Les négociations entre rebelles et forces prorégime pour mettre fin aux combats dans trois localités du nord et du centre du pays ont échoué.
Une vidéo mise en ligne hier par des militants montre une scène de dévastation à un carrefour où l’on peut voir des véhicules calcinés au milieu des gravats. Plusieurs façades d’immeubles se sont effondrées.L’armée de l’air a frappé Douma, une ville située à 13 km au nord-est de Damas et presque quotidiennement meurtrie par des raids aériens, principale arme du régime contre les insurgés.
« Le régime a frappé six fois sur un marché populaire dans le centre de Douma et quatre fois dans les environs. Il y a au moins 82 morts et plus de 250 blessés », a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
« Après la première frappe, les gens se sont rassemblés et les autres frappes ont suivi », a-t-il expliqué, précisant que de nombreux blessés se trouvaient dans un état grave. « Il s’agit d’un massacre délibéré », a affirmé M. Abdel Rahmane, précisant que la majeure partie des victimes sont des civils. « Assad commet un nouveau massacre à Douma, en visant un marché bondé », a dénoncé pour sa part la Coalition de l’opposition syrienne en exil sur Twitter.Par ailleurs, dans la province de Homs, au moins 27 combattants de l’opposition et 15 membres des forces gouvernementales ont été tués dans des combats depuis samedi autour du village de Tasnine, selon l’OSDH.
« Crimes de guerre »
Mercredi, un rapport d’Amnesty International avait accusé le gouvernement syrien de commettre des « crimes de guerre » dans cette région, parlant d’« attaques directes, aveugles et disproportionnées ».
Les frappes d’hier coïncident avec la visite du patron des affaires humanitaires de l’Onu, Stephen O’Brien, sa première en Syrie. Arrivé samedi, M. O’Brien a affirmé qu’il venait « évaluer les besoins du peuple syrien afin de lui offrir de l’aide humanitaire », selon la traduction en arabe de l’agence officielle syrienne Sana. M. O’Brien avait souligné samedi sur Twitter l’engagement des Nations unies à poursuivre leur « soutien aux efforts humanitaires en Syrie », pays qui compte au moins 7,6 millions de déplacés sur son territoire et 422 000 civils assiégés par les belligérants, selon l’Onu. Selon des déclarations rapportées par Sana, le responsable a affiché sa détermination à éviter toute politisation du dossier humanitaire en Syrie.
Sécuriser la frontière avec le Liban
Par ailleurs, les négociations entre rebelles et forces pro régime – impliquant notamment des médiateurs iraniens et le Hezbollah – pour mettre fin aux combats dans trois localités du nord et du centre du pays ont échoué samedi.
Un accord devait permettre à 50 000 civils d’évacuer Foua et Kafraya, deux villages chiites du nord-ouest aux mains du régime, en échange de la sortie de rebelles de Zabadani, dernière place forte des insurgés près de la frontière avec le Liban.
Mais après une trêve qui a tenu trois jours, les négociations se sont arrêtées, les insurgés réclamant en plus la libération de milliers de prisonniers, ce que refuse le régime. Les affrontements se poursuivaient hier, selon l’OSDH. La prise de Zabadani permettrait au régime de sécuriser le long de sa frontière avec le Liban. Pour les rebelles, le contrôle de Foua et Kafraya consacrerait leur mainmise totale sur la province d’Idleb.
Le patron des affaires humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien s’est déclaré lundi à Damas « horrifié » par les attaques contre les civils en Syrie, au lendemain de raids aériens du régime de Bachar el-Assad qui ont fait près de 100 morts.
« Je suis horrifié par l’absence totale de respect de la vie des civils dans ce conflit », a-t-il dit lors d’une conférence de presse, à l’occasion de sa première visite en Syrie. Il s’est dit « particulièrement atterré par les informations sur les frappes aériennes qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés parmi les civils, au coeur de Douma, une zone assiégée de Damas ».
Une série de frappes de l’armée de l’air du régime a visé dimanche un marché populaire sur le fief rebelle de Douma, tuant 96 personnes, en majorité des civils, l’une des attaques les plus meurtrières depuis le début de la guerre en mars 2011.
M. O’Brien, qui se trouvait dans la capitale syrienne au moment des frappes, a lancé un appel à tous les belligérants à « protéger les civils et à respecter le droit humanitaire international ».
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