« Par respect pour les victimes et leurs familles, ne contribuez pas à la diffusion des photos des scènes de crime », a demandé aimablement la police, dès dimanche midi. Le ministère de l’Intérieur a préféré une voie beaucoup plus directe.

« Le Figaro » rapporte que la place Beauvau a demandé à Facebook, Instagram et Twitter de bloquer tout partage de la photographie macabre qui montre l’intérieur du Bataclan après la prise d’otages, mais aussi d’une vidéo de propagande de Daech.

Lutte contre la photo macabre

D’après une notice publiée sur le site de Lumen, qui relaie les demandes de suppression de contenus sur internet, la photo a été censurée pour « atteinte grave à la dignité humaine » et « atteinte au secret de l’enquête ».

Le cliché propose en effet une vue de haut de l’intérieur du Bataclan, le sol jonché de cadavres et maculé de longues trainées de sang. L’auteur de l’image demeure pour l’instant inconnu, mais elle a été publiée par de nombreux comptes Twitter, Facebook et Instagram d’internautes se revendiquant de l’extrême-droite.

Plusieurs médias étranges ont également décidé de la publier, dont un grand tabloïd britannique, en floutant les corps. D’après BuzzFeed, ce tabloïd l’a achetée 500 livres sterling (environ 713 euros) à Vantage News, une agence britannique spécialisée dans les photos de paparazzis.

Un porte-parole d’Instagram a par ailleurs affirmé au « Monde » que le cliché serait supprimé du réseau social.

Apologie du terrorisme censurée sur Twitter

Depuis février, les autorités peuvent faire censurer des tweets ou des posts Facebook sans passer par un juge. Pour cela, elles doivent envoyer une demande spécifique à chaque message.

Un travail titanesque, qui explique qu’il est encore possible de « tomber » sur cette image macabre. Surtout que certains comptes, proche de l’extrême-droite, ont tenu à diffuser l’image que « la censure » tente de bloquer. C’est le cas notamment de Michel Cataneo, conseiller municipal Front national à Marseille :

Photo (floutée) de l'intérieur du Bataclan publiée par Michel Cataneo, conseiller municipal Front national à Marseille

Toutefois, Twitter a décidé de marquer systématiquement la photo comme « contenu sensible », une mesure normalement appliquée aux images pornographiques, c’est-à-dire qu’il faut cliquer pour afficher le cliché. Il est ainsi impossible de tomber dessus lors d’une recherche.

Par ailleurs, Twitter a décidé d’ôter de ses « tendances » (les sujets les plus discutés) les mots-clés utilisés par les soutiens à Daech.

De plus, un tweet a également fait l’objet d’une demande de suppression de la part du ministère de l’Intérieur parce qu’il faisait l’apologie du terrorisme, selon une autre note publiée par Lumen.

Facebook censure une vidéo de propagande

De son côté, Facebook a censuré en France une vidéo de propagande de l’Etat islamique dans laquelle figure deux djihadistes belges. Publiée par un député italien afin de la dénoncer, la séquence n’est plus accessible en France, à la demande du ministère de l’Intérieur selon « le Figaro« , mais l’est toujours dans le reste du monde. Elle a été visionnée plus de 17 millions de fois. Il est toutefois possible de la retrouver sur d’autres comptes Facebook.

La vidéo de propagande de Daech diffusée par un député italien sur Facebook

Entre janvier et juin 2015, Facebook a bloqué au moins 295 publications à la demande des autorités françaises, selon un rapport officiel. Ce chiffre, en forte hausse, fait suite à la loi antiterroriste votée au mois de janvier qui pénalise plus durement l’apologie du terrorisme.

Sur la même période, 238 comptes ont été signalés par les autorités françaises à Twitter, et 29 messages supprimés, selon un rapport officiel.

Contactés par « l’Obs », les portes-paroles de Facebook et Twitter n’étaient dans l’immédiat pas disponibles.

Sur Facebook, il est possible de signaler des « éléments inappropriés » en cliquant sur la flèche à droite de la publication. Même chose sur Instagram. Sur Twitter, il est également possible d’envoyer un signalement de « messages inadéquats » en choisissant l’icône des trois points sur la droite.

Enfin, la plateforme Pharos permet de signaler aux autorités tous « contenus ou comportements illicites auxquels vous vous seriez retrouvés confrontés au cours de votre utilisation d’internet. »

B.M. L’OBS

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