

 

Les principaux journaux du Caire évoquent les commentaires de Sisi sur les droits des femmes, l’augmentation des salaires des fonctionnaires, les récents invités du président et, bien sûr, sa visite prévue à la Maison Blanche le 9 avril, jour des élections israéliennes. Nous apprenons ce que Sisi veut obtenir de Trump et ce que Trump s’attend à entendre en retour.

Mais qu’en est-il de Gaza? Sur cette question, il n’y a presque rien. Les officiers de l’armée égyptienne font leurs rapports directement à un centre de commandement spécial au Caire, qui, à son tour, va faire son rapport directement au palais présidentiel, sans qu’aucun mot ne s’échappe sur l’intrigue en cours.

Troupes de Tsahal le long de la frontière de Gaza (Photo: Barel Efraim)

Troupes de Tsahal le long de la frontière de Gaza (Photo: Barel Efraim)

 

Tout le monde garde le silence sur la question – même le Qatar. Car là aussi, les connaisseurs comprennent que les arrangements à Gaza font partie du méga-accord de Trump au Moyen-Orient. Il est intéressant de noter que pendant que l’Egypte (sur ordre de l’Arabie saoudite) boycotte le Qatar, elle laisse encore son envoyé, Mohammed al-Emadi, continuer à jouer le rôle de distributeur automatique pour Gaza. Ce n’est que maintenant que l’argent ne va plus directement aux dirigeants du Hamas, mais est plutôt remis à la population sous forme d’une modeste indemnité de subsistance.

En Israël aussi, on sait que l’accord de Gaza fait partie d’un plan plus vaste. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déployé des troupes de Tsahal, appelé des réservistes, mis en place des forces de sécurité à la frontière de Gaza, le tout pour se préparer au lendemain de l’accord, quand Israël devrait augmenter le nombre de permis de pêche, autoriser les exportations vers la Cisjordanie et peut-être même en Israël, créer des zones industrielles et d’autres types d’arrangements économiques.

Notez à quel point Trump et ses conseillers ne disent pas un mot. S’ils parlent maintenant, mettent la pression d’un côté ou de l’autre, l’accord qui n’est pas encore finalisé pourrait tout faire exploser. Il serait presque certainement voué à tomber en pièces. Après tout, qui dans le monde arabe veut être associé à Trump, qui souhaite être ouvertement associé à Netanyahu?

Netanyahu et Sisi à l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2018

Netanyahu et Sisi à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2018

 

Même le roi Abdallah de Jordanie a établi un lien entre ce qui se passe des deux côtés de la frontière avec Gaza et l’accord conclu par Trump. Ce n’est pas un hasard si Abdullah préfère parler de Jérusalem plutôt que de Gaza. Il suit l’évolution de la situation entre Israël et le Hamas et sait dans quelle direction les choses sont censées aller.

Naturellement, Abdullah est davantage intéressé par les événements en Cisjordanie, qui se trouvent à sa porte. La bande de Gaza a moins d’importance pour lui, mais il suit la situation pour ne pas être pris au dépourvu.

Il semble que le président palestinien Mahmoud Abbas soit le seul à pouvoir briser cette chaîne qui va d’Israël au Hamas, en passant par l’Égypte et la Maison Blanche. Il comprend que c’est une partie qui, pour des raisons évidentes, n’a pas encore été officiellement annoncée. Après tout, tout cela n’en est encore qu’à ses débuts, où il n’y a pas d’annonce, mais qui jette les bases de l’accord et élimine un à un tous les obstacles.

Abbas et ses ministres sont pris au piège. Ils attaquent le plan américain, rivalisant avec Trump comme ils le font avec Netanyahu, et n’ont pas de solution ni de plan alternatif.

 

Smadar Perry | Publié: 04.02.19, 21:11

Adaptation  : Marc Brzustowski

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