Tsahal : le Jihad islamique à l’origine du tir d’une roquette contre Israël
Après quelques semaines relativement calmes, les habitants du sud ont été secoués par le bruit causé par le lancement d’une roquette à longue portée.

Une roquette à longue portée tirée lundi soir depuis la bande de Gaza aurait été lancée par le Jihad islamique.

La roquette a atterri dans la mer au large d’une des villes côtières du sud d’Israël. Cela n’a causé aucun dommage.

Le commandant du Jihad islamique à Gaza, Baha Abu Al Ata

Le commandant du Jihad islamique à Gaza, Baha Abu Al Ata, à l’extrême-droite sur la photo

Dans une déclaration inhabituelle, Tsahal a spécifiquement blâmé Baha Abu Al Ata, commandant de la ville de Gaza pour le Jihad islamique, en le menaçant d’une possible action israélienne à son encontre.

Ziad Nahala, dirigeant du Jihad islamique

Ziad Nahala, dirigeant du Jihad islamique

 

On pense que Al Ata opérait sous les ordres de Ziad Nahala, le dirigeant des organisations.

Selon des sources militaires, le Jihad islamique aurait été plus actif ces derniers temps dans ses efforts visant à déclencher des attaques violentes «sous le radar» et à causer des perturbations dans la vie civile.

L’armée israélienne, en réponse, a restreint les pêcheurs de Gaza à une zone de 6 milles marins jusqu’à nouvel ordre.

Yoav Zitun | Publié le 04.30.19, 09:14

Le Jihad Islamique, le nouveau seigneur de Gaza?

REUTERS / Ibraheem Abu Mustafa

Les militants du Jihad islamique palestinien montent dans une camionnette pour célébrer la libération du membre du Jihad islamique Tarek al-Mudalal d’une prison israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 18 janvier 2018.

RÉSUMÉ DE L’ARTICLE

Le Jihad islamique a clairement indiqué au Hamas, à l’Égypte et à Israël que les règles du jeu avaient changé à Gaza au cours des derniers mois.

Qui dirige qui dans la bande de Gaza? Le Hamas est-il le maître du Jihad Islamique Palestinien (JIP), un mouvement militant soutenu par l’Iran, ou est-ce l’inverse? Au cours des derniers mois, les forces de sécurité israéliennes ont constaté l’influence croissante du Jihad islamique sur le Hamas. Cherchant à éviter les problèmes avec l’Iran, les dirigeants du Hamas estiment qu’ils n’ont pas d’autre choix que de suivre les ordres du Jihad islamique dans leurs actions lorsqu’ils traitent avec Israël et l’Égypte.

Cette situation a été exacerbée par la nomination de Ziyad al-Nakhalah au poste de secrétaire général du Jihad islamique en septembre 2018. Nakhalah remplace Abdullah Ramadan Shalah, dans le coma depuis son attaque d’AVC en avril 2018.

Né à Khan Yunis, Nakhalah a passé 14 ans dans les prisons israéliennes jusqu’à ce qu’il soit libéré dans l’échange de prisonniers 1985 appelé « accord Jibril ». Il a ensuite été expulsé vers le Liban, où il a été recruté au sein de la direction du Jihad islamique par le fondateur du mouvement, Fathi Al-Shaqaqi. Shaqaqi a été exécuté à Malte en 1995 lors d’une attaque attribuée au Mossad par des sources de presse étrangères. La cible aurait été le commanditaire de l’attaque terroriste à l’intersection de Beit Lid en janvier 1995, au cours de laquelle 21 soldats et un civil avaient été tués. Ramadan Shalah donnait des conférences aux États-Unis au moment de l’élimination de son chef, mais il a été rappelé pour prendre la relève en tant que secrétaire général du mouvement. Il a ensuite nommé Nakhalah comme étant son adjoint.

Pendant toutes ces années, Ramadan Shalah a été loyal envers l’Iran, qui avait financé l’ IJP à hauteur de 70 millions de dollars par an, puisés dans le budget du Corps des gardiens de la révolution islamique. Sous son égide, le Jihad islamique s’est retrouvé pris au piège entre le désir d’apaiser l’Iran, qui souhaitait à son tour une présence significative à Gaza, et ses relations ténues avec le Hamas, qui contrôlait effectivement la bande de Gaza. Compte tenu de ces intérêts contradictoires, Ramadan Shalah s’est montré extrêmement prudent durant son mandat. Il a reconnu les limites inhérentes à une petite organisation comptant environ 1 000 combattants armés et a toujours cherché à trouver un équilibre entre les intérêts du Jihad islamique et de l’Iran à Gaza et la réalité sur le terrain, où le Hamas maintenait un contrôle absolu et jouissait de sa toute capacité opérationnelle.

Inévitablement, la relation entre le Jihad islamique et le Hamas était compliquée. D’une part, les deux groupes ont pleinement coopéré sur le plan opérationnel en temps de crise et lors de conflits armés avec Israël. D’autre part, le Jihad islamique a rivalisé avec le Hamas pour dominer l’opinion publique palestinienne, notamment en ce qui concerne la question de savoir qui est le plus fidèle à l’idée d’un véritable jihad armé contre Israël.

Nakhalah, nouvellement élu, a nommé Mohammad al-Hindi , qui vit dans la bande de Gaza, au poste d’adjoint. J’ai rencontré Hindi à plusieurs reprises au cours de la deuxième Intifada (2000-2005) et il a même accepté d’être interviewé pour la télévision israélienne. J’ai interviewé et discuté avec lui du rôle du groupe à Gaza, avant même le coup d’État du Hamas en 2007, lorsque les forces de sécurité préventives palestiniennes dirigées par Mohammed Dahlan avaient pourchassé des membres de haut rang de la branche armée du Jihad islamique. L’impression qui me revenait à l’époque était que Hindi connaissait exactement la place et la force du mouvement islamiste djihadiste alors qu’il s’engouffrait dans le vide laissé par le Hamas, devenu un mouvement politique populaire parfois contraint de faire des compromis, compte tenu de la complexité de la réalité avec Israël.

De cette manière, le Jihad islamique s’est mis en posture d’entreprendre ce que le Hamas ne pouvait pas faire, à plus d’une occasion. Dans certains cas, il a tiré des roquettes sur Israël simplement pour s’assurer que le Hamas ne laisserait pas d’empreintes digitales sur l’opération. À d’autres moments, le Jihad islamique a tenté de défier le Hamas afin de prouver à la population de Gaza et à ses commanditaires, les gardiens de la Révolution à Téhéran que leurs fonds magnanimes étaient utilisés à bon escient.

Aussi claires que soient les règles du jeu, elles ont commencé à changer au cours des derniers mois. Nakhalah a réussi à transformer le djihad islamique, partant d’une organisation basée sur le Hamas à un groupe d’activistes qui lance ses propres activités.

Le 22 janvier, un tireur d’élite palestinien à Gaza a abattu un officier des Forces de défense israéliennes à la tête lors d’une émeute le long de la barrière de la frontière. Comme par miracle, la balle a été arrêtée par le casque de l’officier, qui n’a subi que des blessures mineures. Le 3 février, le Jihad islamique a pris la responsabilité de l’incident et a publié un clip vidéo de la fusillade. Le porte-parole du groupe, Daoud Shihab, a expliqué que la documentation avait été rendue publique pour révéler certaines des violations quotidiennes des « droits de l’homme les plus élémentaires » des Palestiniens. En d’autres termes, le Jihad islamique ne laissera pas le droit de défendre les Palestiniens au seul Hamas.

Bahaa Abu al-Ata, commandant de l’aile militaire du Jihad islamique dans le nord de la bande de Gaza, est perçu par la sécurité israélienne comme une personne travaillant à créer une nouvelle réalité sur le terrain et à entraver la trêve non officielle entre le Hamas et Israël. Israël a envoyé un message à son sujet au Hamas par l’entremise de ses intermédiaires égyptiens et, dans le même temps, a publié sa photo via l’agence de presse Kan le 30 janvier, affirmant qu’il était responsable de la violation de la trêve qui régnait à Gaza et de l’attaque par des tireurs d’élite. Certaines sources palestiniennes affirment que Abu Al- Ata contesterait l’autorité de Ziad Nakhalah et ce dernier tenterait de prendre le contrôles des forces du Jihad sur le terrain, mais il n’y serait pas encore parvenu. Les tirs de roquettes ou de snipers pourraient alors être un double-avertissement à Isra¨zel, mais aussi à la direction du mouvement à l’étranger…

En réponse, le Jihad islamique a averti Israël de ne rien faire de stupide contre les commandants de l’aile militaire du Jihad islamique, car cela conduirait à des conséquences dévastatrices». Il a ensuite diffusé une vidéo du tireur isolé. Le clip du film n’était pas destiné à un public palestinien, pas plus qu’il ne faisait partie d’un effort visant à se vanter auprès d’Israël de ce que le groupe était capable de faire. Il visait en réalité l’Égypte après qu’Israël a envoyé un message aux Égyptiens lui disant que si le Hamas ne mettait pas un frein au Jihad islamique, il paierait un lourd tribut. « Si le calme n’est pas maintenu à Gaza, même en période de campagne, nous n’hésiterons pas à agir », a averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au début de la réunion du Cabinet le 3 février.

Jusqu’à présent, il semble que le Jihad islamique réussisse à plier le Hamas à sa volonté. Dans le passé, tout coup de feu – qui aurait posé problème au Hamas et conduit à l’effondrement de son entente avec Israël et l’Égypte – aurait entraîné l’arrestation des personnes qui avaient tiré les coups de feu ou même de ceux qui les avaient commanditées. Cela était vrai même lorsque Ramadan Shalah se trouvait à la tête du Jihad islamique.

Au lieu de cela, le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, est arrivé au Caire le 4 février, avec Nakhalah, pour s’entretenir avec des responsables des services de renseignements égyptiens sur les moyens de maintenir le calme avec Israël.

Selon un article paru dans le journal Al Akhbar, le Jihad islamique veut créer une situation dans laquelle l’organisation réagirait à chaque attaque israélienne sur la bande de Gaza ou à toute supposée « violation » par Israël des termes de la trêve. Il est peu probable que l’Égypte accepte cela, mais une chose est claire : Nakhalah est arrivée au Caire avec Haniyeh comme étant son égal et pair.

Shlomi Eldar est chroniqueur pour Israel Pulse d’Al-Monitor. Au cours des deux dernières décennies, il a couvert l’Autorité palestinienne et plus particulièrement la bande de Gaza pour les chaînes 1 et 10 d’Israël, en rendant compte de l’émergence du Hamas. En 2007, il a reçu le prix Sokolov, le prix médiatique le plus important d’Israël, pour ce travail.

Eldar a publié deux livres : « Eyeless in Gaza » (2005), qui prévoyait la victoire du Hamas aux élections palestiniennes suivantes, et « Se familiariser avec le Hamas » (2012), lauréat du prix Yitzhak Sadeh de littérature militaire. Il a reçu deux fois le Prix Ophir (Oscar israélien) pour ses films documentaires: « Precious Life » (2010) et « Foreign Land » (2018). « Precious Life » a également été sélectionné pour un Oscar et a été diffusé sur HBO. Il est titulaire d’une maîtrise en études du Moyen-Orient de l’Université hébraïque. Sur Twitter: @shlomieldar

Adaptation : Marc Brzustowski

Read more: al-monitor.com

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