La négation de la Shoah aurait débuté au Royaume Uni, pas en France

Le Dr Joe Mulhall affirme que les sympathisants nazis britanniques ont créé un « modèle » suivi par les révisionnistes historiques antisémites d’aujourd’hui

LONDRES – Dans la sombre recherche menée par les historiens et les universitaires pour identifier les premiers exemples de négation de la Shoah d’après-guerre, le fardeau de la culpabilité est habituellement attribué aux fascistes, antisémites et personnalités d’extrême-droite de France, de Suède et des États-Unis.

Cependant, comme le défend un nouveau livre, cette approche omet le rôle central joué par les sympathisants nazis en Grande-Bretagne, à la fois pendant et juste après la Seconde Guerre mondiale, concernant l’élaboration d’un « modèle » dont s’inspirent depuis lors ceux qui cherchent à nier l’existence du plus grand crime de l’Histoire.

« La vérité, c’est que la négation de la Shoah sous sa forme traditionnelle n’a pas commencé en France ou en Amérique, comme la plupart l’ont soutenu, mais en Grande-Bretagne », déclare le Dr Joe Mulhall, auteur de l’ouvrage « Le fascisme britannique après la Shoah: De la naissance du déni aux émeutes de Notting Hill 1939-1958 ».

Mulhall, chercheur principal pour le groupe de plaidoyer anti-fasciste britannique Hope Not Hate, identifie le leader fasciste britannique Oswald Mosley comme étant un acteur central dans l’émergence de la négation de la Shoah dans l’Europe d’après-guerre.

Comme le détaille le livre, le fasciste français Maurice Bardèche, ses compatriotes Paul Rassinier et le professeur René Fabre, ainsi que le vétéran antisémite suédois Einar Åberg font partie de ceux qui ont reçu
« l’ignoble distinction d’être la première personne à nier par malveillance la véracité et le caractère unique des crimes de guerre nazis ». Contrastant avec cet état de fait, les débuts du déni de la Shoah en Grande-Bretagne sont considérés comme « un pâle reflet » de ce qui s’est propagé dans des pays comme la France, selon les mots d’un historien.

« Bien qu’il n’y ait pas de consensus solide parmi les historiens quant à savoir qui a été le premier véritable négationniste de la Shoah », écrit Mulhall, il existe un fil conducteur qui est « d’ignorer ou d’éviter de s’intéresser aux premiers négationnistes britanniques ».

Couverture du livre “British Fascism After the Holocaust” du Dr Joe Mulhall. (Autorisation)

Mulhall explique cette omission par une attitude répandue parmi certains universitaires concernant le fascisme britannique. « Un début d’explication est le fait que les Britanniques qui niaient la Shoah étaient principalement des fascistes, et le fascisme britannique est souvent considéré comme un marais opaque par les universitaires qui s’intéressent au fascisme de façon plus large », a déclaré Mulhall au Times of Israel lors d’une interview.

Cependant, estime Mulhall, cette perception du fascisme britannique a contribué à fausser l’historiographie de la négation de la Shoah. Ses recherches démontrent que dès que des preuves concrètes des atrocités nazies ont commencé à émerger durant la guerre, les principaux militants d’extrême droite britanniques n’ont pas tardé à tenter de les minimiser et de les discréditer.

En 1942, par exemple, le duc de Bedford, qui a aidé à financer le Parti populaire britannique, un parti d’extrême-droite, a publié une brochure qui rejetait les preuves en images des meurtres nazis comme étant des faux et affirmait que les informations rapportées étaient exagérées. « En ce qui concerne le fait que les Juifs subissaient une violence physique réelle, il est certain que cela s’est en effet produit à de nombreuses reprises, mais il apparaît comme tout aussi certain que l’ampleur des abus a été grandement exagérée par la propagande », a soutenu le duc.

Un an plus tard, Alexander Ratcliffe, un antisémite virulent et le fondateur de la Ligue protestante écossaise, publie « La vérité sur les juifs », qui va plus loin encore. « Les différents articles de presse sur la terrible persécution des Juifs par Hitler sont pour la plupart rédigés par des Juifs et diffusés par des Juifs. La plupart de ces informations sont l’invention de l’esprit juif », a-t-il affirmé. « L’historien prouvera immédiatement après la guerre que 95 % des histoires juives des ‘atrocités’ et les ’photographies’ de ces atrocités parues dans la presse, les magazines et les revues ne sont qu’inventions.»

Lire la suite https://fr.timesofisrael.com/la-negation-de-la-shoah-aurait-debute-au-royaume-uni-pas-en-france/?fbclid=IwAR2rFBcimTBEbYimBOdiTqr2VCElivkMi11Knsp-O2Ph_dZSpRDQEgvG6CE

À gauche : “Le fascisme britannique après l’Holocauste”, par le Dr Joe Mulhall. (Autorisation) Au centre : le négationniste David Irving. (CC-BY-SA 3.0 / Allan Warren) En haut à droite : le négationniste et ancien dirigeant du KKK David Duke. (AP / Burt Steel) En bas à droite : le fasciste britannique Oswald Mosley. (photo AP / Bead)

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