Le Hamas ne parvient pas à refréner le Jihad islamique, qui n’a aucun intérêt à stabiliser Gaza

À la suite des tirs de roquettes récents, Israël ne peut tolérer les « nouvelles règles du jeu » que le JIP tente de lui imposer, et l’objectif de parvenir à une « entente » à long terme avec le Hamas, le groupe terroriste contrôlant la bande de Gaza, est une quête qui apparaît de plus en plus éloignée.

Pendant des mois, le gouvernement israélien a poursuivi l’objectif d’essayer de stabiliser la bande de Gaza. Il a essayé de parvenir à de nouveaux accords de trêve avec le Hamas par le biais de négociations indirectes – négociées par les Égyptiens, l’ONU, le Qatar et d’autres – afin d’éviter une nouvelle guerre.

Mais les derniers incidents montrent que l’objectif de stabiliser Gaza s’éloigne, de plus en plus, de jour en jour.

Dimanche dernier, le Jihad islamique palestinien a tenté de mener une attaque à la bombe à la frontière, qui a été déjouée avec succès par l’armée israélienne lorsque des troupes déployées le long de la frontière ont abattu le terroriste alors qu’il posait la bombe. L’indignation s’est répandue dans toute la bande de Gaza lorsqu’une vidéo a émergé d’un bulldozer de Tsahal enlevant de la scène le corps du terroriste.

Lundi, Tsahal a lancé une série de frappes aériennes contre le Jihad islamique après que le groupe terroriste a tiré des dizaines de roquettes sur Israël, dont plus de la moitié ont été interceptées par le système de défense Dôme de fer. L’attentat à la bombe à la frontière et les tirs de roquettes ne sont que les derniers signes de l’intensification de la situation à Gaza.

Il y a plusieurs raisons à cela. Le premier d’entre eux est le fait que le Hamas – le régime au pouvoir de Gaza et sa plus grande armée terroriste – ne peut ou ne veut pas imposer de contraintes au Jihad islamique, la deuxième plus grande faction armée de la bande de Gaza.

Une explosion à la suite d’une frappe aérienne israélienne sur des sites du Jihad islamique dans la ville de Gaza (AFP / Mahmud Hams)

Au cours de l’année écoulée, le Hamas a tenté d’éviter la guerre. Selon une source proche du dossier, le chef militaire du Hamas Yahya Sinwar a priorisé l’objectif d’améliorer la situation économique et humanitaire des Gazaouis.

Sinwar l’a fait, non pas parce que le Hamas a abandonné son idéologie radicale à long terme de destruction d’Israël ou ses efforts pour mettre en place des vagues d’attaques terroristes depuis la Cisjordanie, mais parce qu’il a conclu qu’une guerre en ce moment représenterait une réelle menace contre son propre régime. Il a également conclu qu’une détérioration économique continue parmi les Gazaouis présenterait de gros risques pour le contrôle du Hamas sur la bande de Gaza.

Sinwar s’est donc tourné vers le pragmatisme temporaire. Il reste intéressé par l’option de parvenir à des accords avec Israël et espère que de telles mesures amélioreront l’économie de Gaza, conduisant à des développements tels que la construction de nouvelles usines pour créer des emplois, permettant à davantage de commerçants de Gaza de pénétrer en Israël et à trouver des solutions pour les besoins criants d’électricité et d’eau pour Gaza.

Il ne fait aucun doute que Sinwar est l’homme fort à Gaza, tout comme les membres de l’aile militaire du Hamas qui l’entourent. Pourtant, la direction du Hamas n’a toujours pas le pouvoir de forcer le Jihad islamique à s’aligner sur ses efforts pour parvenir à une trêve.

Yahya Sinwar

Le Jihad islamique tente toujours de détruire les chances de parvenir à un cessez-le-feu, et le Hamas ne peut pas l’arrêter. C’est dû à la simple raison que cela nuirait à l’éthique du Hamas en tant que mouvement islamiste djihadiste et remettrait en question son engagement idéologique à entrer en conflit avec Israël.

Israël a essayé d’isoler le Jihad islamique et d’empêcher le Hamas de se battre. C’est pourquoi il a mené une frappe de missiles chirurgicaux quand il a tué le commandant du Jihad islamique Baha Abu-al Ata le 14 novembre 2019, après qu’il a ignoré plusieurs avertissements israéliens de cesser ses tentatives d’embrasement et de s’abstenir des tirs de roquettes, de missiles antichars et de bombardements qu’il a menait contre les Israéliens.

Le missile a tué al-Ata et sa femme, mais pas ses enfants, qui se trouvaient dans une autre pièce d’un même immeuble à Gaza. Le Hamas a pu se tenir en dehors de la poussée de fièvre d’une durée de deux jours qui a suivie, tout comme Israël l’avait prévu.

L’espoir en Israël était qu’après cette opération, des conditions émergeraient qui permettraient à Israël et au Hamas de parvenir à des accords à plus long terme. Mais ensuite, de nouveaux développements ont pris le dessus. L’élimination du commandant de la Force iranienne Quds, Qassem Soleimani, par les Américains a poussé, par solidarité, le Jihad islamique à intensifier ses attaques depuis Gaza.

Puis, fin janvier, l’administration Trump a dévoilé son plan de paix au Moyen-Orient, ce qui a fait sentir au Hamas qu’il « devait faire quelque chose » en réponse, pour signaler son rejet. Ces facteurs ont tous diminué les chances d’une trêve à long terme entre Israël et le Hamas.

Le Hamas face à une crise d’identité

La semaine dernière, une cellule du Jihad islamique a pris pour cible des soldats de Tsahal, qui ont riposté. Le PIJ, semble-t-il, en revient à ses anciens modèles de comportement, essayant à chaque instant, de déclencher l’instabilité. Pendant ce temps, le Hamas n’a pas encore décidé de son identité. Est-ce un régime politique civil? Une faction terroriste? Une force militaire? Un mouvement national? Ou une idéologie radicaliste fondamentaliste? Le Hamas continue d’essayer de dire « oui » à tout ce qui précède; cela ne fait qu’ajouter à l’instabilité de Gaza.

Le Hamas n’en a pas fait assez pour convaincre Israël qu’il est même capable de maintenir une trêve, ou qu’il n’utiliserait pas de produits entrant dans Gaza pour renforcer sa force militaire et menacer les Israéliens. Il n’est pas en mesure de garantir que les roquettes cesseront de terroriser les civils israéliens, ou que les ballons avec des grenades attachées à eux cesseront d’apparaître au-dessus des villes et des villages du sud d’Israël. Il n’a visiblement pas diminué ses tentatives d’orchestrer des escouades terroristes meurtrières de Cisjordanie.

Si le Hamas veut que l’argent international soit investi dans l’économie gravement malade de Gaza, il devra alors créer des périodes importantes de calme et de tranquillité – ce que le groupe terroriste n’a toujours pas réussi à offrir.

Israël a fait preuve de beaucoup de patience et de prudence dans ses relations avec Gaza, étant entendu que ses options vont du pire au pire.

Il est louable que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne se soit pas précipité dans la guerre comme première solution. Mais Tsahal s’y prépare néanmoins. Si l’une des futures séries d’escalades mène à la guerre, Tsahal sait que cette fois, elle devra obtenir des résultats décisifs.

Des membres du Jihad islamique courent à la périphérie de la ville de Gaza avec des roquettes artisanales avant de les tirer sur Israël (AP / Ashraf Amra)

Cela signifie frapper les positions ennemies où qu’elles se trouvent. Et toutes ces positions sont profondément ancrées dans les quartiers civils de Gaza. Si l’armée israélienne détecte un quartier général ennemi opérant au quatrième étage d’un immeuble à appartements, elle peut utiliser sa puissance de feu précise pour toucher la cible sans faire tomber l’ensemble du bâtiment.

Le chemin potentiel menant vers une escalade plus large se raccourcit avec le temps. Des rounds de combats peuvent créer deux ou trois jours d’hostilités, qui retourneront ensuite au calme ou dégénéreront en un conflit plus large.

Le Hamas et le Jihad islamique ont fabriqué des roquettes avec des ogives plus lourdes que par le passé et avec des portées plus longues. Mais Tsahal a achevé un long processus qualitatif de préparation et d’amélioration.

Il a créé de nouveaux réseaux de combat qui relient les forces terrestres, l’IAF et le renseignement militaire. Les commandants sur le terrain ont désormais accès au renseignement, aux drones et à d’autres capacités lorsqu’ils traversent le champ de bataille urbain qui n’existaient pas il y a cinq ans, et la banque de cibles de Tsahal est constamment mise à jour.

Israël ne peut pas rester indéfiniment les bras ballants et regarder les habitants de Sderot, qui n’ont que 15 secondes pour trouver un abri, vivre dans la terreur. Il ne peut pas accepter qu’Ashkelon subisse des tirs de roquettes par des escouades terroristes qui tirent depuis les cours d’école.

Si la guerre survient, l’armée israélienne devra attaquer l’ennemi là où il se trouve.

Le problème plus large, cependant, est que si une guerre peut renforcer la dissuasion israélienne, elle ne résoudra pas les conditions économiques ou humanitaires créées par des années de règne du Hamas. En fait, après une guerre future, ces problèmes ne feront qu’empirer.

Il est dans l’intérêt de la sécurité d’Israël d’augmenter la qualité de vie des Gazaouis, un fait que l’establishment israélien de la défense souligne. C’est de l’intérêt israélien de diminuer le taux de chômage de 40% à Gaza, qui atteint 65% pour la tranche d’âge entre 20 et 30 ans. Ces chiffres sont un feu clignotant rouge montrant que Gaza est au bord de la falaise.

Chaque jour, plus de 400 camions se déplacent d’Israël vers Gaza, apportant des marchandises.

Lorsque Gaza subit des coupures de courant, elle coupe l’électricité aux usines de traitement des eaux usées, et les eaux usées de Gaza se déversent ensuite sur la côte sud d’Israël. Ceci est une petite illustration de la façon dont il est impossible pour Israël de se « déconnecter » complètement des événements dans la bande de Gaza. Alors que les hôpitaux de Gaza disposent désormais d’électricité 24h / 24, d’autres problèmes continuent de s’aggraver.

Un pic du taux de chômage à Gaza

Le leader de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a également causé un réel préjudice à la situation économique de Gaza, en multipliant les coupes budgétaires afin de punir le Hamas, sle mouvement de ses rivaux acharnés. Les compressions budgétaires de l’Autorité palestinienne ont provoqué une hausse des chiffres du chômage dans la bande de Gaza.

Au cours de la dernière année, Israël a augmenté le nombre de marchands qui traversent la bande de Gaza via le poste frontière d’Erez – 355 500 passages de ce type ont eu lieu en 2019, contre 106 400 en 2018. Les exportations de Gaza, de produits tels que l’agriculture, les textiles et les meubles sont en hausse, mais ces mesures sont mineures dans le grand schéma des choses et équivalent à un pansement sur une jambe de bois (plaie béante).

Israël veut voir plus de salaires versés à Gaza parce qu’il sait que cela peut contribuer au calme. Mais une attaque terroriste lancée par un Gazaoui qui a reçu un permis d’entrée en Israël peut ruiner tous ces efforts.

Alors qu’Israël reconnaît la nécessité d’améliorer la qualité de vie des Gazaouis qui vivent sous la domination des factions terroristes qui les utilisent comme boucliers humains, il ne peut pas céder aux terroristes ou permettre que des attaques armées contre des communautés israéliennes aient lieu sans représailles. Une incapacité à répondre de manière appropriée à une agression terroriste nuirait non seulement à la dissuasion d’Israël dans son voisinage impitoyable, là où d’autres ennemis le surveillent de près, mais aurait également des effets néfastes sur la communauté internationale dans son ensemble. Entre-temps, le problème complexe de Gaza continue de s’aggraver.

israelhayom.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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Shelomo

Gaza n’est pas un pays mais un espace arabe avec tous les défauts innés à la gestion de ces dirigeants et naturellement en exergue, la corruption.
Tant que l’Egypte n’aura pas réintégré cet espace dans son pays nous aurons des problèmes de voisinage, c’est le moment de faire tout ce qui est impossible à un autre moment, pour faire aboutir cette réintégration historique.