French Sports Junior Minister Rama Yade attends the inauguration of a gymnasium in Charenton-le-Pont, eastern Paris September 22, 2010. The gymnasium bears the name of the San Antonio Spurs player Tony Parker. REUTERS/Charles Platiau (FRANCE - Tags: SPORT BASKETBALL POLITICS HEADSHOT)

Pour la journée internationale des droits des femmes

Alors que la théocratie iranienne allait célébrer son 39ième anniversaire, le monde était témoin de l’ébranlement de ses fondations à travers les manifestations de décembre et janvier dernier, rappelant à tous que ce régime avait dévoyé les idéaux de la révolution iranienne qui avait renversé l’ordre monarchique millénaire. C’était donc une nouvelle dictature, cette fois au nom de la religion, que les Iraniens ont obtenue.

Le mouvement déclenché le 28 décembre dernier était d’abord « une révolte de la faim » d’un peuple étranglé par le désastre économique et la corruption du régime. Mais, très vite, il a pris une tournure politique pour revendiquer la fin de la tyrannie, rejetant tous les clans qui ont contribué à perpétuer ce régime, les soi-disant modérés comme les conservateurs.

La répression fut brutale et on a déploré des dizaines de tués, dont douze en détention sous la torture. Plusieurs milliers de manifestants furent arrêtés. Amnesty international a alerté sur les dangers que courent « les manifestants pacifiques qui se trouvent maintenant en prison, où leurs conditions de vie sont pitoyables et la torture est un moyen commun pour obtenir des aveux et punir les dissidents. » Cinq étudiantes de l’université de Téhéran, Yasamin Mahboobi, Soha Mortezaii, Faezeh Abdipour, Leila Hosseinzadeh, Negin Arameshi, ont été incarcérées et les familles des étudiantes détenues craignent pour leur sécurité.

Alors que nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale des femmes, il est important de rappeler le combat courageux des Iraniennes qui résistent à un régime dont un trait principal est sa misogynie et son opposition à la notion d’égalité entre les hommes et les femmes.

Indiscutablement, les femmes ont joué un rôle remarquable dans ce sursaut citoyen qui a commencé à Machhad, deuxième ville du pays, et s’est répandu comme un feu de forêt à quelque 140 villes. Elles ont été nombreuses et offensives dans ces manifestations qui ont marqué une étape nouvelle dans le mouvement irréversible pour le changement en Iran. Les vidéos tournées dans les manifestations et mises en ligne par les opposants, ont mis en évidence leur leadership courageux.

A Qom ou Hamedan, elles ont été les premières à lancer le slogan de « Mort au dictateur, mort à Khamenei », alors même que l’outrage au Guide suprême des mollahs est sévèrement sanctionné. Des clips tournés à la hâte montrent des jeunes femmes braver le pouvoir dans des confrontations avec les brigades anti-émeutes à Ispahan, Arak, Kermanchah, Zanjan, Ahvaz…

Il faut dire que les Iraniennes ont de nombreuses raisons de se révolter contre le système islamiste.

D’abord, elles subissent au quotidien avec l’imposition d’un code vestimentaire strict, renforcé par une police des mœurs qui n’hésite pas à user de violences et d’humiliations.

Les militantes des droits des femmes sont nombreuses à dénoncer cette discrimination systématique: autorisation des maris pour voyager, travailler et suivre des cours à l’université, dont certains cursus leur sont par ailleurs refusés; divorce délibérément entravé par les obstacles juridiques même en cas de violences conjugales etc…

Pas surprenant que le World Economic Forum classe l’Iran en 140e position sur 144 pays en matière d’émancipation politique et économique des femmes. Ce triste constat n’est pas le fruit des traditions iraniennes mais le résultat d’un choix politique dont le but est de pérenniser un système patriarcal aux antipodes des aspirations d’émancipation d’un peuple cultivé et moderne.

Le mouvement qui s’est amorcé en Iran est un cri sorti des limbes. Si le régime obscurantiste s’acharne à réprimer la colère de la rue, il ne peut en effacer les causes. Aucun peuple ne peut être condamné à perpétuité aux ténèbres.

C’est dans ce contexte que s’est tenue en février dernier à Paris une formidable manifestation de solidarité de la part d’éminentes femmes militantes venues du monde entier en soutien aux résistances iraniennes dont l’emblématique Maryam Radjavi. Ce soutien était un signal fort à destination des Iraniennes de l’intérieur en lutte pour leurs libertés.

C’est ce combat pour la lumière que les démocrates du monde entier doivent soutenir. La France ne peut rester indifférente face à ce cri de détresse. Elle doit commencer par agir pour obtenir la libération des manifestants emprisonnés.

Rama Yade Ancienne ministre, candidate à la présidence de la république en 2017

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