La Régie autonome des transports parisiens, la RATP, et sa régie publicitaire ont retiré les affiches d’un concert du groupe vocal Les Prêtres qui doit donner prochainement un concert à l’Olympia au bénéfice des chrétiens d’Orient et de l’Œuvre d’Orient.

Les réactions ne se sont pas fait attendre à peine l’information diffusée. La première a émané du service communication d’Œuvre d’Orient (Mgr Gollnisch, le président de cet organisme étant en déplacement en Irak) qui a dénoncé une telle décision. Quant à la Chredo (Coordination des chrétiens d’Orient en danger), elle a opposé un recours immédiat en référé, exigeant que les affiches soient rétablies « dans le respect des libertés et des principes généraux de l’État français ».

Le président de la Chredo, Patrick Karam, a récusé l’argument de la RATP et de sa régie publicitaire (Métrobus, pour ne pas la citer…) selon lequel le texte de l’affiche s’inscrirait dans le contexte d’un conflit armé à l’étranger « et constituerait ainsi une atteinte au principe de neutralité du service public ». « Nous ne pouvons accepter », a-t-il affirmé, que les chrétiens d’Orient soient considérés comme étant parties au conflit actuel en Irak et en Syrie, le concert concerné participant d’un élan de solidarité avec les communautés chrétiennes de ces pays. « Surtout qu’en aucun cas les chrétiens d’Orient ne prennent part à un quelconque conflit armé et que leurs revendications ne se heurtent nullement à un principe de droit », a ajouté M. Karam, relevant que Métrobus et la SNCF « ne savent peut-être pas encore que les chrétiens de cette zone géographique sont depuis des années les victimes d’exactions graves de bandes armées en Irak et en Syrie. Ils comprennent encore moins que le concert des Prêtres à l’Olympia pour le 14 juin ne peut être assimilé à un acte de soutien politique, religieux, militaire ou ethnique à une quelconque partie au conflit actuel au Moyen-Orient ».

Me Samia Maktouf, l’avocate du Chredo, a déclaré à ce sujet qu’elle a saisi le Tribunal de grande instance de Paris selon la procédure dite « d’heure à heure ».
Une bien curieuse affaire, dont le dénouement est particulièrement attendu…

Le magazine « La Vie » se demande si la RATP ne préfèrerait pas Gleeden le site qui favorise les relations extra-conjugales, aux chrétiens d’Orient.
Depuis quelques jours, les affiches annonçant le concert du groupe Les prêtres à l’Olympia, le 14 juin prochain, tapissaient le métro parisien. Elles devaient porter la mention « Pour les chrétiens d’Orient », mais la compagnie de transport en a demandé le retrait.

Pour Mgr Jean-Michel Di Falco Léandri, évêque de Gap et d’Embrun et créateur du groupe, cette décision « incompréhensible » est la énième preuve d’une mauvaise compréhension de la laïcité.

Les affiches avaient été préparées par TF1, producteur des prêtres, pour indiquer que les recettes du concert seraient reversées à l’Oeuvre d’Orient. Mais peu après leur installation dans le métro, Mgr di Falco apprend que la RATP a demandé de retirer le logo de l’association et la référence aux chrétiens d’Orient. Aussitôt, il lance un tweet pour exprimer sa « surprise et (sa) désapprobation ». Celui-ci est retweeté plusieurs centaines de fois, la polémique enfle sur les réseaux sociaux.

L’affiche refusée par la régie publicitaire de la RATP comportant la mention « Concert pour les chrétiens d’Orient » et le logo de l’Oeuvre d’Orient.

La RATP assume

Dans un premier temps, la RATP invoque la laïcité pour justifier sa décision auprès du site l’e-media05. Cette explication suprend les observateurs dans la mesure où le principe même du concert des Prêtres, habillés comme tels sur leur affiche, ne pose pas problème à la compagnie. 

Contacté par La Vie, le service communication de la régie publicitaire de la RATP, Mediatransports, réserve dans un premier temps sa réponse affirmant être en train de « retracer la genèse de cette décision ». 

Plus de 24 heures après le début de la polémique, la RATP réagit par voie de communiqué. Plus question de laïcité, c’est maintenant la neutralité politique et confessionnelle qui est invoquée. Le groupe estime que la mention « Pour les chrétiens d’Orient » se situe « dans le contexte d’un conflit armé à l’étranger ».

La compagnie affirme reconnaître « les atteintes dont sont victimes un certain nombre de minorités dans les pays concernés » mais rappelle « le principe de neutralité du service public qui régit les règles de fonctionnement de l’affichage par Métrobus ». « La convention en vertu de laquelle Métrobus assure l’exploitation publicitaire des réseaux de la RATP prohibe toute publicité présentant un caractère politique ou confessionnel, conformément à l’obligation de neutralité du Service public. Dans ces conditions, la RATP et sa régie publicitaire ne peuvent prendre parti dans un conflit de quelque nature qu’il soit, même si elles ne sous-estiment pas l’émotion que suscite la situation dramatique des Chrétiens d’Orient », poursuit le communiqué.

Incompréhension

Après l’affaire Gleeden, dont les affiches avaient suscité la fronde d’une partie des catholiques, cette décision a choqué certains internautes, étonnés de voir la RATP faire la « promotion de l’adultère » et refuser « une campagne pour les chrétiens d’Orient ». « Je ne comprends pas, ces affiches n’étaient pas agressives, sans prosélytisme, alors que les chrétiens d’Orient sont en train de se faire massacrer dans cette région du monde », souligne l’archevêque de Gap, contacté par La Vie.

À ses yeux, le refus de la RATP de voir évoqués les chrétiens d’Orient pose une question récurrente : « Comment trouver l’équilibre entre liberté d’expression et laïcité ? » « Les chrétiens peuvent se faire insulter mais ne peuvent pas mentionner leur foi ? », s’interroge-t-il, très remonté.  

Ce refus est d’autant plus étonnant que la France s’est placée à la pointe du combat en faveur des chrétiens d’Orient. Vendredi dernier, à l’appel de Paris, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni pour se pencher sur le sort des minorités au Moyen-Orient. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est lui-même exprimé plusieurs fois sur le sujet, s’engageant à poursuivre la tradition française de protection des chrétiens dans la région.

Réaction de l’Oeuvre d’Orient

L’association chrétienne à qui étaient destinées les recettes du concert a réagi à son tour, rejettant l’argument de neutralité dans un conflit avancé par la RATP. « L’Œuvre d’Orient ne peut accepter que son action purement humanitaire au service d’une population violemment chassée de chez elle par le Daech soit considérée comme un parti pris dans un conflit au Moyen-Orient. L’Œuvre d’Orient a toujours agi pour la paix. Dans un esprit d’ouverture et de respect tel qu’il s’est exprimé en janvier dernier, nous demandons aux responsables de revoir leur position.»

Le député Joël Giraud (Parti radical de gauche) n’a d’ailleurs par tardé à réagir, en remettant un courrier au Premier ministre, au ministre de l’intérieur et à la ministre des Transports afin qu’ils demandent à la RATP de revenir sur ce refus. En 2012, la régie publicitaire de la compagnie avait déjà fait parler d’elle en refusant une campagne d’affichage contre l’islamophobie en raison du « caractère confessionnel des visuels ».

Marie Malzac

AFP

 

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