Hier matin, lors des commémorations (de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande) en mémoire aux milliers de Juifs internés dans les camps nord-loirétains, on devait apprendre que le Mémorial de la Shoah (Paris) et la SNCF venaient de signer une convention déterminante.

Hier, ciel infiniment bleu. C’est lors de la seconde cérémonie de la matinée en hommage aux Juifs internés dans les camps nord-loirétains (de 1941 à 1943), celle de Beaune-la-Rolande, que Serge Klarsfeld a évoqué la concrétisation imminente d’un grand projet pour la mémoire. D’un mémorial de la Shoah, selon toute vraisemblance.

Le président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France a ainsi, en substance, expliqué qu’une convention avait été signée entre le Mémorial de la Shoah et la SNCF. Celle-ci s’engage donc à restaurer l’ancienne gare de Pithiviers, par laquelle avaient transité les Juifs déportés. Elle deviendra, à terme, un lieu de mémoire, que l’on imagine dédié aux internés des camps. Et ce, « d’ici un à deux ans, assure Serge Klarsfeld. Pas d’inquiétude, cela va se faire, j’en ai encore parlé, cette semaine, avec Guillaume Pepy ( le président de la SNCF) ». La SNCF confirme bien : « Les travaux seront engagés prochainement, afin de livrer un bâtiment adapté à un espace à vocation pédagogique. » Mais que renfermera-t-il ?

Les travaux dans l’ancienne gare seraient imminents, d’après la SNCF

« Le conseil scientifique du Mémorial de la Shoah et le Cercil (Musée mémorial d’Orléans) doivent encore définir ce qu’il y aura à l’intérieur », livre le défenseur de la cause des déportés juifs de France.

La proximité de la gare de Beaune-la-Rolande – d’où partaient aussi des convois pour le complexe concentrationnaire d’Auschwitz – sera prise en considération, lors de l’aménagement de sa voisine pithivérienne. S’il n’est pas prévu, « pour le moment », d’intervenir physiquement dessus, on n’oubliera cependant pas de l’intégrer au circuit mémoriel nord-loirétain. « Cette gare existe, on peut s’y recueillir, elle fait déjà partie du circuit de la mémoire », achève Serge Klarsfeld.

Le Chant de Pithiviers

Un peu plus tôt, c’est au square Max-Jacob de Pithiviers que des centaines de personnes se tenaient face aux stèles baignées de soleil. Et toutes avaient en tête l’anniversaire abominable, c’était il y a 75 ans, des premiers départs de convois de déportés de 1942.

Hier, entre élus, simples habitants ou élèves du lycée Jean-de-la-Taille…, parmi ces fils et filles de déportés, il y avait Ginette Kawka, venue avec ses petits-enfants. « Mon père a passé un an au camp de Pithiviers, avant sa déportation vers Auschwitz, le 25 juin 1942. Trois jours et deux nuits, sans boire ni manger, à plus de cent dans un wagon. » Son père reviendra finalement de l’enfer, pour s’éteindre à l’âge de 97 ans. « Il était chanteur, et, après, il revenait tous les ans ici interpréter Le Chant de Pithiviers », se souvient Ginette Kawka.

Un chant devenu hymne. Combien de prisonniers, de Pithiviers ou de Beaune, l’auront fredonné, avant d’entrer dans les chambres à gaz ? Avec ces ultimes mots sur les lèvres : « Notre courage n’est point brisé, la vie est merveilleuse… »

16.000

Le nombre de Juifs – dont 4.000 enfants – internés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers, entre 1941 et 1943.

Au final, 8.000 ont été déportés vers Auschwitz, via huit convois de 1.000 prisonniers, cinq partis de Pithiviers et trois de Beaune.

David Creff – La République du centre

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